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LA BALLADE DE NARAYAMA

Shohei Imamura - Japon 1983 2h10mn VOSTF - Avec Ken Ogata, Sumiko Sakamoto, Takejo Aki, Tonpei Hidari, Seiji Kurasaki... PALME D’OR – CANNES 1983.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LA BALLADE DE NARAYAMAS’il reste le film le plus célèbre de Shohei Imamura (1926-2006), c’est sans doute pour avoir remporté la Palme d’or, qui a valu à son auteur, alors âgé de 57 ans, d’acquérir une stature internationale (il la confirmera avec une deuxième Palme en 1997 pour L’Anguille, ex æquo avec Le Goût de la cerise, d’Abbas Kiarostami). Reconnaissance méritée pour ce cinéaste original et frondeur, issu de la Nouvelle Vague japonaise.
La Ballade de Narayama est la seconde adaptation japonaise d’une nouvelle de Shichiro Fukazawa (1914-1987). Imamura en reprend donc la trame, située dans une petite communauté villageoise à l’extrême nord du Japon, à la fin de l’ère Edo (deuxième moitié du XIXᵉ siècle). Celle-ci tourne autour d’un personnage de grand-mère, Orin (Sumiko Sakamoto), atteignant l’âge avancé pendant lequel elle doit accomplir le rite funéraire traditionnel : gravir le mont Narayama sur les épaules de son fils aîné, pour y finir ses jours livrée aux éléments et à la divinité des lieux.

La première partie du film se penche surtout sur la vie quotidienne du village, au fil des saisons et des travaux qui les rythment. En se focalisant sur la famille d’Orin et ses relations avec le voisinage, Imamura en résume les nécessités : la survie, qui se mesure en bouches à nourrir, et la perpétuation du clan, qui régule les rapports entre les sexes.
Nécessités qui semblent justifier un enchaînement de situations scabreuses, potentiellement choquantes : nourrissons jetés aux rizières, exécution d’une famille de voleurs enterrés vivants, zoophilie et gérontophilie… Mais la beauté du film est d’exempter ces actes, apparemment révoltants, de toute considération morale, pour les restituer au sein d’un ordre naturel primitif, où les cycles de vie et de mort s’abordent frontalement, sans hypocrisie.
Le film chemine ainsi, avec trivialité et détachement, vers son apothéose : l’ascension du mont Narayama, à l’occasion d’une séquence magnifique et quasiment muette. Orin, portée par son fils Tatsuhei (le formidable Ken Ogata), s’élève vers sa propre mort, dans des hauteurs escarpées envahies d’une brume automnale et spectrale.

Imamura aurait pu dénoncer facilement la barbarie du rite, mais choisit de faire naître, en son point culminant, une émotion spécifiquement humaine : Tatsuhei éprouvant le besoin d’étreindre une dernière fois sa vieille mère, au moment de l’abandonner au milieu d’un cimetière d’ossements, cerné par les corbeaux. Le rite au summum de sa cruauté (laisser mourir un aïeul dans la nature) coïncide curieusement avec l’effusion inattendue d’un sentiment. Le seul à pousser comme une fleur sauvage sur le granit insécable de la vie primitive.

(D’après Mathieu Macheret – Le Monde)