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DANS LA GAZETTE !
LA GAZETTE UTOPIA 318 DU 10 MAI AU 20 JUIN 2023
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LA GAZETTE UTOPIA 317 DU 5 AVRIL au 9 MAI 2023 (À TÉLÉCHARGER)
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LA GAZETTE UTOPIA 316 DU 22 FÉVRIER AU 4 AVRIL 2023 (À TÉLÉCHARGER)
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LA GAZETTE UTOPIA 315 DU 18 JANVIER AU 21 FÉVRIER 2023 (À TÉLÉCHARGER)
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Écrit et réalisé par Rebecca ZLOTOWSKI - France 2022 1h43mn - avec Virginie Efira, Roschdy Zem, Chiara Mastroianni, Callie Ferreira, Yamée Couture...
(ATTENTION ! Cette page est une archive !)
Rebecca Zlotowski offre à la décidément très remarquable Virginie Efira (on en a une autre preuve sur cette même gazette avec le très beau Revoir Paris) un magnifique écrin, une œuvre à sa mesure, tout en finesse, en sobriété, tout à fait casse-gueule pour qui ne flirterait pas avec l’excellence…
En attendant, son personnage, Rachel, flirte surtout avec Ali… Certes, elle n’en parle pas… Mais tous se rendent bien compte, dans son lycée professionnel, que cette professeure si engagée devient soudain flottante, rêveuse plus qu’elle ne voudrait le montrer. Les prémices d’un amour n’ont pas besoin de se dire pour être devinés. Soudain Rachel, c’est un regard qui pétille au moindre sms, à la perspective de voir arriver son cours de guitare. Les gestes maladroits, les mains qui espèrent se frôler, n’osent le faire… puis se délivrent de toutes conventions, soudain frémissantes, sensuelles, torrides. Un abandon de l’une à l’autre qui invite à la rêverie, à l’instar des prises de vue qui semblent tout droit sorties d’un songe de conte de fée. C’est la tour Eiffel qui miroite dans la nuit, les rues de Paris qui se drapent de beauté, les scénettes entraperçues dans les appartements qui nous remuent les tripes et nous rappellent que nous sommes tous concernés par cette banalité merveilleuse des prémices amoureux. Nous pourrions être Ali, nous pourrions être Rachel, nous pourrions être Leila, la fille d’Ali ou Alice, l’ex-compagne d’Ali, la mère de Leila.
Et c’est là qu’une partition difficile se joue pour Rachel… C’est là qu’est mise à l’épreuve sa faculté à ne pas être jalouse, à ne pas suspecter de tromperies, à trouver sa place non seulement dans la vie d’Ali, mais progressivement dans la vie d’une fillette de 4 ans. Sa capacité à rester légère, sans s’oublier, pour se lover au creux d’un nid créé par d’autres, ne pas le détruire tout en y apportant ses propres brindilles. Que l’exercice est périlleux, combien il serait facile de faire un faux pas irréversible ! On guette donc le cœur tremblant les risques de dérapage. Pourraient-ils venir de la chaleureuse et touchante communauté de Rachel, de sa famille ? Comment y sera accepté Ali ?
Si Rachel est parfois déchirée intérieurement, elle a l’élégance et la force de caractère de ne pas le faire peser sur les autres, ni sur Ali, ni sur Leila… Et chaque instant de reconnaissance, de bienveillance, de légitimité conquise, seront comme des petites perles de bonheur grappillées à la vie.
C’est un fort joli film né de l’absence de représentation d’une réalité, ici celle d’une femme, mais elle pourrait tout aussi bien être celle d’un homme : la réalité de toutes celles et ceux qui élèvent des enfants qui ne sont pas les leurs, la difficulté de prendre sa place dans une autre famille. La réalité du don de soi qui fait que l’on accepte le risque de devoir s’effacer un jour, la réalité des possibles lendemains qui déchantent. Car on ne s’attache pas moins à ces enfants que l’on n’a ni portés, ni vus naître, qui ont d’autres protagonistes dans leur vie, les enfants des autres que la destinée met sur notre chemin.
Sans une once de pathos, avec un véritable lyrisme qui emporte tout, Rebecca Zlotowski fait de ce personnage qui arrive en second dans la vraie vie le premier rôle de son film, son héroïne et c’est beau, rare et juste !
Oui, décidément, Les Enfants des autres fait partie de ces films salutaires, délicats, définitifs sur des expériences banales, collectives, dans lesquels nous pouvons tous nous reconnaître.