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Les vidéos du Toulouse Hacker Space Factory (THSF) à revoir sur TV Bruits
Le Toulouse Hacker Space Factory (THSF) explore depuis 2010 les espaces de dérivation de l’emprise des technologies sur nos vies, en particulier celles en mutation du monde numériques et cybernétique. Les vidéos des interventions sont disponibles sur le site de TV Bruits https://tvbruits.org/spi...

FMR a fêté ses 40 ans à Borderouge
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30237
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Install-party samedi 18 juin à Tournefeuille
Vous voulez déconfiner durablement vos ordinateurs ? Envie de découvrir une informatique libre, éthique et accessible ? Vous vous sentez une affection naissante pour les gnous et les pinguins ? L’association Toulibre vous propose de venir découvrir les Logiciels Libres, et comme le premier pas v...

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Rencontres au féminin

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L’ÉVÉNEMENT

Audrey DIWAN - France 2021 1h40mn - avec Anamaria Vartolomei, Kacey Mottet Klein, Luàna Bajrami, Louise Orry-Diquero, Louise Chevillotte, Pio Marmaï, Sandrine Bonnaire, Anna Mouglalis... Scénario d’Audrey Diwan, Marcia Romano et Anne Berest, d’après le récit d’Annie Ernaux. Lion d’Or, Festival de Venise 2021.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

L’ÉVÉNEMENTC’est un film engagé, essentiel, qui va crescendo. Il débute son ascension en terrain balisé, simple et enjoué, pour poursuivre sa route en zone inconnue, à tâtons vers une réalité implacable. C’est une histoire tout aussi intime que collective, ancrée dans une époque qui se fera vite oublier au profit d’une modernité manifeste. Le scénario, dans les pas du texte affûté d’Annie Ernaux, offre un récit resserré, tendu, sans effets superflus. Il nous embarque dans un univers charnel et féminin tout en ne réduisant pas son propos à une mésaventure féminine, à une affaire de femmes. Bien au contraire, il l’ouvre à une cause universelle, atemporelle, toujours furieusement d’actualité. En épousant les moindres mouvements du corps et de l’âme de son héroïne, il nous immerge sans échappatoire dans les ressentis d’une jeune femme, sa force vitale, son envie de se battre jusqu’au bout. On ne ressort pas indemne de cette plongée vertigineuse, de ce thriller intérieur sans criminel ni coupable, où la victime refuse tous les poncifs liés à son statut.

Les lois du désir sont impénétrables, elles n’ont pas d’âge, pas de limites, mais elles ont parfois des conséquences irréversibles. Que sait-elle, Anne, de tout cela ? C’est le temps des copines, le temps des copains et de l’aventure. C’est le temps des études loin des yeux des parents, de sa province natale, des yeux derrière les persiennes qui guettent et condamnent les moindres écarts. L’université s’essaie à la mixité sociale, les jeunes s’essaient à la liberté. C’est aussi l’âge où l’on apprend que tout ne se gomme pas, que les milieux sociaux laissent des marques presque indélébiles qui ne trompent pas. Ainsi, tout aussi brillante soit-elle, les origines prolétaires d’Anne n’échappent pas à qui est né les fesses dans la soie. C’est une drôle de guerre froide qui se livre là, menée par des bataillons de langues de vipères bourgeoises prêtes à injecter un venin qu’il va lui falloir affronter. Mais, l’esprit bien aiguisé, Anne n’est pas du style à lâcher une position durement acquise et à prêter le flanc aux banderilles de cette caste qui n’est, dans le fond, pas très glorieuse sous ses dehors galonnés.
Le tableau de la vie étudiante est brossé en quelques traits impressionnistes. Une soirée dansante, un dernier verre, un cours magistral, les douches collectives et sensuelles des filles, la fausse intimité d’une chambrette en rang d’oignon. Restera pudiquement dissimulé tout ce qui pourrait nous distraire du sujet : la rencontre, l’objet du désir, les ébats amoureux, le pourquoi du comment, les grands sentiments, les lendemains qui déchantent. Nulle complaisance, nulle jérémiade… rien de tout ce qu’on a vu des centaines de fois, et que l’on peut aisément deviner, ne sera montré. L’important, c’est le compte à rebours qui démarre dans le corps d’Anne, ce corps qui semble avoir fait un choix que tout son être refuse. C’est d’abord un doute qui s’immisce dans son esprit, le vampirise, s’y installe, prêt à chasser toute forme de tranquillité, à bousiller les perspectives d’avenir. C’est un premier mois qui passe, rapide comme l’éclair, puis la vérité qui se fait jour, pressante, oppressante… et ces règles qui ne viennent toujours pas ! Au fur et à mesure que la prise de conscience de la situation s’impose, grandissent stupeur et désarroi… À qui se confier ? À qui dire ? Où trouver un appui dans un monde où les rares qui voudraient l’aider ont si lourd à perdre ? Car nous sommes en 1963, 12 ans avant le grand pas en avant initié par Simone Veil, et envisager de se faire avorter, c’est agir contre la loi et affronter la violence d’une société qui condamne le désir des femmes, et le sexe en général.

