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Install-party samedi 18 juin à Tournefeuille
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LAS NIÑAS

Écrit et réalisé par Pilar PALOMERO - Espagne 2020 1h37mn VOSTF - avec Andrea Fandos, Natalia de Molina, Zoé Arnao, Julia Sierra... Récompensé par 4 Goya 2021 (les César espagnols), dont meilleur film et meilleur scénario.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LAS NIÑASC’est toute la fragrance d’une époque qui nous parvient dans ce fort joli premier film, tourné à hauteur d’adolescente. Les seins commencent à pointer malgré les studieux uniformes censés gommer les formes, les différences sociales, la puberté naissante. Dans les douches collectives, on observe les ventres, les cuisses des autres, on compare les pilosités. Viendra le temps du premier baiser, de la première bouffée de cigarette, maladroits l’un comme l’autre. En attendant les filles (las niñas) de l’époque semblent bien dociles sous la houlette des nonnes qui ne leur cèdent rien, bien décidées à en faire de futures servantes, que ce soit de Dieu ou d’un homme. Nous sommes en 1992 et l’heure espagnole parait avoir pris une décennie de retard par rapport à la modernité sociale qui règne dans les autres pays d’Europe. Une dizaine d’années se sont déjà écoulées après l’apparition du sida avant que le gouvernement ibérique ne lance enfin une campagne pour le port du préservatif. Et cela va faire la différence : pour la première fois, les jeunes demoiselles commencent à parler de leurs corps, du bout des lèvres. Sans doute les garçons font-ils de même, dans leur coin, mais on le verra peu, puisque les écoles catholiques n’autorisent aucune mixité. Un fossé se creuse entre la société et l’enseignement qui est professé. On imagine le maelstrom qui tournoie dans les cervelles d’une jeunesse tenaillée entre tant d’injonctions contradictoires. Dans les rues prolifèrent les affiches qui évoquent ouvertement le VIH, les maladies vénériennes, tandis que l’on continue d’apprendre aux écolières que la sexualité ne doit être qu’un outil au service de l’amour, sous entendu du mariage et de la procréation, l’une n’allant pas sans l’autre, bien évidemment !

La discrète Célia, au sourire réservé, que la caméra ne lâchera pas, ne dit pas grand chose de tout cela. Elle continue machinalement de gober les seules émissions que le petit écran propose pour sa tranche d’âge : dessins animés mièvres qui n’offrent aucun outil pour décrypter le monde. Elle aurait pu végéter comme cela longtemps, entre deux eaux, n’osant expérimenter aucune voie, sans l’arrivée dans la classe d’une nouvelle élève atypique : l’apparition de Brisa, entre deux cours soporifiques, fera l’effet d’une petite bombe dépoussiérante. Célia est d’emblée captivée, impressionnée par cette grande gigue au regard insoumis. Ses manières déparent, elles sont celles apprises dans une plus grande ville, Barcelone. Il flotte dans ses cheveux un vent de rébellion, d’indépendance contagieuse, même si, dans le fond, elle n’en sait pas beaucoup plus que ses congénères. Les sœurs la percevront d’emblée comme un danger, un fruit trop mûr prêt à en contaminer d’autres dans le panier. Une forme de rivalité jalouse se distille dans la classe, dans les bandes d’amies. Rapidement les filles oscillent entre l’envie d’intégrer Brisa et celle de la mettre au ban. En tout cas sa présence sera pour Célia une véritable respiration, l’ouverture d’une brèche initiatique dans laquelle elle va s’engouffrer et qui lui permettra de poser enfin à sa mère les questions qui lui brûlent les lèvres. Mais dans une nation si bien corsetée, certaines vérités ne peuvent être que tues et les secrets de famille risquent bien de rester enfouis sous un éternel et touchant « Je veux que tu étudies, que tu aies un diplôme, que tu sois indépendante…» qui en dit long. Chaque génération priant pour que la suivante ait accès à sort meilleur, à de véritables choix.

Si le film n’est pas autobiographique, il est néanmoins inspiré de l’enfance de la réalisatrice, quand les cahiers de religion revêtaient la même importance que ceux de français ou de mathématiques. Une absence de laïcité qui s’imprègnera dans la société d’alors, laissant des stigmates difficiles à effacer.