UTOPIA SAINTE BERNADETTE
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SÉANCES BÉBÉS
  Les séances “bébé” sont des séances où les parents peuvent venir avec leur nouveaux nés. Et déguster un film pendant qu’ils roupillent dans leurs bras. Les séances sont évidemment ouvertes à tous les spectateurs, il suffit de savoir qu’il peut arriver qu’un bébé fasse du bruit en suçant son pou...

30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de la...

À LA VIE À LA MORT
Quelle joie de se retrouver sous les étoiles hier à Berat, en Haute-Garonne!Expo, rencontre et ciné avec Nevada. Quel bonheur.Déjà 200 personnes pour les prémisses d’un nouveau lieu vivant et pluridisciplinaire co animé par les habitants. Ce sont les premières festivités de l’été d’Utopia et du ...

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BLUE JEAN

Écrit et réalisé par Georgia Oakley - GB 2022 1h37 VOSTF - avec Rosy McEwen, Kerrie Hayes, Lucy Halliday, Lydia Page...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

BLUE JEAN« Les enfants, qui ont besoin qu’on leur apprenne à respecter des valeurs traditionnelles, apprennent qu’ils ont un droit inaliénable à être gays ! Ainsi on les trompe, en les privant d’un bon départ dans la vie. » (Margaret Thatcher)



Sans rien en déflorer mais pour contextualiser le très, très joli film de Georgia Oakley, un petit chouïa d’Histoire relativement récente. En 1988, l’homosexualité est dépénalisée depuis à peine 20 ans en Angleterre, mais reste largement ostracisée et continue à provoquer bien des remous dans la société anglaise (en France, si elle n’est factuellement plus un crime depuis 1791, l’homosexualité est pénalement discriminée jusqu’en… 1982). Ainsi, la parution quelques années plus tôt de la traduction anglaise d’un petit bouquin danois, Jenny lives with Eric and Martin, qui vise à banaliser l’homoparentalité en la racontant simplement aux enfants, et surtout son achat par deux écoles (deux, pour toute la Grande-Bretagne !) met tout le Parti Conservateur en hyperventilation et enflamme la Chambre des Lords, la bonne société découvrant horrifiée – Oh ! My godness ! – que certains town councils (conseils municipaux, généralement plutôt de gauche) utiliseraient l’argent public pour corrompre les mœurs de la jeunesse anglaise. Ça fait écho en vous à une actualité plus récente, mêlant suspicions de « wokisme » et manifs anti-mariage pour tous ? On n’en disconvient pas, l’Histoire a une fâcheuse tendance à repasser les plats – et singulièrement les plus amers. Dans ce contexte houleux, qui voit se décomplexer dans toutes les strates de la société les manifestations d’un rejet qu’on n’appelle pas encore de l’homophobie, le Parlement anglais vote un amendement (dit « Section 28 ») qui impose aux autorités locales (les municipalités) de « ne pas promouvoir intentionnellement l’homosexualité [ni] promouvoir l’enseignement dans aucune école publique de l’acceptabilité de l’homosexualité en tant que prétendue relation familiale ». Voilà pour le texte de Loi, mais il est évident que, dans ce moment de crispation identitaire, pour les homos, les lesbiennes, les gays britanniques, la vie sociale se complique passablement. Et donc celle de Jean.

Jean, jeune divorcée, est une chic professeure d’éducation physique de lycée, comme on aimerait toutes et tous en avoir connue : compétente, attentive, elle prend visiblement beaucoup de plaisir à son métier et son autorité naturelle fait des merveilles pour souder le groupe de filles qu’elle entraîne au netball (un dérivé du basket, très populaire outre-manche) avec beaucoup de réussite. Les cours finis, Jean ne fraie pas avec les autres enseignants, malgré les invitations répétées à partager quelques pintes entre profs. Les soirées qu’elle ne passe pas seule à s’avachir dans son canapé devant un jeu télévisé matrimonial affligeant (l’équivalent du français Tournez manège), Jean prend sa voiture et change de quartier, de peau, pour retrouver Viv, son amoureuse, le plus souvent dans un bar où la petite communauté homosexuelle trinque, flirte, danse, joue au billard… Autant Viv, exubérante, libre, vit et revendique joyeusement sa sexualité au sein d’une communauté queer féminine fortement politisée (of course !), autant Jean est mal-assurée, discrète, réservée, perpétuellement inquiète de voir dévoilée sa vie privée, au risque de perdre l’estime de ses collègues et très certainement le boulot qu’elle aime. Son fragile équilibre est menacé par l’arrivée dans sa classe de Loïs, une gamine fermée, complexée, en butte à l’hostilité des autres élèves qui suspectent son homosexualité. Le combat ou la fuite ? Énoncé dans les premières minutes, tout l’enjeu du film tient dans la position qu’adoptera la professeure bousculée dans ses incertitudes.

Rosy McEwen, que la caméra ne quitte pas d’une semelle, compose une Jean frondeuse, la dégaine avantageuse, le regard clair, tout à fait solaire et enthousiasmante. Parfaitement à l’image du film !