UTOPIA SAINTE BERNADETTE
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SÉANCES BÉBÉS
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30237
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EARWIG

Lucile HADZIHALILOVIC - France 2022 1h54mn - avec Paul Hilton, Alex Lawther, Romane Hemelaers...
Interdit aux moins de 12 ans

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

EARWIGCertains démiurges imaginent des jambes en verre gorgées de bière comme Guy Maddin dans The sadest music of the world. D’autres artistes, comme Lucile Hadzihalilovic filme une petite fille avec des dents de glace, image magnifique qui supporte toutes les interprétations possibles. Bien sûr, cette idée est issue du roman éponyme de Brian Catling, construit sous la forme d’un rêve éveillé. Si la réalisatrice d’Innocence en garde la dimension onirique, elle a pris également des libertés par rapport au matériau original, transformant une écriture littéraire en une sorte de trip onirique et fantasmatique. La radicalité d’un dispositif aussi austère que fascinant est pourtant, au départ, au service d’une histoire assez simple.



Dans une vaste demeure aux volets constamment fermés, à l’abri d’un monde extérieur encore hanté par la Deuxième Guerre mondiale, l’énigmatique Albert s’occupe d’une fillette aux dents de glace, Mia, assignée à résidence. Albert doit rendre des comptes au téléphone à son maître qui s’enquiert du bien-être de Mia. Un jour, le Maître lui ordonne de préparer la fillette à sortir, prête à affronter l’extérieur.
Jusqu’à ce moment, le récit est ordonné, rythmé par l’emploi du temps strict dicté par le percepteur. Chaque plan, composé comme un tableau mortifère, rappelant parfois Caravage, convoque un monde pongé dans la noirceur et les ténèbres. Les personnages, figés comme des poupées de cire, évoluent dans un univers coupé du monde réel, organisé selon des rites étranges dans un décor nu, réduit à sa plus simple expression, marqué néanmoins par l’omniprésence du verre, idéal moyen de décupler ses motifs esthétiques et narratifs faisant référence à l’Alice de Lewis Caroll. Dès l’apparition d’un personnage « maléfique », qui n’est pas sans rappeler Nosferatu, Earwig brise la narration classique du début et embarque le spectateur dans un voyage sensoriel hypnotique et déstabilisant, nous incitant à lâcher prise. Le diable dérègle le temps, autant qu’il perturbe la perception des sens, mêlant passé et présent, réel et imaginaire, allant de plus en plus dans la représentation d’une forme d’horreur mélancolique.

Ce conte morbide reste attaché à l’esprit du body horror, fasciné par les corps mutilés et les étranges expériences d’un dentiste méticuleux. Par ces détails bizarres, le film, somptueusement mis en scène, rappelle le cinéma de David Lynch dont il ne reprend pas seulement la structure diégétique sous forme de ruban de Moebius, mais aussi toute une esthétique plastique, autant visuelle et sonore, laissant beaucoup de place au mystère. Une œuvre inclassable confirmant le talent d’une réalisatrice rare et précieuse.

(merci à Emmanuel Le Gagne)