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Mathieu Gérault - France 2020 1h36mn - avec Niels Schneider, Sofian Khammes, Denis Lavant, India Hair... Scénario de Mathieu Gérault, Noé Debré et Nicolas Silhol.
(ATTENTION ! Cette page est une archive !)
La France comme on ne l’a jamais vue : zones urbaines et jardins ouvriers, ville et campagne reculée, tout se mêle… Avec un talent rare pour les atmosphères, ce premier film nous dépayse en nous entraînant dans un pays sans repères, sur les traces de deux personnages qui ont perdu les leurs. De retour à la vie civile après avoir fait la guerre en Afghanistan, Christian et Mounir, désorientés, cherchent leur place et vivent dans des lieux vides, des no man’s land. Même leurs souvenirs héroïques les trahissent. Une opération spéciale qu’ils avaient menée pour mettre au jour des caches d’armes aurait masqué un trafic d’opium, auquel serait mêlé un de leurs camarades, désormais interné en psychiatrie…
L’univers martial de Sentinelle Sud réserve les plus émouvantes surprises. Interprétés par Niels Schneider et Sofian Khammes, deux acteurs à fleur de peau, Christian et Mounir se révèlent, sous leurs apparences de têtes brûlées, des gamins sans défense, sans famille. Placé par l’Assistance publique chez la mère de Mounir, Christian a été élevé avec lui par cette femme qui a perdu espoir en eux. Livrés à eux-mêmes, ils ont trouvé à l’armée un père de substitution, un commandant qui ne les a jamais abandonnés – campé par un Denis Lavant très inspiré. D’ailleurs il est toujours là, alors que la guerre est finie, et ils sont encore sous sa coupe, comme les enfants qu’ils sont restés. Accrochés l’un à l’autre pour s’en sortir, au risque de couler ensemble.
Cette proximité, le réalisateur en a fait la clé de sa mise en scène. Il est avec Christian et Mounir, dans ce rapport fraternel qui les unit. Esprit de corps, solidarité, affection, la caméra traduit cette force des liens, indéfectible. Elle permet de montrer sans impudeur les meurtrissures de ces jeunes hommes brisés par ce qu’ils ont vécu avant même que la guerre leur inflige de terribles troubles post-traumatiques. Mathieu Gérault ne dénonce pas l’horreur subie, mais sa caméra reste au cœur même de la souffrance, dans le désir d’entraide, qui illumine tout particulièrement les moments que Christian passe, avec son autre camarade de combat, à l’hôpital psychiatrique. Un lieu de réconfort presque familial, à travers le personnage d’une ergothérapeute qu’interprète India Hair – elle aussi parfaite.
Centré sur deux portraits poignants, cet univers révèle progressivement une étonnante ampleur. Il s’y engouffre un climat de polar sombre mais imprégné de tendresse, d’humanité. Si la guerre semble poursuivre ces personnages poussés à la délinquance armée, elle a aussi gravé en eux un goût du lointain, une envie d’ailleurs. Dans l’errance des ex-soldats, la recherche d’un chemin de vie se poursuit. Dans la violence, un besoin de paix grandit. Et, au bout d’un destin solitaire, une rencontre avec soi-même peut devenir possible. La générosité profonde et éclairante d’un cinéaste déjà très doué veille sur tous les combats de Sentinelle Sud.
(Frédéric Strauss, Télérama)