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La Toile des Lecteurs (un écrivain, essayiste, Bdiste présente son œuvre autour d'un film )
Avec la librairie Lettre et Merveilles de Pontoise
Rencontre /dédicace le MARDI 7 janvier à 20h30 à Utopia Saint-Ouen avec Caryl Ferey, à l'occasion de son dernier roman PAZ (éd. Gallimard) qui nous emmène en terre colombienne.

LES OISEAUX DE PASSAGE

(Pajaros de verano) Écrit et réalisé par Ciro GUERRA et Cristina GALLEGO - Colombie 2018 2h05mn VOSTF - avec José Acosta, Carmiña Martínez, Jhon Narváez, Natalia Reyes... Scénario de Maria Camila Arias, Jacques Toulemonde Vidal et Ciro Guerra.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LES OISEAUX DE PASSAGEDe grandes étendues dignes des plus magistraux westerns, une intrigue d’un noir d’encre, les voiles rouges des femmes qui submergent l’écran par leur beauté radieuse, les chevauchées fantastiques qui rencontrent les rites venus des tréfonds des âges… Les Oiseaux de passage ignore décidément les frontières et vole brillamment d’un genre à l’autre. Peu étonnant de la part de Ciro Guerra, dont on n'a pas oublié L’Étreinte du serpent, vénéneux, hypnotique et profond. Alors que son premier film immortalisait à travers son intrigue une tribu d’Amazonie, son nouvel opus, co-réalisé avec Cristina Gallego, nous plonge dans la culture indigène Wayauu, l’ethnie la plus répandue en Colombie. Si le récit débute par une une histoire d’amour digne de la bergère et du petit ramoneur, il bifurquera par la suite vers une histoire d’honneur à laver dans le sang, de gangs et de drogue et restera de bout en bout surprenant. Surprenante, la position des héroïnes dans ce monde de machos l’est déjà. Dans cette société matrilinéaire, non seulement les femmes ont la parole, mais elles font aussi la loi. Elles vont vite s’avérer tout aussi puissantes et voraces que leurs hommes.

Tout démarre par une cérémonie psychédélique dans une tente dressée au beau milieu d’un désert aride et capricieux. Tous les mâles défilent et paradent devant la sublime Zaida et ses danses envoutantes qui frisent la transe. Elle semble surplomber son monde, drapée dans sa fierté de jeune vierge au regard impénétrable, prête à être mariée et déflorée. Qui sera le vainqueur de cette cour arrogante ? Sans doute le plus riche, le plus offrant, le plus déterminé, celui qui semble sceller son destin d'un catégorique : « Tu seras ma femme ». Un ton qui ne tolère aucune réplique.
C’est sans compter sur la volonté de la belle ni sur celle d’un prétendant fauché comme les blés, un outsider d’un clan voisin sur lequel nul n’aurait parié : Rafa. Trop pauvre pour payer la dot, le voilà qui se lance dans le trafic de marijuana. À dos d’âne ? C’est tout ce qu’il a. Il s’attèle à sa rude tâche qu’il pense temporaire, juste le temps d’amasser la somme nécessaire pour épouser la jeune femme. Mais rapidement son activité devient florissante et ne reste pas longtemps artisanale. Fini les canassons, vive les 4x4 et les avions ! Ainsi fera-t-il sa fortune, le bonheur de Zaida, devenue sa femme, et celui de leurs deux clans. Happy end ? Ils se marièrent, eurent beaucoup d’enfants et vécurent heureux jusqu’à la fin des temps ? Ce serait une jolie bluette… Mais on se doute que narcotrafiquant est un métier un brin plus risqué que Prince charmant. Leur tranquillité ne durera pas l’éternité.
L’argent appelle l’argent, l’honneur bafoué, la vengeance. Entre l’avidité des hommes, la folie d’un jeune cousin, chien fou indomptable, l’orgueil d’une terrible belle-mère (formidablement interprétée par Carmina Martinez !), l’ambiance paisible aux fondements anthropologiques se transformera inexorablement en une vendetta aussi sanglante – mais pas plus – qu’une tragédie grecque.

À travers cette intrigue magnifiquement romanesque, c’est un pan d’histoire méconnu qui est ici mis en lumière, une épopée clanique bien réelle qui débuta pendant la bonanza marimbera (période d’exportation de cannabis aux États-Unis pendant les années 70 et 80), principalement dans le désert de la Guajira. Cette période bien précise forgera le visage de la Colombie moderne. Toute une partie du monde rural enfantera les futurs caïds des cartels à la solde de patrons toujours plus puissants, toujours plus gourmands, toujours plus violents. On comprend dès lors que les scènes les plus délirantes sont tirées d’anecdotes réelles tout aussi cocasses que glaçantes. On sort de ce film durablement impressionné par sa capacité à mélanger les genres, à rester insaisissable, par sa volonté farouche de sortir des sentiers battus et d'ignorer superbement la demi-mesure.

Caryl Ferey

En quelques romans polars emblématiques, le breton Caryl Férey, s'est imposé comme une des figures majeures du polar hexagonal.
Hexagonal est un mot galvaudé tant cet infatigable voyageur, s'est nourri de ses périples à travers le globe pour construire ses intrigues. Toujours dans des territoires marqués par une Histoire forte, des bouleversements sociaux, des conflits récents , des transformations majeures. Polars palpitants , les romans sont aussi des plongées sociologiques et politiques dans les pays qu'il parcourt : avec Haka et Utu, il a exploré la Nouvelle Zélande, avec Zulu, best seller adapté au cinéma c'est à l'Afrique du Sud post Mandela qu'il s'attaquait, avec Mapuche, au Chili et ses minorités indigènes, avec le court mais percutant Norilsk à la Sibérie confronté à la fin des idéaux communistes et à la catastrophe écologique en cours accélérée par l’appétit des industries pétrochimiques. Avec Paz, titre gentiment ironique, Caryl Férey, nous emmène dans la Colombie, prétendument pacifiée depuis l'accord de paix signé par le gouvernement avec les FARC. Et pourtant les cimetières continuent à se remplir à une vitesse anormale. Sur les pas du commissaire Lautaro, Caryl Ferey, nous fait naviguer entre ex-acteurs du conflit recyclés dans le privé, groupes armés d’extrême-gauche ou droite toujours en exercice, délinquants manipulés, narcos, capos mafieux et sicarios.