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30237
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Install-party samedi 18 juin à Tournefeuille
Vous voulez déconfiner durablement vos ordinateurs ? Envie de découvrir une informatique libre, éthique et accessible ? Vous vous sentez une affection naissante pour les gnous et les pinguins ? L’association Toulibre vous propose de venir découvrir les Logiciels Libres, et comme le premier pas v...

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R.M.N.

Écrit et réalisé par Cristian Mungiu - Roumanie 2022 2h05mn VOSTF - avec Marin Grigore, Judith State, Macrina Bârlădeanu...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

R.M.N.R.M.N. signifie Rezonanta Magnetica Nucleara (en français I.R.M.), scanner cérébral qui tente de détecter des choses sous la surface. Ce titre éloquent pourrait entrer en résonance avec toute l’œuvre de Cristian Mungiu, l’un des plus grands cinéastes roumains (et mondiaux), chacun de ses précédents films (le dernier en date étant le formidable Baccalauréat) analysant avec précision un aspect de la société roumaine. Cette fois-ci, à travers l’observation d’une petite ville de Transylvanie, il entreprend de diagnostiquer les maux dont souffrent de plus en plus de pays au coeur même de l’Europe. Cette région, disputée autrefois entre Roumains et Hongrois, habitée par les Roms, occupée par les Saxons, par son histoire multiethnique et multiculturelle, est en perpétuelle tension, creuset de mouvements nationalistes réveillant les passions xénophobes à chaque élection.
Matthias, Rom parti travailler en Allemagne, s’enfuit après s’être battu pour avoir été traité de « sale gitan » et revient dans son village natal en Transylvanie. Il y retrouve son fils qui n’arrive plus à parler, victime d’un choc psychologique causé par quelque chose qu’il a vu dans la forêt. Il y revoit aussi son ex-petite amie qui dirige une boulangerie industrielle. Elle touche des subventions européennes pour pratiquer le dumping social, maintenir les salaires au plus bas, et les travailleurs locaux ne veulent pas travailler pour une misère. Aussi vient-elle d’embaucher des ouvriers srilankais, provoquant des tensions dans le village par cette mise en concurrence. Matthias, plus préoccupé par sa survie et celle de son fils, va se retrouver au coeur d’une crise qui mettra chacun face à ses propres lâchetés, hypocrisies vis à vis de soi-disant valeurs, chacun parlant sa propre langue, hongrois, roumain, allemand… et même français, un Français se trouvant aussi dans cette bourgade de moins en moins paisible, missionné pour compter les ours. Car la Transylvanie est aussi connue pour receler dans l’obscurité de ses forêts de nombreuses bêtes sauvages (les habitants revêtant même des peaux d’ours lors de fêtes traditionnelles).

À travers leur histoire, ce sont les tiraillements agitant toute l’Europe qui sont donnés à voir, parfaite image d’une Babel au bord du chaos (avec notamment cette scène emblématique – et extraordinaire – de 17 minutes au milieu du film, tournée en une prise, où chacun des 26 personnages parle dans sa propre langue). C’est aussi l’histoire d’une illusion, celle de pouvoir échapper aux désordres du monde seulement en se préoccupant de sa survie. Ne délaissant jamais ses personnages, leur histoire intime magnifiquement captée, le film décrit par une multitude de détails impossibles à évoquer ici la complexité d’un monde au bord du gouffre, qui est aussi le nôtre. Chaque langue, chaque personnage, chaque religion, chaque élément du récit entre en résonance avec les autres, avec le monde, avec au centre cet enfant mutique face aux ours sauvages tapis dans les profondeurs de la forêt.
Dans plusieurs pays en Europe l’extrême-droite s’allie avec la droite, accédant ainsi au pouvoir en Suède, et à l’heure où on écrit ces lignes aux portes du pouvoir en Italie. Pour lutter contre l’inflation, c’est la stratégie du chômage de masse et de la concurrence entre les travailleurs qui semble à nouveau être privilégiée pour faire accepter des baisses de salaires, ce qui ne manquera pas d’attiser toutes les xénophobies… En juin dernier, Macron, au seuil du second tour des législatives, s’en alla compter les ours en Roumanie. Il en dénombra 89 à son retour et s’empressa d’en nommer deux à la vice-présidence de l’Assemblée Nationale, estimant tous comptes faits qu’il pouvait bien « faire un bout de chemin avec eux ». À une époque périlleuse où, comme le disait Godard, la télévision des plateformes fabrique de l’oubli, Mungiu fait du grand cinéma qui nous amène à lever la tête, comprendre et faire face, collectivement.