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LA GAZETTE UTOPIA 329 DU 21 AOÛT AU 1ER OCTOBRE 2024
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FERMETURE ESTIVALE
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LA GAZETTE UTOPIA 327 DU 15 MAI AU 18 JUIN 2024
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Écrit et réalisé par Marie AMACHOUKELI - France 2023 1h24mn - avec Louise Mauroy-Panzani, Ilça Moreno Zego, Abnara Gomes Varela, Fredy Gomes Tavares, Arnaud Rebotini, Domingos Borges Almeida…...
(ATTENTION ! Cette page est une archive !)
Cléo est une petite fille de six ans à la bouille irrésistible, soulignée par des petites lunettes rondes à gros carreaux. Un chouïa miro, sans doute, mais espiègle, maline, gentiment effrontée, elle déborde d’affection pour Gloria, la nounou capverdienne qui partage l’essentiel de sa vie, du lever au coucher – son papa étant un homme très, très occupé. Il n’y a pas de maman – Cléo n’a pas eu le temps de la connaître. Tout son univers, du haut des 6 années de sa jeune existence, tient dans cet ersatz bricolé de famille, à temps partiel, partagé et néanmoins rempli d’amour, où les pères apparaissent le soir et les week-ends et où les Gloria font office de mères de substitution. Aimée, élevée, protégée par Gloria, Cléo grandit dans un doux cocon de tendresse. Ce bonheur est ébranlé le jour où Gloria reçoit un coup de fil du Cap Vert, lui annonçant la mort de sa mère à elle. Il va lui falloir repartir au plus vite au pays. On peut faire confiance aux enfants pour parfaitement comprendre les choses : pour la petite Cléo, c’est un véritable séisme. Bien sûr, elle peut raisonnablement comprendre la nécessité de la séparation. Mais bon dieu, à six ans, elle refuse net de perdre sa deuxième maman. Sans illusion sur sa capacité à changer le cours des événements, mais avec au moins le soulagement de pouvoir exprimer, à chaudes larmes, son désespoir de petite fille. Et Gloria lui fait cette promesse un rien aventureuse : elles vont se revoir, et pas plus tard que dans pas longtemps, juré. Et de fait, promesse se concrétise : les grandes vacances sont bientôt là, le père de Cléo confie sa fille à Gloria pour quelques semaines dans son ile volcanique.
En plaçant délibérément sa caméra du côté de la petite fille, la réalisatrice ressuscite un flot d’émotions parfois contradictoires, nées à la fois des sentiments qui lient l’enfant à l’adulte, mais aussi de la découverte de la vie propre de Gloria, hors du cocon familial : Gloria et son pays, Gloria et la pauvreté, Gloria et ses projets – et, surtout, Gloria et ses « vrais » enfants, orphelins en quelque sorte de la tendresse que leur mère n’a pas pu leur donner et que Cléo, elle, a abondamment reçu. Tout en finesse, sans jamais se faire lourdement démonstratif, le film décrit la magnifique relation entre Gloria et Cléo, pétrie de douceur et de sensibilité, et en filigrane le quotidien de ces femmes, de ces mères, émigrées, et leur rapport compliqué avec des familles et des communautés qu’elles contribuent à faire vivre mais que l’éloignement rend étrangement étrangères.
Loin des clichés de carte postale, le séjour chez Gloria de la petite Cléo, qui découvre tout à la fois le pays, le passé et les enfants de « sa » nounou, cristallise ces problématiques et annonce avec douceur la nécessaire rupture, la séparation inéluctable d’avec l’enfant. Gloria doit reconstruire sa vie mise entre parenthèses et Cléo faire l’apprentissage de la sienne. Le duo est porté par deux interprètes incroyables : la petite Louise Mauroy-Panzani, sidérante de naturel, est Cléo – et Ilça Moreno Zego incarne en Gloria une femme impressionnante de force tranquille. Marie Amachoukeli enrichit son film, pas tire-larme pour un sou, de très belles séquences animées par Pierre-Emmanuel Lyet et les (formidables) studios Miyu, qui prennent en charge avec douceur et poésie tout le mélodrame qui, à hauteur d’enfant, serait inutilement chargé et inconvenant. Marie Amachoukeli, qui était (avec Claire Burger et Samuel Théis) une des trois réalisatrices de Party girl, signe, seule cette fois, une œuvre splendide et subtilement bouleversante.