MON C.E. ROULE POUR UTOPIA

METTEZ VOTRE PUB
DANS LA GAZETTE !


NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 7,50€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limités dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Groupe ( >30p.) : 3,50€
TARIF étudiants, lycéens, collégiens, demandeurs d'emploi, bénéficiaires du RSA : 4,50€ (sur présentation d'un justificatif). PASS CAMPUS : 4 euros. Paiement CB, Chèque ou Espèces.

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

LA GAZETTE UTOPIA 326 DU 10 AVRIL AU 14 MAI 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 326 DU 10 AVRIL AU 14 MAI 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 325 du 28 FÉVRIER AU 9 AVRIL 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 325 du 28 FÉVRIER AU 9 AVRIL 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 324 du 24 JANVIER AU 27 FÉVRIER 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 324 du 24 JANVIER AU 27 FÉVRIER 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 323 DU 13 DÉCEMBRE 2023 AU 23 JANVIER 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 323 DU 13 DÉCEMBRE 2023 AU 23 JANVIER 2024...

Soutenez Utopia Palmer

LOVE LIFE

Écrit et réalisé par Koji FUKADA - Japon 2022 2h04mn VOSTF - avec Fumino Kimura, Tomorowo Taguchi, Tetta Shimada, Kento Nagayama...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LOVE LIFEKôji Fukada, l’un des plus brillants parmi la jeune génération des cinéastes japonais (Harmonium, L’Infirmière, Le Soupir des vagues…), est ici à son summum. Il nous donne un mélodrame familial qui impressionne par sa puissance formelle et narrative. Sans se lasser, sans nous lasser, Fukada explore toujours plus intensément ces liens qui nous unissent, se font, se défont, sorte de thématique obsessionnelle chez ce grand explorateur des bifurcations intimes, du dérobement des certitudes. Le titre du film, inspiré de la chanson éponyme de la chanteuse jazz et pop japonaise Akiko Yano, nous met fatalement sur la piste avec ces paroles emblématiques : « Quelle que soit la distance qui nous sépare, rien ne peut m’empêcher de t’aimer ». Love life décortique de fait combien la matière de l’amour est autant faite de proximité, d’intimité, que de distance.

À les voir ainsi dans leur petit appartement, où les témoignages de la vie de famille saturent l’espace (trophées, dessins d’enfant, photos…), Taeko et Jiro ont tout l’air d’un couple heureux. Keita, le fils que Taeko a eu d’une précédente union avec un ressortissant coréen expatrié, est aimé par Jiro comme si c’était le sien. Le petit garçon est joyeux, vif… et champion national junior du jeu d’Othello ! Seules les relations compliquées entre Taeko et ses beaux-parents viennent parfois troubler ce havre de paix. La vie continue tout de même, heureuse. Jusqu’au jour où, à l’occasion d’une fête d’anniversaire qui tourne mal, tout l’équilibre du microcosme familial vacille…
À ce revers va s’ajouter la réapparition de Park, le père biologique de Keita. Homme aussi peu fiable que tiraillé, ayant abandonné quelques années plus tôt femme et enfant, le voilà qui demande à Taeko son aide – coréen, sourd et vagabond, il a besoin d’une interprète pour régulariser sa situation auprès des administrations. Taeko, trop bonne sans doute – mais elle ne peut pas concevoir qu’on puisse être trop bon –, accepte. Park ne va pas tarder à exercer sur elle la même emprise qu’auparavant, en partie parce qu’ils partagent un moyen de communication commun – la langue des signes coréenne – qui exclut tout le monde autour d’eux. Leur intimité a beau n’être qu’émotionnelle et pas physique, le fossé entre Taeko et Jiro se creuse. Puis un triangle amoureux aux formes étranges et insondables se forme…

Love life est un grand film, qui laisse d’autant plus sans voix que le mutisme induit par Park nous apprend qu’il importe parfois d’exprimer les choses autrement que par la parole, quand la raison n’est plus capable de formuler quoique ce soit de limpide et que les sentiments perdent pied dans le monde réel. Les sublimes trouvailles de mise en scène et les expressions impassibles du visage de Taeko nous conduisent subtilement à nous concentrer sur certains détails, comme une partie inachevée d’Othello (la présence dans le récit de ce jeu, avec ses pions bicolores, noirs d’un côté, blancs de l’autre, n’est décidément pas anodine). Avec quelque chose de très ambigu et shakespearien – le registre du drame rencontre parfois celui de la comédie cinglante –, Kôji Fukada nous livre une grande histoire d’aveuglement autant que d’amour. C’est d’une richesse brute, élégante, feutrée.