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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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L’AUDITION

Ina WEISSE - Allemagne 2019 1h39 VOSTF - avec Nina Hoss, Ilja Monti, Simon Abkarian, Jens Albinus... Scénario d'Ina Weisse et Daphne Charizani.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

L’AUDITIONTenues altières, regards sévères, tout débute par une audition ordinaire dans le microcosme verrouillé d’une école de musique. Il faut pour y pénétrer démontrer sa capacité, sinon à atteindre l’excellence, du moins à l'approcher. Les professeurs reçoivent l’un après l’autre les jeunes postulants tétanisés, les interrompant sans ménagement, dès les premières mesures. Atmosphère glaciale et impitoyable pour ces filles et ces garçons qui ont travaillé des heures durant à la préparation d'un morceau qui sera rarement écouté en entier. Le moindre défaut de posture, de petit doigt, d’archet, la moindre approximation dans la justesse, dans le tempo… et c’est le couperet qui tombe, sans possibilité de rattrapage. Ici l’indulgence n’a pas plus sa place que les fausses notes. Anna Bronsky (Nina Hoss, au jeu impeccable et intense) fait partie de ce terrible comité de sélection, ses mots claquent, cinglants et définitifs, faisant encore moins de quartier que ceux de ses collègues. Quand le jeune Alexander Paraskevas entre en scène, dégingandé, mal assuré, on ne donne pas cher de sa peau. Et effectivement… Un faux pas en entraînant un autre, voilà son avenir de concertiste qui s’effondre. Contre toute attente, Anna lui sauvera la mise, malgré la désapprobation de ses collègues qui lui accorderont de justesse un sursis de quelques mois pour lui donner une chance de progresser sous sa seule houlette.

Longtemps les raisons de l’enseignante resteront mystérieuses et donc intrigantes. Pourquoi ce damoiseau la bouleverse-t-elle tant ? Est-ce dû à une ressemblance ? Avec son propre fils, Jonas ? Toujours est-il qu’à compter de cet instant, elle deviendra le seul soutien d'Alexander, indéfectiblement, tout comme elle l’est pour son propre enfant. Progressivement la jalousie grandira donc entre les deux adolescents. Le soir venu, de retour chez elle, c’est une double journée qui s’annonce, voire une triple. Anna, épuisée, épuisante, ne laisse nul répit à son entourage, aussi exigeante envers les autres qu’envers elle-même. Heureusement il y a Philippe, son compagnon (Simon Abkarian irradiant, dans l’un de ses plus beaux rôles, tout en finesse !), compréhensif et apaisant. Lui sait aimer son petit monde sans condition, en acceptant ses manques, ses échecs, son imperfection, ses refus. C’est le pilier patient et tranquille qui stabilise l’édifice et qui jamais ne menace de briser l'équilibre, même quand sa compagne regarde ailleurs. Cet ailleurs, c’est non seulement le miroir aux alouettes de la réussite, mais aussi un autre professeur, au sourire tellement lumineux, tout à fait craquant. Ensemble, sans le savoir, ils forment un trio admirable : elle tellement pleine de doutes, les deux hommes de sa vie tellement bienveillants, indulgents envers cette femme qu’ils aiment éperdument et qui cache sa souffrance sous une chape de dureté, tandis qu’ils mettent en sourdine la leur pour ne pas lui faire ombrage.
Plus la situation va se tendre, plus Anna va sembler insupportable, plus on se surprendra à la comprendre à notre tour, à lui pardonner ses défaillances, son parcours chaotique. Mais ce que les adultes réussissent à supporter laisse parfois dans les cœurs tendres des traces indélébiles…

C’est un film à la fois tendu et subtil, comme un vibrato de violon, merveilleusement interprété.
Il dépeint un monde pris en tenaille, qui n’assume pas ses défaillances, sa vulnérabilité. Les choses les plus essentielles s’y jouent en creux, par petites touches suggérées, jamais appuyées. Il évoque nos faces sombres, nos zones d’insécurité, c’est en cela qu’Anna, à la fois victime et bourreau d’elle-même et des autres, nous est si familière, touchante. Un second film d’une grande maîtrise, qui nous fait regretter de n'avoir pas pu voir le premier long métrage d'Ina Weisse, L'Architecte, resté inédit en France.