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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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LE FLAMBEUR

(The Gambler) Karel REISZ - USA 1974 1h51 VOSTF - avec James Caan, Lauren Hutton, Paul Sorvino, Morris Carnovsky, Burt Young... Scénario de James Toback (le réalisateur du génial Fingers / Mélodie pour un tueur). Musique splendide de Jerry Fielding, d'après la Symphonie N°1 de Gustav Malher.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LE FLAMBEURAttention, découverte à ne pas rater ! On vous refait le coup de Breaking away l'an dernier : un film américain sorti de nulle part, ici un chef d'œuvre dostoïevskien d'une intensité renversante signé Karel Reisz. Le Flambeur comme son réalisateur sont aujourd'hui un peu tombés dans l'oubli, mais font l'objet de la ferveur d'un petit cercle d'admirateurs que vous allez sans aucun doute rejoindre quand vous aurez vu le film. Bienvenue au club.

Il aurait pu avoir une vie plaisante, Alex, tant il semble doué de toutes les qualités. Mieux que beau, séduisant, gâté par la vie, dernier héritier d'un grand-père étonnant, venu de l'est de l'Europe pour émigrer aux USA armé de sa culture, de sa rage de gagner, fondateur d'une grande famille profondément attachée à ses origines mais qui a trouvé son biotope au sein de New York. Il est aimé de tous et sa mère, une personne superbe, médecin brillante et dévouée, est beaucoup trop indulgente pour ce fils devenu orphelin très jeune, douloureuse quand il souffre, capable de se dépouiller pour lui… Excellent prof, Alex fascine, charme ses élèves en enseignant la littérature avec une passion communicative imprégnée de ses tourments secrets.
Alex plait, Alex capte l'attention, accroche les cœurs durablement. Mais l'aimer c'est être confronté à une mise à l'épreuve constante : Alex joue et ne sait pas s'arrêter de jouer. Il joue à tous les jeux, accro à une surenchère constante. Il joue ses salaires, ses amours, ses amis, sa vie… dans une sorte de poker constant où la jouissance procurée par la prise de risque lui est devenue si nécessaire qu'une vie sans cette constante remise en jeu devient fade et dénuée d'intérêt. Pourtant, qu'ils sont amer les petits matins où, après l'ivresse excitante d'une nuit passée à remettre ses gains sans cesse sur le tapis, il se retrouve dans les rues blêmes de New York, ayant perdu bien au-delà de ce qu'il aurait dû risquer : « 44 000 dollars, tu te rends compte de ce que c'est ? lui dit son bookmaker, « 6 Cadillac ! »… Alors que son traitement de prof n'excède pas 1500 dollars par mois. Ce type-là l'aime aussi, tente de le raisonner, de l'aider à rester dans ses limites. Mais Alex ne s'avoue jamais battu, et il y a toujours un coup qui suit le coup de trop…
Sa petite amie est magnifique, elle a un charme qui vient de ses petites particularités qui la distinguent de toutes les autres. On sent vibrer dans son regard comme une souffrance enfouie : elle le comprend plus que n'importe qui d'autre, non qu'elle aime souffrir, mais c'est avec lui qu'elle se sent le plus intensément vivre, en symbiose avec sa propre quête d'absolu.
Quand il évoque Dostoïevski lors d'un cours devant ses élèves, au sortir d'une nuit blanche passée à jouer, Alex définit avec un brio magistral cette jouissance mêlée de douleur qui le pousse à une forme de recherche folle et suicidaire de toujours plus d'intensité : « la raison ne satisfait en l'homme que le rationnel, le désir en revanche englobe tout ». Il ira très loin, Alex, dans le questionnement de ses limites et des limites de ceux qui l'aiment ou qui le croisent. Sensible, animé de pulsions contradictoires, il « flambe », constamment porté par la certitude qu'il va gagner, malgré la conscience des risques qu'il ne cesse de prendre à se frotter à un milieu de bookmakers sans pitié, où seul l'argent compte : « pour 10 000 dollars, ils vous brisent les mains, pour 20 000, ils vous défigurent » dit-il lui même à sa mère, entraînant ses proches vers ses propres abîmes.

Karel Reisz est un réalisateur anglais, né en Tchécoslovaquie, un des plus grands de ceux qui firent le « free cinema » britannique, cette période de foisonnement formidable dans les années 60 où le cinéma se libérait de toute contrainte, osant les sujets les moins balisés, s'affranchissant des formats académiques. Samedi soir, dimanche matin, le film qui l'a révélé, marqua cette époque, ouvrant sur une tradition de cinéma social dont Ken Loach prit si bien la suite… Reisz signe avec Le Flambeur, sur un scénario de James Toback – expert en addictions en tous genres ! –, sa première réalisation américaine. Quel coup de maître ! Le rapport avec Le Joueur de Dostoïevski est revendiqué jusque dans le nom de son héros, Alexeï Ivanovitch devenant ici Alex… Un Alex incarné par un extraordinaire James Caan, subtil, charmeur, intense jusqu'à la souffrance, emportant dans la même fièvre les autres personnages.