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LE RETOUR DES HIRONDELLES

Écrit et réalisé par Li RUIJUN - Chine 2022 2h13 - avec Wu Renlin, Hai Qing...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LE RETOUR DES HIRONDELLESS’il fallait encore prouver que la censure imbécile d’un État totalitaire n’entame pas forcément la conscience, la curiosité et le goût artistique d’un peuple, on pourrait évoquer le destin de ce magnifique Le Retour des hirondelles, succès populaire désormais invisible dans son pays. Présenté et primé du Lion d’argent au Festival de Berlin en février 2022, le film devait être montré sur les écrans chinois dans la foulée. Mais les autorisations n’arrivent pas, perdues dans les méandres kafkaïens de l’administration, et la sortie en salle ne se concrétisera finalement que le 8 juillet. Et voilà que, malgré les obstacles, le film fait un carton inattendu : produit pour un budget riquiqui de 2 millions de yuans, il en rapporte 100 ! Insupportable pour la censure qui revient à la charge et, fin septembre, fait brutalement disparaître Le Retour des hirondelles des écrans et plateformes.
Mais qu’est ce qui a tant déplu aux zélés censeurs du sinistre Xin Jinping ? On en parlera dans quelques lignes. Mais avant cela il faut dire l’originalité et la beauté de cette histoire d’amour atypique qui est aussi le tableau saisissant d’un monde paysan en déshérence.



Nous sommes aux confins Nord de la Chine, à la frontière de la Mongolie intérieure, une région désertique, aux conditions climatiques et sociales plus que rudes. Ici comme partout dans la Chine rurale traditionnelle, une des préoccupations majeures est de marier les descendants qui ne le sont pas encore. Ma est un vieux garçon indécrottable, taiseux et dur au travail des champs, qui vit chichement des terres qu’il loue à la coopérative locale. Le village s’est soucié de son existence du fait de son groupe sanguin rare, (on dit qu’il a du sang de « panda »), le seul qui permettra de sauver le directeur de la coopérative, frappé par une infection grave. Cao est une femme légèrement handicapée, rejetée et battue dans son enfance par sa famille au point de devenir incontinente.
Vous l’avez compris, le mariage entre les deux sera rapidement arrangé par les familles, et le « jeune couple » de vieux mariés va commencer sa vie commune, sans joie ni enthousiasme manifestes… Et pourtant le miracle, que décrit merveilleusement le réalisateur, c’est que ces deux cœurs purs, réunis par le mépris plus ou moins explicite qu’ils ont subi dans le passé, vont peu à peu s’apprivoiser à coups de petites attentions touchantes. Et les moqueries qui entouraient leur union vont laisser place à une forme de respect, voire parfois de jalousie devant leur harmonie conjugale.

Mais ce que décrit aussi Lu Riujun, c’est la dureté à peine imaginable de la vie paysanne et la misère qui crucifie les populations rurales. Les travaux des champs sans cesse répétés, exécutés à la main ou avec un soc de charrue tiré par un vieil âne, donnent certes aux images la beauté d’un tableau de Millet mais le film montre les conditions de vie terribles dans des maisons de fortune prêtées et promises à la destruction dans le cadre d’un programme autoritaire de rénovation des campagnes. Si bien que Cao et Ma construisent jour et nuit, par tous les temps, leur propre maison, repoussant les propositions de relogement en appartement dans la ville proche (« mais où je mettrais mes poules ? » objecte Ma).
C’est ce réalisme sans concessions qui a déplu aux autorités chinoises, lesquelles ont décrété un plan contre la grande pauvreté qui passe par un exode rural forcé et une modernité de pacotille, souvent au service des géants manufacturiers des provinces industrielles. Ce à quoi les taiseux Cao et Ma résistent à leur niveau, donnant à voir aux Chinois une réalité que les autorités voudraient leur cacher mais dans laquelle ils se sont reconnus.