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PASSION SIMPLE

Écrit et réalisé par Danielle ARBID - France 2020 1h39mn - avec Laetitia Dosch, Sergei Polunin, Lou Teymour-Thion, Caroline Ducet, Grégoire Colin... D’après le récit d’Annie Ernaux.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

PASSION SIMPLE« A partir du mois de septembre de l’année dernière, je n’ai rien fait d’autre qu’attendre un homme, qu’il me téléphone, qu’il vienne chez moi. Tout de lui m’a été précieux, ses yeux, sa bouche, son sexe, ses souvenirs d’enfant, sa voix… » Annie Ernaux

Cette phrase sobre et implacable résume parfaitement l’œuvre d’Annie Ernaux, et ce film de Danielle Arbid qui en est l’adaptation. Pas de suspens, pas d’enjeux, pas de rebondissements ou de fausses pistes, tout est su et la force de l’écriture est bien là : les mots ne racontent pas tant les courbes de l’histoire que la manière dont elle est vécue par sa protagoniste principale.
Hélène est divorcée, professeure de Lettres à l’Université, elle peine à terminer une thèse…
Comment se rencontrent-ils, comment se séduisent-ils, comment vont-ils se rapprocher pour la première fois ? On ne le saura pas. Aucun intérêt. Seul le résultat fait sens : une passion simple, simple parce que vue et vécue par le seule prisme du regard d’Hélène, une femme, une narratrice, une maîtresse.

Passion simple est avant tout le récit d’une attente, de tous les moments d’attente d’une femme amoureuse qui va suspendre sa vie aux seules visites de son amant. Entre chaque rendez-vous, entre chaque étreinte, l’existence d’Hélène se met entre parenthèses, comme en apnée, sourde aux tumultes du monde environnant, fut-il habité par les êtres qui lui sont chers et essentiels : son fils, sa meilleure amie, ses étudiants.
Ce sont donc dans ces scènes d’attente, quand Hélène n’est pas avec son bel amant, que le film est le plus fort, qu’il se rapproche au plus près de l’écriture si particulière d’Annie Ernaux. Les corps qui se mélangent, les caresses, les étreintes, cette relation charnelle tantôt rude, parfois tendre qui s’invente, elle ne semble pouvoir exister que parce qu’elle a été espérée, désirée, fantasmée par l’esprit d’Hélène. L’attente comme préliminaire, l’attente comme doux supplice. Car Hélène, sans crainte ni culpabilité aucune, s’enfonce peu à peu dans une relation dont elle sait bien – elle est d’une intelligence et d’une lucidité irradiantes – qu’elle la consume doucement, délicieusement, lui faisant perdre le fil de la réalité, de son quotidien, des banalités ordinaires qui font une vie et qui font aussi la sienne.
Elle n’en éprouve ni gêne, ni remords… Cette passion la rend étonnement vivante à elle-même et aux autres, comme si l’air qu’elle respirait, volé à travers le souffle court de son amant glissé au creux de son cou, était plus pur, plus puissant.

La matière de ce film tient dans son titre… et il faut en accepter les codes qui ne sont pas ceux habituellement utilisés au cinéma pour ce genre de récit. C’est l’attente d’Hélène qui fixe le tempo et non pas de possibles enjeux narratifs (comme : l’homme marié va-t-il tout quitter pour sa maitresse ? Ou : la maîtresse va-t-elle sombrer dans la folie de la jalousie ?). L’enjeu, captivant pour le spectateur, est alors de savoir comment le film va harmonieusement s’articuler autour des mots du livre pour incarner cette passion. Et c’est grâce à la voix de Laetitia Dosch, formidable comédienne qui livre ici une interprétation libre et audacieuse, que le récit d’Annie Ernaux va prendre corps.
Il faut également saluer la performance de Sergei Polunin, danseur étoile de son état : sa grâce animale, sa présence à l’écran, son aura de bad boy tatoué venu de l’Est font de lui un amant presque déconnecté de toute réalité, incarnation idéalisée de l’être passionnément aimé, quel qu’il soit, quoiqu’il aime ou fasse, d’où qu’il vienne…