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ZOMBI CHILD

Écrit et réalisé par Bertrand BONELLO - France 2019 1h43mn - avec Louise Labeque, Wislanda Louimat, Mackenson Bijou, Katiana Milfort... Festival de Cannes 2019, Quinzaine des Réalisateurs.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

ZOMBI CHILDPassionné par Haïti, par la richesse et la singularité de sa culture, Bertrand Bonello s’est plongé dans la tradition vaudou et l’une de ses figures emblématiques : le zombi. On écrira donc zombi et non zombie, qui est l’orthographe américaine. Bonello revient ici à l’origine haïtienne de cette créature retirée du monde, condamnée à la mort sociale, empoisonnée, enterrée puis exhumée pour devenir, sous l’effet de la drogue et de la sujétion, un marginal sous contrôle, un esclave pour dire le mot…
Zombi child se présente ainsi comme la suture formelle d’une plaie historique. Deux récits de temporalité différente y alternent et s’y aimantent.
Ici, filmée en Haïti et rendue célèbre par l’étude de l’anthropologue Wade Davis (Le Serpent et l’arc-en-ciel), l’histoire d’un des plus célèbres zombis haïtiens. Celle de Clairvius Narcisse, zombifié par son propre frère pour une question d’héritage, et donc mort deux fois : en 1962, de mort culturelle, et en 1994, de mort naturelle. Là, recluse dans un établissement d’excellence de la région parisienne destiné à des jeunes filles issues de familles ayant mérité de la nation (la Maison d’éducation de la Légion d’Honneur à Saint-Denis), une histoire d’amour et d’amitié contemporaines au sein d’une sororité.

La partie haïtienne suit l’homme zombifié réduit en esclavage et sa libération. Elle est tout en mouvement alangui, se déplace dans le monde magique des esprits, se dispense de discours, s’expose au théâtre de la nature, où elle alterne l’explosion solaire et la sous-exposition crépusculaire de l’homme aliéné. La partie française raconte le chagrin d’amour épistolaire d’une adolescente et son histoire d’amitié avec un groupe de jeunes filles dans lequel elle a fait entrer Mélissa, qui n’est autre que la petite-fille du marabouté. On est ici et à la fois dans le huis clos de la méritocratie républicaine et dans la vivacité romantique d’un imaginaire de jeunes filles.
Deux réalités a priori très éloignées l’une de l’autre – formellement et culturellement –, que Bertrand Bonello tisse subtilement entre elles. Il y a, bien sûr, le personnage de Mélissa, mais aussi le professeur d’histoire du collège, interprété par Patrick Boucheron, qui pose la question épineuse de la conformité de la République aux valeurs qui la fondent. Il y a la férule institutionnelle qui ne possède pas moins l’esprit et le corps que le vaudou. Il y a le terme à double face (collégial et féministe) de « sororité », qui témoigne lui aussi d’une expérience de minorisation sociale. Il y a enfin Fanny, brisée par son chagrin d’amour, qui sollicite auprès de la tante de Mélissa un désenvoûtement vaudou.

Très beau film en conséquence, avec ce que peut avoir de lacunaire et de vivifiant un budget et un tournage ultra-serrés, qui s’arc-boute avec grâce au-dessus d’une brèche historique et culturelle. Monde primitif et monde civilisé. Magie et rationalité. Tragédie des opprimés et comédie des maîtres. Autant de pôles antagonistes que le cinéma – posant l’équivalence de la sensation et de la pensée – raccommode à défaut de les réconcilier, en montrant le degré d’intimité qui les fait s’appartenir plutôt que s’exclure.

(d’après J. Mandelbaum, Le Monde)