LA GAZETTE
(à télécharger au format PDF)

NOUS APPELER

NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 8€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limitées dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Première séance à 4,5€

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

Les vidéos du Toulouse Hacker Space Factory (THSF) à revoir sur TV Bruits
Le Toulouse Hacker Space Factory (THSF) explore depuis 2010 les espaces de dérivation de l’emprise des technologies sur nos vies, en particulier celles en mutation du monde numériques et cybernétique. Les vidéos des interventions sont disponibles sur le site de TV Bruits https://tvbruits.org/spi...

FMR a fêté ses 40 ans à Borderouge
Le temps passe et FMR a 40 ans déjà. La radio toulousaine avait fêté cela au Bikini le 27 novembre 2021 avec une grande soirée de concerts. Le Bikini et FMR s’est aussi une belle et tumultueuse histoire que nous racontent Hervé Sansonetto et Pierre Rogalle dans un documentaire réalisé par TV Bru...

30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Install-party samedi 18 juin à Tournefeuille
Vous voulez déconfiner durablement vos ordinateurs ? Envie de découvrir une informatique libre, éthique et accessible ? Vous vous sentez une affection naissante pour les gnous et les pinguins ? L’association Toulibre vous propose de venir découvrir les Logiciels Libres, et comme le premier pas v...

Soutenez Utopia Palmer

SOUS LE CIEL D'ALICE

Chloé MAZLO - Liban / France 2020 1h30mn - avec Alba Rohrwacher, Wajdi Mouawad, Isabelle Zighondi, Mariah Tannoury, Jade Breidi... Scénario de Chloé Mazlo et Yacine Badday.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

SOUS LE CIEL D'ALICE« Nous sommes comme les noix, nous devons être brisés pour être découverts. » Gibran Khalil Gibran
« Ça fait un peu mal de rêver toujours. Ça rend fou, mais ce qu’il y a de plus douloureux dans le rêve, c’est qu’il n’existe pas. » Wajdi Mouawad

C’est un merveilleux rêve éveillé auquel nous convie la réalisatrice Chloé Mazlo pour un premier film d’une merveilleuse délicatesse poétique. Le rêve d’un paradis perdu qui n’existe que dans le souvenir de celles et ceux qui l’ont connu et qui disparaîtront bientôt. Il faut dire que les aïeux de Chloé Mazlo viennent d’un pays qui fut symbole d’harmonie sur terre et qui a synthétisé tous les contrastes et toutes les contradictions : le Liban fut dans l’entre deux guerres un protectorat français que toutes celles et tous ceux qui l’ont connu rattachaient à une idée du bonheur parfait, et cela perdura après l’indépendance, jusqu’au milieu des années 1970. Mais depuis un demi siècle, le pays est tombé du côté du pire : des guerres civiles successives terribles et fratricides – incompréhensibles aux yeux de beaucoup – qui ont endeuillé la plupart des familles, et en corollaire une gabegie dont l’acmé fut l’explosion du port de Beyrouth, due à une succession d’invraisemblables négligences, conséquence de la corruption généralisée. Une histoire libanaise dit que Dieu aurait créé le paradis au Liban avant de réaliser qu’il préférait le récupérer pour l’au-delà…

Chloé Mazlo n’a pas 40 ans. Elle n’a donc pas connu ce monde béni d’avant mais a construit tout son imaginaire à partir des récits de ses parents et grands-parents. Elle s’est donc inspirée de sa propre histoire familiale, et spécialement celle de sa grand mère, pour raconter le destin d’Alice, jeune Suissesse qui fuit le carcan familial et la claustrophobie des montagnes pour chercher l’aventure au soleil du Liban, pays exubérant dans les années 1960. Où elle trouve rapidement l’amour avec Joseph, un astrophysicien un peu lunaire qui rêve d’envoyer le premier Libanais dans l’espace – un rêve spatial bien réel qui a d’ailleurs inspiré à Joana Hadjithomas et Khalil Joreigne leur documentaire Lebanese Rocket Society –. Chloé Mazlo, plasticienne par ailleurs, recrée ce Liban fantasmé des années 1960 non pas avec les moyens d’une reconstitution classique, mais avec des artifices infiniment poétiques que n’aurait pas reniés Méliès : panneaux peints pour décrire la truculence des rues de la capitale levantine, séquences d’animation pour évoquer la Suisse qu’Alice a quittée… C’est formidablement réussi ! Et même quand le film revient aux prise de vues bien réelles, elle choisit une pellicule à gros grains qui donne aux images un côté délicieusement suranné.
Pour incarner Alice, la réalisatrice a choisi la diaphane Alba Rohrwacher, actrice italienne désormais unanimement reconnue, elle même d’origine allemande, qui s’est sentie en phase avec cette Suissesse tombée en amour pour le Liban. Pour le rôle de Joseph, elle a convaincu le grand dramaturge Wajdi Mouawad d’accepter de faire l’acteur. Il est parfait lui aussi.

Et quand la guerre arrive, brisant peu à peu le bonheur et l’équilibre familiaux, Chloé Mazlo ne se départit pas de son style anti-naturaliste pour en traduire l’absurdité baroque en même temps que la violence terrible : il faut voir ces miliciens d’opérette qu’on croirait sorti d’un tableau grotesque ! Mais aussi ridicules soient-ils, ils vont peu à peu détruire le Liban, affectant avant tout, comme l’explique bien Wajdi Mouawad dans un entretien, ceux qui ne voulaient en rien participer à cette guerre et cherchaient simplement, courageusement, jusqu’à leurs dernières forces, à préserver la vie qu’ils avaient construite. Pour qu’au final, malheureusement, dramatiquement, leur pays ne soit plus qu’un « Pays rêvé » pour reprendre le titre d’un très beau documentaire de Jihane Chouaib dans lequel intervenait Wajdi Mouawad.