DERNIER NOËL AVANT LA FIN D’UN MONDE
Le croiriez-vous ? La bonne nouvelle – car il y en a une – est arrivée le 9 novembre dernier du Conseil d’État, qui a annulé le décret de dissolution du mouvement des Soulèvements de la terre. Pris en Conseil des ministres fin juin, le décret suivait de peu la tentative de requalification – ou ...
La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...
LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...
Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...
Séance unique pour chaque partie, le dimanche à 10h30, 7 euros ou 1 abo uniquement (au vu de la longueur des films).
La Flor partie 1 (3h30) : dimanche 21/04 - La Flor partie 2 (3h10) : dimanche 28/04 - La Flor partie 3 (3h24) : dimanche 5/05 - La Flor partie 4 (3h28) : dimanche 12/05
Écrit et réalisé par Mariano LLINÁS - Argentine 2018 13h30VOSTF - avec Elisa Carricajo, Valeria Correa, Pilar Gamboa, Laura Paredes... En quatre parties : La Flor partie 1 (3h30) - La Flor partie 2 (3h10) - La Flor partie 3 (3h24) - La Flor partie 4 (3h28).
(ATTENTION ! Cette page est une archive !)
Par où commencer ? L’œuvre est à ce point hors norme, touffue, qu’on ne sait par quel bout la prendre. Puisque son cinéaste a le goût de l’énumération, imitons-le. Ce film a une durée totale de treize heures trente environ, il comprend six épisodes autonomes (organisés en 4 parties pour la sortie cinéma) mais ayant des points communs, il jongle avec les genres (fantastique, espionnage, mélodrame musical…), les langues courantes (espagnol, russe, italien, anglais, français) et vernaculaires (dont un dialecte du xviiie siècle parlé dans le nord de l’Italie !). Il traverse deux continents (l’Amérique du Sud et l’Europe) et regorge d’humour et de lyrisme, deux qualités pourtant difficiles à marier. Il offre du jeu, surtout. Un jeu enchanteur, presque enfantin : pas d’auteurisme pontifiant ici, mais de la récréation picaresque.
Tintin n’est pas loin : on entraperçoit un de ses albums, laissé sur une table de chevet. Il y a fort à parier que la momie faisant des ravages dans l’épisode 1 soit inspirée du Rascar Capac des Sept boules de cristal. Elle est au centre d’une bien étrange histoire, située dans un laboratoire d’analyse archéologique, en lisière d’un désert, dirigé par un trio de femmes. Une série de phénomènes inquiétants puis terrifiants s’y produisent. La psyché et le désir féminins irriguent La Flor, à travers son formidable quatuor d’actrices, qui revient dans chaque épisode (le cinquième excepté) avec de nouveaux rôles à chaque fois. À travers elles et ce qu’elles incarnent de mythologique (de la sorcière à la Méduse), le cinéaste fait, en toute pudeur, l’apologie de la femme libre, indépendante, conquérante et savante, guerrière, voire meurtrière. Sans manquer d’étriller le patriarcat et le machisme.
Et puis il y a l’amour. En de multiples versions. Follement platonique : entre une espionne et son collègue, contraints de réprimer leur sentiment (l’acmé de La Flor ?). Orgiaque : dans un asile psychiatrique, le cas inédit de ce patient amnésique qui affole la libido de toutes les infirmières et femmes médecins. Passionnel : l’amour-haine d’une chanteuse à succès séparée de son homme, avec lequel elle formait un duo de variété romantique et qui se retrouve dans un studio pour enregistrer de nouveau…
La musique, le son, le moindre accessoire, Mariano Llinás s’en sert comme des outils fabuleux. Idem avec l’ellipse, l’allusion, la litote. Toutes ces figures de style sont aussi des trucs et des trucages rudimentaires, que l’auteur ressuscite avec la fraîcheur et l’innocence d’un pionnier revenu à l’enfance du cinéma, bricolant avec 3 pesos 6 sous des histoires abracadabrantes…
Ici, le minimalisme des moyens (le film a coûté 300 000 euros) mène au maximum : La Flor embrasse le monde entier et l’Histoire du cinéma en rendant hommage à plusieurs de ses étapes décisives, du muet (les épisodes 5 et 6) jusqu’au cinéma moderne, avec une mise en abyme particulièrement cocasse (épisode 4)…
Dans ce monde baroque, on croise un leader palestinien, une trafiquante qui s’injecte de la toxine de scorpion comme sérum de jeunesse éternelle, une Margaret Thatcher montant à cheval et fumant le cigare, des guérilleros colombiens. On est aussi bercé par une voix off particulièrement incantatoire, qui décrit comme personne la solitude, le sentiment de défaite, les trains, les paysages. Ce narrateur reflète exactement la visée du film : non pas donner du sens aux choses, encore moins dérouler un scénario. Mais transporter vers un imaginaire infini.
(J. Morice, Télérama)