SÉANCES BÉBÉS
Les séances “bébé” sont des séances où les parents peuvent venir avec leur nouveaux nés. Et déguster un film pendant qu’ils roupillent dans leurs bras. Les séances sont évidemment ouvertes à tous les spectateurs, il suffit de savoir qu’il peut arriver qu’un bébé fasse du bruit en suçant son pouc...
30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de la...
À LA VIE À LA MORT
Quelle joie de se retrouver sous les étoiles hier à Berat, en Haute-Garonne!Expo, rencontre et ciné avec Nevada. Quel bonheur.Déjà 200 personnes pour les prémisses d’un nouveau lieu vivant et pluridisciplinaire co animé par les habitants. Ce sont les premières festivités de l’été d’Utopia et du ...
Écrit et réalisé par Martin McDONAGH - Irlande 2022 1h54mn VOSTF - avec Colin Farrell, Brendan Gleeson, Kerry Condon, Barry Keoghan... Festival de Venise 2022 : Prix du meilleur scénario – Prix d’interprétation masculine pour Colin Farrell.
(ATTENTION ! Cette page est une archive !)
Vous n’avez pas oublié – nous non plus ! – le formidable Three billboards, précédente réalisation de Martin McDonagh. Mais plusieurs années auparavant, Martin McDonagh avait signé un polar savoureux, sobrement intitulé In Bruges dans les pays anglo-saxons et avec moins de bonheur en France Bons baisers de Bruges, mettant en scène deux tueurs à gages irlandais envoyés dans la petite Venise du Nord. Les deux gaillards, le jeunot et le vétéran, étaient incarnés respectivement par Colin Farrell et Brendan Gleeson.
Quinze ans plus tard, Martin McDonagh a décidé de réunir à nouveau ces deux remarquables acteurs et de les plonger cette fois dans une histoire totalement irlandaise, bien que située sur l’île imaginaire d’Inisherin. Nous sommes en 1923, un an après que l’indépendance de la partie méridionale de l’Irlande a été déclarée. Une période qui est celle de la guerre civile entre ceux qui veulent se contenter de cet accord avec les Anglais et ceux, plus radicaux, qui veulent continuer le combat pour obtenir l’indépendance de l’Ulster. Depuis les impressionnantes falaises d’Inisherin, on aperçoit au loin sur le continent les combats et leurs explosions.
Mais on est loin du fracas des armes sur l’île très peu peuplée, avec ses landes battues par les vents, dont les quelques habitants vivent chichement du petit élevage et de la pêche, tout aussi modeste. L’unique point de convivialité est depuis toujours, comme dans beaucoup de villages irlandais, le pub. Padraic (Colin Farrell), un garçon aussi simple et dénué d’arrière-pensée que l’âne qui est son inséparable compagnon, ne louperait pour rien au monde son rendez-vous quotidien autour d’une pinte avec son vieux pote Colm (Brendan Gleeson). Ce jour là, quand il ne le voit pas arriver et s’installer à leur table habituelle, l’inquiétude le saisit. Il descend jusqu’à la petite chaumière à flan de falaise d’où s’échappe la fumée de la cheminée et toque. Pas de réponse. Et pourtant, à travers la fenêtre, il aperçoit Colm dans son fauteuil, sourd à ses appels. Face à son insistance, Colm finit par se manifester et assène à celui qui était son ami (du moins Padraic en était-il persuadé) : « Je crois que je ne t’aime plus. Tout ce que tu dis n’a aucun intérêt. Tu es ennuyeux, tu me fais perdre un temps qui, à mon âge, est précieux. » Mais comme un amant soudainement éconduit, Padraic va s’acharner, ne comprenant pas la raison de la décision unilatérale de Colm. Lequel, muré dans sa volonté irrévocable de rupture, va en arriver à menacer de se couper un doigt à chaque nouvelle tentative de réconciliation de la part de Padraic…
Tragi-comédie métaphysique d’une singularité réjouissante, construite sur des situations fortes autant que cocasses et des dialogues remarquablement écrits, savoureux et parfois surréalistes, Les Banshees d’Inisherin propose une assez vertigineuse réflexion sur les choix de vie : le respect des conventions face au libre-arbitre, la quête d’absolu face au compromis. Parabole peut-être de ce qui se joue sur le continent alors que les Irlandais se déchirent entre pragmatiques et indépendantistes irréductibles… Mais c’est aussi une étude d’une grande justesse sur la masculinité et sa violence. Ce que soulignent en contrepoint deux personnages formidables : Siobhan (magnifique Kerry Condon), la sœur aimante de Padraic qui, elle, étouffe dans ce hameau insulaire et aspire à développer son intelligence et sa culture loin de ce microcosme confit dans ses habitudes et ses mesquineries ; et le jeune Dominic (étonnant Barry Keoghan), considéré comme l’idiot du village mais dont la personnalité est anéantie par un père flic, sadique et violent.
Magnifié par une ample mise en scène qui met en valeur des paysages stupéfiants, porté par une troupe de comédiens tous impeccables, Les Banshees d’Inisherin est bien plus qu’une pittoresque balade irlandaise : un film riche et profond qui vous marque durablement.