À l’image de son héroïne, le scénario assume des choix radicaux, n’exploite ni la beauté d’un corps, ni le dramatique d’une situation, ne cède jamais à la facilité. Ainsi évite-t-on tous les écueils insupportables du pathos et de l’hystérie, les jugements lapidaires, les raccourcis stériles, les sourires séducteurs. Nous sommes ici au pays des battantes, de celles qui refusent de voir leur avenir injustement rétréci par des lois aveugles. Le film est porté par la présence lumineuse et magistrale d’Anna Amaria Vartolomei, par son interprétation subtile et sans fard.

Rencontres au Féminin à Tournefeuille
Les femmes qui ont fait avancer leurs propres droits sont à l’honneur au mois de novembre. Le cycle Héroïnes Oubliées fête déjà ses 4 ans, on se remémore donc la première que nous avons célébrée, Federica Montseny l’indomptable (avec film et théâtre de marionnettes) ministre espagnole de la Santé en 1936, qui comme Simone Veil en France en 1975 (avec l’avant-première du film d’Olivier Dahan) a porté la loi pour la légalisation de l’avortement en Espagne 40 ans auparavant. L’avortement, qui est aussi le sujet de l’indispensable film d’Audrey Diwan L’évènement, d’après le livre d’Annie Ernaux et Lion d’or à Venise cette année. Quant à Aude Pépin, elle dresse dans À la vie le vibrant portrait de Chantal Birman, sage-femme, militante de la liberté des femmes à disposer de leurs corps, quand Emily Atef aborde, dans L’étranger en moi, le douloureux sujet de la dépression post-partum.

On peut aussi ajouter à toutes ces héroïnes du quotidien Amina et sa fille de 15 ans Maria, enceinte dans un pays où l’avortement est condamné par la religion et la loi dans Lingui, les liens sacrés de Mahmlat-Saleh Haroun, les gamines qui tentent de s’émanciper par le hip-hop à Casablanca dans le formidable Haut et fort de Nabil Ayouch, la résistance par l’écriture dans le beau film d’animation Où est Anne Frank ! de Ari Folman, sans oublier, pour revenir en Espagne, Las niñas de Pilar Palomero, touchant chronique d’émancipation adolescente et les Madres paralelas d’Almodovar, qui entremêle maternités et Guerre d’Espagne… La boucle est bouclée !

Mercredi 24 novembre à 20h30 à Tournefeuille, la séance sera suivie d’un débat autour de l’œuvre de Annie Ernaux, animée par Adèle Cassigneul, docteure en littérature, spécialiste en culture visuelle et études sur le genre et Marine Rouch, doctorante en histoire contemporaine et histoire littéraire. En présence du Dr Anne Saint Martin, co-présidente de l’association REIVOC, Réseau pour favoriser la prise en charge de l’IVG et de la Contraception en région Occitanie Pyrénées Méditerranée. En collaboration avec la librairie Floury Frères, qui tiendra une table dès 19h30 dans le hall. En partenariat avec L'ADAD, L’Ordre de sages-femmes et Le Premier Cri. Places disponibles dès le 3 novembre au cinéma ou sur billetweb.fr.