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La Paix, éternelle Utopie ?
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LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
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Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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L’HOMME QUI A SURPRIS TOUT LE MONDE

Écrit et réalisé par Natasha MERKULOVA et Aleksey CHUPOV - Russie 2018 1h44mn VOSTF - avec Evgeniy Tsyganov, Natalya Kudryashova, Yuriy Kuznetsov, Pavel Maykov... Film découvert lors du FIFIB 2018.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

L’HOMME QUI A SURPRIS TOUT LE MONDESurprenant, le film l’est plus encore que l'homme de son titre, sans nul effet de manche superfétatoire, sans fard, contrairement à son protagoniste. Rien de clinquant, tout y est sobre, pourtant on en ressort un peu abasourdis, déroutés et plein de questionnements intro et rétro-spectifs. C’est qu’il pénètre profondément dans les strates d’une société conservatrice rétrograde et de ses incohérences.
Les étendues sibériennes, à perte de vue, ne laissent guère envisager le sentiment d’enfermement que l’on peut ressentir à l’intérieur des communautés qu’elles abritent dans la lumière pauvre de l’hiver. C’est qu’ici, dans ce climat rude, on peut difficilement survivre sans les autres. Pourtant les gens du coin ne sont guère tendres. C’est un monde de chasseurs, de bûcherons, d’anciens exilés et criminels à la gâchette rapide, du moins on l’imagine. Ils ont le geste rugueux au travail comme en amitié, la descente rapide question Vodka quand il s’agit de se réchauffer ou de montrer qu’on n'a pas froid aux yeux. Egor Korshunov, dans cette peinture naturaliste, ne dépare pas. Il suffit de le voir mettre une poignée de braconniers en déroute, seul dans l’immense forêt, pour constater qu’on n’a pas affaire à un couard. Sur lui on peut compter, solide comme un roc immuable. Mais ne croyez pas qu’il soit bourrin, loin de là. Ce beau gosse bien charpenté est tout à fait tendre et attentif aux siens, dans l’intimité de son foyer. Bon père pour son fiston, bon époux. Le ventre de sa femme, Natalia, qui se gonfle un peu plus chaque jour, présage de nouvelles années de bonheur simple. Elle est si jolie, si douce sous ses mèches rousses, Natalia, quand elle le bécote, l’emprisonne dans ses rondeurs.

La vie pourrait couler ainsi des millénaires, sans ce mauvais scanner qui annonce le pire à Egor : deux mois de faux répit, lui pronostique la faculté. Deux mois et puis la fin… Mais rien ne va se passer comme prévu, tout va devenir étrange et intrigant… En attendant, notre homme ne cille pas et, après un court passage à la banque, le voilà de retour dans son quotidien, sans mot dire. Il planque le traitement de choc que l’hôpital lui a fourni, supporte sans broncher les bougonnements déplaisants du grincheux aïeul lors du repas familial, les fous rires de son mioche et les babillages de son épouse. Nul ne se doute, nul ne se doutera du précipice intérieur qui l’engloutit, jusqu’à une mauvaise chute, qui conduira chacun à s’inquiéter.
Dès lors Natalia, d’abord prête à tout pour sauver son époux, l'entraîne à nouveau chez un spécialiste qui ne peut que confirmer le funeste diagnostic, puis chez une chamane qui se livre à d’abracadabrantesques rituels. Mais c’est une légende venue du fond des âges qui ouvre une piste folle à Egor, qu'il va la suivre en véritable jusqu'au-boutiste, bousculant tout son village à la mentalité patriarcale étriquée. Chacun révèlera dès lors un tout autre visage, inattendu, sauvage… Alors que notre héros bascule en terre inconnue, l’humanité autour de lui bascule simultanément dans une violence bestiale, perturbante.

On comprend aisément pourquoi l’actrice Natalya Kudryashova a remporté le prix d’interprétation féminine à la Mostra de Venise, un peu moins pourquoi son comparse n’a pas reçu celui de l’interprétation masculine : il est bluffant de bout en bout. Ce film de rédemption, qui glace parfois les sangs, use d’un humour russe grinçant, sans concession. Dérangeant mais salutaire.