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LES CINQ DIABLES

Léa MYSIUS - France 2022 1h35mn - avec Adèle Exarchopoulos, Sally Dramé, Swala Emati, Moustapha Mbengue, Daphné Patakia, Patrick Bouchitey... Scénario de Léa Mysius et Paul Guilhaume.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LES CINQ DIABLESVicky a le regard perçant de ses 11 ans, l’air d’en piger bien plus sur le monde qui l’entoure que ce que les adultes s’imaginent – et un caractère singulier, secret et tenace, forgé par une petite somme de choses vues et vécues, pas toujours agréables : de ces expériences qui vous façonnent une certaine conception de la vie, par exemple la certitude qu’il doit être possible d’en modifier à son gré le cours et la teneur. A condition bien sûr d’avoir, en plus de la volonté, une conscience aiguë de sa différence et foi en la puissance de ses sens. Vicky est une petite sorcière pas comme les autres. Enfant métisse en butte au racisme de cour de récréation, elle vit une relation fusionnelle avec une maman elle aussi hors du commun : ancienne reine de beauté, sportive reconvertie en maître-nageuse à la piscine municipale, Joanna s’astreint en effet rituellement à nager, sous la surveillance de sa fille, dans les eaux glacées d’un lac de montagne, frôlant les limites de sa résistance physique au froid. Cette forte complicité a permis à la mère de découvrir en retour que sa fille a développé, dans ses longues plages de solitude, au contact de la nature, un odorat d’une finesse extraordinaire. Sensibilité exacerbée que la petite Vicky cultive secrètement en prélevant et collectionnant en flacons les odeurs de son quotidien, fragrances, senteurs et autres parfums de son entourage. Porte olfactive pour pénétrer par effraction les pensées, les souvenirs et les secrets des autres…



L’air, la terre, l’eau et le feu : le très beau et très troublant film de Léa Mysius joue subtilement avec les codes du fantastique moderne mâtiné de contes et de légendes anciennes, tout en restant solidement ancré dans une réalité sociale, régionale. La petite station bien nommée "Les Cinq Diables", vallée perdue au cœur des Alpes, est hors-saison touristique un microcosme replié sur lui-même. La vie s’y écoule avec une parfaite monotonie. Dans cette petite société sans histoires, tout le monde se connaît, se jauge, s’apprécie ou s’évite – l’essentiel étant de ne pas faire de vagues ou provoquer d’avalanches. On n’est pas loin des zones grises et périurbaines qui servent de décor aux romans de Stephen King, avec un soupçon de Twin Peaks pour le climat d’étrangeté qui affleure à la surface du quotidien. De fait, les protagonistes ne sont pas tout à fait ce qu’ils semblent au premier abord, leurs liens et leurs sentiments sont plus tortueux qu’ils paraissent : les parents de la petite fille qui ont si peu d’affection l’un pour l’autre (son pompier de père, d’origine sénégalaise, est aimant mais très pris et distant), le grand-père maternel bonhomme mais pas si bienveillant que ça avec sa fille, la collègue de travail de Joanna à la piscine, défigurée, murée dans le silence et la douleur – et pour ne rien arranger, le retour de Julia, la tante paternelle de Vicky, qui s’installe chez eux en cachette du village, au risque de faire ressurgir une histoire commune que tous ou presque veulent oublier…

Les incursions « magiques » de la petite apprentie sorcière autodidacte – qui va peu à peu débusquer ce passé tumultueux, douloureux, que les adultes s’efforcent de garder secret – ont un petit air enchanteur rarement vu dans le cinéma français. Très naturellement filmées, ces séquences surnaturelles s’imposent avec douceur comme allant de soi, comme si elles n’étaient qu’une rêverie enfantine. Les Cinq diables, qui confirme après Ava le talent de Léa Mysius, doit beaucoup à ses comédiens, au premier rang desquels la jeune Sally Dramé : étonnante de charisme et de spontanéité, sans « jouer » à la sorcière, elle rend instantanément crédible, sensible, le merveilleux d’un film qui ne parle de rien d’autre que du droit au bonheur.