UTOPIA SAINTE BERNADETTE
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SÉANCES BÉBÉS
  Les séances “bébé” sont des séances où les parents peuvent venir avec leur nouveaux nés. Et déguster un film pendant qu’ils roupillent dans leurs bras. Les séances sont évidemment ouvertes à tous les spectateurs, il suffit de savoir qu’il peut arriver qu’un bébé fasse du bruit en suçant son pou...

30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de la...

À LA VIE À LA MORT
Quelle joie de se retrouver sous les étoiles hier à Berat, en Haute-Garonne!Expo, rencontre et ciné avec Nevada. Quel bonheur.Déjà 200 personnes pour les prémisses d’un nouveau lieu vivant et pluridisciplinaire co animé par les habitants. Ce sont les premières festivités de l’été d’Utopia et du ...

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ALMA VIVA

Cristèle ALVES MEIRA - Portugal 2022 1h28 VOSTF - avec Lua Michel, Ana Pradao, Jacqueline Corrado, Ester Catalao...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

ALMA VIVALa première scène pose le décor. À travers une fenêtre aux carreaux dépolis, la petite Salomé, en vacances d’été, observe, fascinée, l’étrange rituel auquel se livre sa grand-mère dans la pénombre, à la lueur des bougies, au chevet d’un défunt. On le comprend vite, la grand-mère de Salomé est un peu sorcière, dans ce village que les GPS localisent avec peine, niché à flanc de montagne, hors du temps. Et au-delà de ses pratiques obscures où la magie se mêle au religieux, elle est avant tout, comme toutes les sorcières, une femme libre, puissante – et presque invincible*. Et cela réjouit sa petite fille avec qui elle s’amuse comme une folle. Cette grand-mère qui invoque gravement les esprits, puis twerke joyeusement devant un clip avec sa petite fille, n’est effectivement pas ordinaire – en tous cas n’a pas grand-chose d’une mamie portugaise traditionnelle. Sauf peut-être dans cette région escarpée du Nord Est du pays, le Tras O Montes, bien loin de l’excentricité populeuse des grandes métropoles ou régions touristiques que sont Lisbonne, Porto, ou l’Algarve. Sans doute ce qui se rapprocherait le plus, au Portugal, des villages bas-alpins à demi-désertés chers à Giono. Entre défiance et respect, à l’abri des volets mi-clos surplombant les ruelles tortueuses, ou chez les commerçants, les commentaires des villageois vont bon train. Mais l’été se passe joyeusement pour Salomé, ponctué de parties de pêche à la dynamite dans le lac – oui, dans ce coin-là on est relativement peu préoccupé de la sauvegarde du biotope. Jusqu’à ce jour – cette nuit plutôt – où la grand-mère invincible trépasse mystérieusement. Salomé en est presque sûre, sa mamie a été empoisonnée par une rivale… Peu à peu, la petite fille comprend que les pouvoirs de sa grand-mère lui ont été transmis. Alors que la famille se déchire pour (ne pas) se partager la prise en charge de l’enterrement, l’absence d’un oncle coincé aux Açores retarde l’inhumation, suscitant l’unanime réprobation des villageois. Au cœur de cet été caniculaire, peu à peu cerné par les incendies, le village, chauffé à blanc, qui attend que la famille procède enfin à l’inhumation de la sorcière, va devoir être évacué.



La beauté du film tient énormément au regard d’enfant que Salomé, merveilleusement incarnée par la propre fille de la réalisatrice, pose sur le monde des adultes. Un regard curieux, innocent, critique, toujours en éveil, propre à attraper toute l’étrangeté qui peut naître du quotidien. Le délicieux mélange entre le naturalisme scrupuleux de la première partie et le surnaturel qui s’immisce peu à peu séduit beaucoup plus qu’il ne déstabilise. Il réveille à nos oreilles la douceur inquiétante des contes de notre enfance, ces histoires enfouies dans la mémoire des terroirs, auxquelles on s’efforce, avec un rien de mélancolie, de ne pas croire.
Alma viva est un film assez miraculeux, un formidable exemple de la façon dont la vie d’un artiste peut nourrir la créativité fantastique de la fiction pour décoller du réel. Cristèle Alves Meira, la réalisatrice, fut marquée, jeune, par les disputes insensées que se livrèrent ses oncles et tantes autour de l’héritage de sa grand-mère, au point que la vieille dame resta durant deux ans sans sépulture ! Plutôt que de traiter cette anecdote familiale et ces guerres de cloche-merle dans une veine noire, ou comique (c’est un récit digne d’une farce féroce à la Scola), ou purement documentaire, elle a préféré retrouver le regard qu’enfant, elle avait pu porter sur les événements. Touché par la grâce, le film qui en résulte, écrit, joué, interprété quasiment en famille, est une petite merveille.