MON C.E. ROULE POUR UTOPIA

METTEZ VOTRE PUB
DANS LA GAZETTE !


NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 7,50€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limités dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Groupe ( >30p.) : 3,50€
TARIF étudiants, lycéens, collégiens, demandeurs d'emploi, bénéficiaires du RSA : 4,50€ (sur présentation d'un justificatif). PASS CAMPUS : 4 euros. Paiement CB, Chèque ou Espèces.

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

LA GAZETTE UTOPIA 326 DU 10 AVRIL AU 14 MAI 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 326 DU 10 AVRIL AU 14 MAI 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 325 du 28 FÉVRIER AU 9 AVRIL 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 325 du 28 FÉVRIER AU 9 AVRIL 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 324 du 24 JANVIER AU 27 FÉVRIER 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 324 du 24 JANVIER AU 27 FÉVRIER 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 323 DU 13 DÉCEMBRE 2023 AU 23 JANVIER 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 323 DU 13 DÉCEMBRE 2023 AU 23 JANVIER 2024...

Soutenez Utopia Palmer

THE HUNT

(la Chasse) Craig Zobel - USA 2020 1h31mn VOSTF - Avec Betty Gilpin, Ike Barinholtz, Amy Madigan, Emma Roberts, Ethan Suplee, Hilary Swank... Scénario de Nick Cuse et Damon Lindelof, scénaristes des séries épatantes The Leftovers et The Watchmen.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

THE HUNTIl y a une rare jubilation à découvrir The Hunt dans cette période flottante, où la prudence, redevenue mère de sûreté, est la vertu ultime dont chacun se pare frileusement. Prudence dans les actes, les concepts des « gestes barrières » et de la « distanciation sociale » en sont le plus bel exemple, mais prudence aussi dans l’expression, dans les mots et dans les intentions. À l’opposé, The Hunt, de l’aveu de ses scénaristes, use des codes de la satire avec la grâce et l’énergie « d’un taureau dans un magasin de porcelaine ». Mais tout pétaradant et satirique qu’il soit, le film n’en est pas mois fignolé avec sérieux par des artisans amoureux du travail bien fait. Revenant aux fondamentaux de la série B, sous financée mais redoutablement efficace et bourrée d’idées, Craig Zobel et ses scénaristes renouent gaiement avec une longue et épatante tradition de critique politique et sociale (remise au goût du jour, notamment depuis les petits bijoux horrifiques sur fond de ségrégation raciale signés Jordan Peele que sont Us et Get out).

Lors de la précédente campagne des élections américaines, Hillary Clinton avait rebaptisé la base électorale de son sinistre adversaire Donald Trump les « déplorables ». Les « déplorables », ce sont les racistes, les complotistes, une certaine idée de l’Amérique profonde, plus globalement les petites gens à qui s’oppose la classe dominante, éduquée, progressiste, qu’elle représentait. En France, dans le même temps ou presque, la compagne d’un chef d’État prétendument lui aussi « progressiste » laissait fuiter dans la presse de douteux propos sur les « sans dents » – par opposition sans doute aux possédants dont les bridges immaculés étincellent sous les projecteurs des plateaux télés. On se remémore également la condescendance malveillante avec laquelle certaines élites « éclairées » traitèrent des « gilets jaunes ». Mais va pour les « déplorables ».
Ils sont une douzaine de ces humains qui se réveillent, menottés, bâillonnés, hirsutes, hagards, au milieu d’un champ. Ils ont pour l’essentiel en commun d’être friands des théories complotistes, éventuellement mâtinées de racisme, de suprématisme blanc, de misogynie ou de créationnisme, qu’ils relaient abondamment sur les réseaux sociaux (déplorable, en effet). Cette humanité peu ragoûtante est le gibier d’une partie de chasse qui n’est pas sans rappeler celle de La Règle du jeu de Renoir (avec La ferme des animaux, une référence assumée du réalisateur), un moment de détente à l’occasion duquel une poignée de dignes représentants de la haute société « démocrate », quelques « maîtres du monde » en somme, biens sous tous rapports, joignent l’utile à l’agréable et se défoulent en débarrassant sans le moindre sentiment de culpabilité la planète de quelques-uns de ses « parasites ».

Comme le film de Bong Joon-Ho (sur un mode mineur), The Hunt distille le malaise en explorant les zones grises de l’humanité. Difficile pour le spectateur de ne pas sourire au dézinguage jubilatoire des travers insupportables de nos sociétés malades de la consommation et de la communication de masse. Et impossible de ne pas pareillement trépigner au spectacle tout aussi percutant de l’inévitable retour de bâton. Car, au milieu des proies, se trouve une petite poignée de teigneux bien décidés à ne pas se laisser docilement conduire à l’abattoir. Parmi eux, incarnée par Betty Gilpin en grande forme, une petite sœur de Snake Plissken (Carpenter) et de Black Mamba (Tarantino), guerrière badass parfaite, amène doucement le film sur les rails libertaires qui firent dire à Donald Trump qu’il était « le vrai visage d’Hollywood […] un véritable danger qui mettrait à feu et à sang l’Amérique ». Quel programme !