MON C.E. ROULE POUR UTOPIA

METTEZ VOTRE PUB
DANS LA GAZETTE !


NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 7,50€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limités dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Groupe ( >30p.) : 3,50€
TARIF étudiants, lycéens, collégiens, demandeurs d'emploi, bénéficiaires du RSA : 4,50€ (sur présentation d'un justificatif). PASS CAMPUS : 4 euros. Paiement CB, Chèque ou Espèces.

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

LA GAZETTE UTOPIA 322 DU 1ER NOVEMBRE AU 12 DÉCEMBRE 2023
   ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 322 DU 1ER NOVEMBRE AU 12 DÉCEMBRE 2023...

LA GAZETTE UTOPIA 321 DU 27 SEPTEMBRE AU 31 OCTOBRE 2023
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 321 DU 27 SEPTEMBRE AU 31 OCTOBRE 2023...

LA GAZETTE UTOPIA 320 DU 16 AOUT AU 26 SEPTEMBRE 2023 (À TÉLÉCHARGER)
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 320 DU 16 AOUT AU 26 SEPTEMBRE 2023 (À TÉLÉCHARGER)...

LA GAZETTE UTOPIA 319 DU 21 JUIN AU 25 JUILLET 2023 (À TÉLÉCHARGER)
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 319 DU 21 JUIN AU 25 JUILLET 2023 (À TÉLÉCHARGER)...

Soutenez Utopia Palmer

NOTRE CORPS

Claire SIMON - documentaire France 2023 2h48mn -

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

NOTRE CORPSCe nouveau film documentaire de Claire Simon est sans doute son chef-d’œuvre. Il se dévore de bout en bout, sans qu’aucune seconde ne soit de trop, malgré la durée affichée. Il fallait bien chaque minute de ces presque trois heures pour filmer cette immersion surprenante, émouvante, dans notre corps, le leur, le mien, le vôtre, le seul que nous ayons, qui nous accompagne jusqu’au bout, que nous le maltraitions, que nous l’aimions, le détestions… À moins d’être un pur esprit, ce corps est aussi celui dont nous sommes toutes et tous issus, celui d’une femme, que nous revendiquions d’avoir un genre ou de n’en avoir pas. Ce sublime Notre corps transcende les appartenances, il s’adresse à toutes les intelligences. Combien il serait inepte de le réduire à un film de gonzesse pour les gonzesses ! Sa portée universelle subjugue, transporte dans les secrets dessous de notre société. Il est une fresque instantanée d’un temps, de notre époque, il nous donne à voir, en toute grâce, en tout respect, son intimité, les moments charnières d’une vie. Il parvient en quelques plans judicieux, cadrés au cordeau, à capter tant de petites musiques intérieures, de désirs, de joies, de souffrances… On a beau croire savoir, on a beau penser connaitre, Claire Simon nous donne à ressentir, s’adressant autant à nos chairs, à notre âme profonde qu’à nos neurones. À sa façon, elle réinvente l’art du documentaire grâce à une construction savamment orchestrée, malicieuse, jamais dénuée de tendresse, ni d’une forme de recul emprunt de gravité légère. Au lieu de réduire son sujet à une poignée de nos semblables pour nous pousser à nous identifier à eux, suivre leur épopée jusqu’à son dénouement, elle nous entraîne dans un tourbillon de vies, de singularités, d’histoires et parvient à nous rendre attachante et familière cette multitude. Ce qui pourrait paraître foutraque donne un résultat tenu en permanence, depuis les premières images jusqu’aux dernières, par un fil conducteur invisible, mais bien présent, qui ne nous perd jamais en route, nous secoue et puis nous berce, affrontant les doutes, la crudité de l’existence, ses merveilleux moments de joie, de réconfort.

C’est qu’elle vise au plus juste, partant de la matrice, de ces 120 battements du cœur d’une autre qui nous couve longtemps puis nous propulse vers notre première gorgée d’air neuf. Élans de vie qui explosent parfois en plein vol, ce dont l’hôpital est souvent le décor. C’est là que Claire Simon plante sa caméra et donne à voir juste ce qu’il faut. Elle joue avec notre faim de savoir, nous appâte tout en se gardant d’alimenter une curiosité voyeuriste malsaine. C’est une humanité d’une beauté et d’une fragilité inouïes qui nous est montrée. Autant celle qu’il faut réparer que celle des soignant·e·s qui font comme ils peuvent avec leurs émotions, composent avec ce qu’ils sont, recueillent la parole qui leur est confiée, tâchent d’entendre au-delà des mots et des maux, qui une jeune fille qui ne veut pas du petit être qui pousse en elle, qui un homme qui ne veut plus du corps que lui a attribué la nature, qui ce couple qui n’arrive pas à procréer, qui ce corps qui souffre mais se raccroche à l’espoir… Il y a ceux qui écoutent, ceux qui sont écoutés, ceux qui ont pour rôle d’annoncer le meilleur comme le pire ; ceux qui filment, ceux qui sont filmés. Mais on comprendra en fin de compte que ces rôles ne sont pas figés. Les étranges jeux du sort font parfois basculer de l’un à l’autre.

Sans avoir l’air d’y toucher, sans grand discours, Notre corps est un percutant pamphlet, profondément politique au sens noble du terme, qui donne envie de se battre pour conserver un système de santé bienveillant, riche de moyens, sujet qui nous concerne tous au-delà de nos différences, au travers de nos ressemblances qui nous rassemblent, nous rassembleront toujours.