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BEAU IS AFRAID

Écrit et réalisé par Ari ASTER - USA 2022 2h58mn VOSTF - avec Joaquin Phoenix, Patti Lupone, Parker Posey, Nathan Lane, Denis Ménochet...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

BEAU IS AFRAIDPeureux qui comme Ulysse a fait un long voyage, A déjoué mille pièges, s’est mangé maints horions, Et puis a préféré à Hélène, sa passion, Anticlée sa daronne, pour apaiser sa rage… (Joachim Du Balai, je crois, je cite de mémoire)

S’il n’est pas question à proprement parler d’Ulysse dans l’histoire qui va suivre, on peut raisonnablement qualifier la suite d’avanies et d’épreuves que va traverser Beau, le « héros » du film, d’odyssée. Beau Wasserman, un homme entre deux âges et deux jobs, cloitré dans le studio le plus miteux du quartier le plus mal-famé de la ville de New-York, ne sort de chez lui que pour assister à ses séances de psychanalyse. Or l’anniversaire de Mona, sa mère autant vénérée que crainte, approche. Terrifié à l’idée de la décevoir s’il manquait l’événement, Beau empoigne son courage et ses anxiolytiques pour affronter le monde extérieur, avale ces derniers d’un coup, fait fausse route, se précipite dans une supérette à la recherche d’une bouteille d’eau, mais commet dans la panique la première d’une longue série de funestes erreurs : par la porte restée entrouverte de son immeuble s’engouffre telle une Furie la horde loqueteuse qui hante sa rue le jour et ses cauchemars la nuit. Accablé et désormais sans ressources, Beau n’a pas d’autre choix que de partir à pied accomplir son devoir ; c’est le début d’un long, très long périple qui va le mener bien au-delà de ses peurs…

Ne vous y trompez pas : si les lignes qui précèdent semblent esquisser à grands traits le synopsis d’un classique road-movie, elles sont loiiiiin (avec 5 i, j’insiste) d’en résumer le ton, l’ampleur narrative, la complexité des personnages, les différents niveaux de lecture, les références littéraires multiples, et, surtout, le caractère absolument imprévisible de ses péripéties, qui font passer ses presque 3 heures de durée à la vitesse d’un numéro d’hypnose : lorsque à la fin l’illusionniste claque des doigts, vous sortez du rêve dans lequel il vous a plongé, ébahi et ravi, sans avoir vu le temps passer.
Et si notre héros-malgré-lui se rend bien d’un point A à un point B, c’est avant tout à un chemin de croix intérieur prenant tous les détours possibles que nous assistons, dessinant la carte mentale d’un territoire cerné de Terrae Incognitae, et au centre duquel trône la redoutable figure de Mona. Hic sunt dracones… Si le rapport d’amour/haine entre Beau et Mona qui forme le fil d’Ariane du film est une référence volontairement caricaturale aux théories freudiennes, il n’est qu’une partie d’un plus large puzzle ; la personnalité de Beau et surtout la manière dont Ari Aster la représente à l’écran semblent construites (ou décomposées) en un kaleidoscope d’éléments empruntés à l’univers paranoiaque de Franz Kafka, à la démesure picaresque et l’humour d’un Cervantès, aux rêves éveillés de Jorge Luis Borges, aux névroses antisociales de Charlie Kauffman, à l’esprit typiquement juif new-yorkais de Philip Roth, à l’inventivité visuelle de Michel Gondry, et bien sûr à la mythologie grecque (Mona vit à Ithaca, NY, la femme dont Beau est secrètement amoureux s’appelle Elaine, et Denis Ménochet est irrésistible en pendant moderne de Polyphème).

Œuvre totale qui ose l’ambition folle de raconter plusieurs vies en une seule, récit à tiroirs où s’entrechoquent continuellement le dérisoire et le sublime, le tragique et le grotesque, Beau is afraid réussit l’exploit d’être constamment surprenant, intriguant, hilarant, terrifiant, émouvant (et parfois tout ça en même temps !) sans jamais lasser ni perdre le spectateur ; une expérience trop rare de nos jours, et dont vous auriez bien tort de vous priver. Et si vous croisez l’autre Joachim, celui du poème, merci de ne pas me cafter.