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CHERS CAMARADES !

Andrey KONCHALOVSKY - Russie 2020 2h01mn VOSTF - avec Yuliya Vysotskaya, Vladislav Komarov, Andrey Gusev, Yuliya Burova... Scénario d’Andrey Konchalovsky et Elena Kiseleva. Prix spécial du jury, Festival de Venise 2020.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

CHERS CAMARADES !« L’homme qui a eu le moins de chance dans sa vie, c’est Youri Gagarine : il est parti d’URSS, il a fait dix-sept fois le tour de la terre… et il est retombé en URSS ! » Coluche
Voici une nouvelle preuve du talent protéiforme et de la flamme créatrice toujours vivace du cinéaste russe désormais octogénaire Andrey Konchalovsky. On l’a quitté il y a quelques semaines avec sa passionnante biographie de Michel-Ange et le voici qui revient déjà avec ce Chers camarades !, film historique totalement différent mais tout aussi remarquable.

La première séquence, dans un noir et blanc classieux et dans un cadre 4/3, rappelle le cinéma soviétique classique. Nous sommes immédiatement dans l’ambiance et dans l’époque : juin 1962, pendant l’ère Khrouchtchev, quelques années après la disparition de celui qui se faisait appeler le « petit père des peuples », que des millions de Soviétiques adulaient et qui fut – en même temps, comme dirait l’autre – à l’origine de la disparition brutale ou de la déportation de quelques millions d’autres. Dans cette première séquence donc, on découvre dans la lumière de l’été un couple d’amants qui s’éveillent. Avant de se séparer, l’homme et la femme se disputent sur la situation actuelle : le prix des denrées essentielles vient d’augmenter, la pénurie guette, le peuple est en colère. Elle, Lioudmila, est furieuse et nostalgique de Staline, lui, Viktor, est fidèle aux décisions du Comité Central.

On comprend qu’elle est une des responsables du comité municipal de Novocherkassk, au sud de la Russie, à l’actuelle frontière de l’Ukraine. Puis, alors que la colère monte un peu partout dans la ville, la nouvelle tombe, comme une enclume sur la tête d’un personnage de dessin animé : l’usine ferroviaire, une des entreprises les plus importantes de la ville, s’est mise en grève et bloque tout le trafic. Pour les tenants régionaux du parti, la chose semble inconcevable : le pouvoir ne veut que le bien du peuple, c’est une évidence incontestable, donc si le peuple se rebelle, c’est forcément parce qu’il est manipulé par « l’étranger »…

Andrei Konchalovsky s’est inspiré d’un événement bien réel mais peu connu : en 1962, le régime soviétique a réprimé dans le sang une grève des ouvriers dans une petite ville du Sud de la Russie. Bilan de ce qui fut un massacre : 26 morts et 87 blessés. Un événement longtemps passé sous silence, aussi bien dans l’histoire officielle soviétique que dans les médias occidentaux, parce qu’il mettait à mal la nouvelle croyance qui voulait que toutes les horreurs de l’URSS aient disparu avec la mort de Staline. L’intelligence dramatique du cinéaste est d’aborder ces événements tragiques à travers les yeux de Lioudmila, stalinienne convaincue mais mère d’une jeune gréviste très engagée, qui va donc être confrontée au sein de sa propre famille – témoin ou victime de la répression – à la remise en question de ses idéaux et de ses fidélités politiques. Avec moult questions : jusqu’où peut-on aller par aveuglement idéologique dans le renoncement à sa propre humanité et à la solidarité avec son prochain ? Jusqu’à quel point la peur et le formatage des consciences peuvent-elles soumettre un peuple ? Toutes ces interrogations sont brillamment déclinées à travers la duplicité des uns, le courage de quelques autres, dans une vision profondément libre, voire libertaire. Toute cette richesse thématique est mise en scène avec un brio qui a permis à Konchalovsky d’obtenir un prix bien mérité à la Mostra de Venise 2020.