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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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L'ÉVÉNEMENT À UTOPIA : AVANT-PREMIÈRE EXCEPTIONNELLE sortie nationale prévue le 25 septembre.

PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU

Écrit et réalisé par Céline SCIAMMA - France 2019 2h - avec Noémie Merlant, Adèle Haenel, Luana Bajrami, Valeria Golino... Festival de Cannes 2019 : Prix du Scénario.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEUÉtonnante Céline Sciamma, toujours là où on ne l’attend pas. Non par plaisir d’étonner la galerie, mais pour le bonheur de renouveler son style, de relever de nouveaux défis tout en creusant un peu plus ses sujets de prédilection. Rendre visibles les invisibles, celles en marge de la société et ici de l’histoire. La réalisatrice s’empare avec brio de la forme classique et la dépoussière, innove, lui rend sa spontanéité. Ce Portrait de la jeune fille en feu (quel titre !) éclaire différemment toute l’œuvre polymorphe de la réalisatrice. Il agit comme une épure. Une fois le côté effervescent, représentatif de notre période contemporaine gommé, ses musiques agitées éteintes, que reste-t-il du cinéma de Sciamma ? Ce nouvel opus, en costumes d’époque, qui s’impose sans strass ni paillettes, met en valeur la trame limpide qui le charpente. Mécanique implacable, puissante, méticuleusement travaillée. Rien n’est laissé au hasard, même le dossier de presse, qu’on vous encourage à télécharger sur le site du distributeur Pyramide, est passionnant. Tout témoigne d’un travail sans relâche, d’orfèvre, pour produire une œuvre merveilleusement ciselée. Tant est si bien que le Prix cannois du scénario est un brin réducteur. Et que dire de ses deux comédiennes, irradiantes, qui auraient largement mérité de partager un prix d'interprétation !

Nous sommes donc en 1770… Non loin des falaises, battues par les vents, qui surplombent l’océan, se dresse une imposante et austère demeure. Ce que l’on appelle traditionnellement une maison de maître, quand bien même la propriétaire en serait une maîtresse. Ici les distractions sont aussi rabougries que les plantes malmenées par les embruns marins. L'expression artistique, les fêtes y sont tout aussi clairsemées. Les rares instants de musique sont tant attendus qu’on en déguste la moindre note jusqu’à la lie quand elle passe à portée. On a le temps de guetter le temps qui passe, de regarder tomber chaque goutte de pluie.
Pourquoi venir se perdre dans cette contrée perdue, si ce n’est pour des raisons alimentaires ? Tel est le lot d’Héloïse (Adèle Haenel) qui vient de décrocher un travail de commande : faire le portrait de l’héritière de la famille, dans le but de la marier. Il faut resituer le contexte de l’époque : pas de réseaux sociaux, de skype, ni de photomaton… Il fallait bien avoir quelque chose à mettre sous l'œil du futur époux pour lui vanter les mérites et lui vendre la jeune donzelle qu’on lui proposait de prendre sous son aile ! Héloïse, en tant que peintre à son compte, est aguerrie dans ce domaine. Elle n’est pas effarouchée de débarquer seule dans ce recoin oublié du monde. Et c’est-là une première originalité à l’écran : y voir une de ces femmes qui ont bel et bien existé dans un contexte où la quasi totalité de leurs contemporaines n’avaient pas le choix de leur destinée. Héloïse, sans mari, ni maître, est une femme socialement libérée et ses rapports avec les autres le sont tout autant. Si elle est de rang inférieur à la comtesse qui lui commandite le portrait de sa fille, son statut indépendant lui octroie une véritable liberté de ton, et lui permet de l’aborder de femme à femme. Entre les deux, un marché secret est conclu : Éloïse peindra en cachette le tableau, à l’insu de Marianne qui essaie avec ses maigres moyens d’échapper à son destin programmé et refuse de poser. Marianne n’agit pas par caprice, mais par conviction profonde. C'est ce qui va rapprocher progressivement l’artiste et son modèle…

Quand Céline Sciamma s’empare d’un tel sujet, chaque plan devient comme un véritable tableau, la peinture devient l’ADN du film. Dans cet univers féminin, aucune protagoniste n’est laissée à l’abandon. Chaque personnalité est complexe, interagit avec les autres indépendamment des rapports de classe censés les corseter. La liberté a un prix, qu’il faut être prête à payer. L’enjeu impose alors de sortir de ses propres entraves. Au-delà du genre, ce film parlera à tous ceux, à toutes celles qui sont, ont été, seront amoureuses, amoureux, profondément…