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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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La séance du jeudi 21 novembre à 20h30 sera suivie d’une discussion avec Les Amis du Monde diplomatique.

SORRY WE MISSED YOU

Ken LOACH - GB 2019 1h40 VOSTF - avec Kris Hitchen, Debbie Honeywood, Rhys Stone, Katie Proctor, Ross Brewster
... Scénario de Paul Laverty.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

SORRY WE MISSED YOUSi Bourdieu considérait la sociologie comme un sport de combat, il est indéniable que Ken Loch utilise le cinéma comme une arme de poing. Levé, le poing, c'est bien le moins qu'il puisse faire pour, dit-il « défier le récit des puissants », documenter à hauteur d'hommes et de femmes l'histoire des violences faites à la classe ouvrière depuis la fin du xxe siècle. Ken Loach, c'est quarante-cinq ans passés derrière la caméra, à raconter les effets dévastateurs du libéralisme sur la société. Il nous avait à nouveau annoncé sa retraite après Moi, Daniel Blake, mais c'est bien la violence de l'étau social, la nécessité de la raconter, qui le ramène encore une fois au cinéma, dans un récit ici encore plus sec, épuré et doté d'une force de frappe étourdissante. À 83 ans, il signe l'un de ses meilleurs films !
À l'inverse de Moi, Daniel Blake, qui s'ouvrait sur un rendez-vous au pôle emploi anglais, Sorry we missed you s'engage sur un entretien d'embauche. Espoir, pense-t-on ?



Ricky, bourreau de travail, était ouvrier dans le bâtiment. C'était avant l'effon- drement des banques et des organismes de crédit, avant qu'il ne perde son bou- lot. Avant, c'est aussi le moment où il est tombé amoureux d'Abby, lors d'un grand festival rock. Depuis ils ont fondé une famille, ils sont devenus les bons parents de Seb, 16 ans, qui sèche l'école dès qu'il peut pour exprimer son talent artistique sur les murs de la ville, et de Liza Jane, gamine brillante, pétillante et pleine d'humour, rouquine comme son père. Espoir donc : de cesser d'enchaî- ner les petits boulots, les contrats zéro heure et d'enfin s'en sortir, espoir de cesser de tirer le diable par la queue et de pouvoir enfin régler les dettes et accéder peut-être à la propriété tant souhaitée par Abby. Elle qui rêve d'une jolie petite maison qu'elle pourrait décorer elle-même et qui donnerait à la famille le cadre d'une vie décente. Une vie normale quoi !
Et le sésame pour Ricky, c'est cette nouvelle forme de travail qu'est l'auto-entrepreneuriat, ce travail où chacun est son propre patron, on ose le gros mot : l'ubérisation. Ricky sera chauffeur-livreur, payé à la course. L'entretien d'em- bauche, c'est Maloney, le patron du hangar, qui le mène. C'est lui qui donne les missions. Ici, plus on travaille, plus on gagne. Pas de contrat, chacun est son propre responsable et possède son outil de travail. Puisqu'il s’agit de livraisons, il faudra acheter un camion – ainsi que le pistolet-liseur qui permet de scanner les colis... Ricky y croit, fonce tête baissée, apprend à s'exploiter lui-même...
De son côté Abby est aide à domicile. Elle travaille quatre soirs par semaine. Dépossédée de sa voiture pour financer l'outil de travail de Ricky, elle passe des heures dans les transports en commun pour aller de rendez-vous en rendez-vous. Payée à la tâche elle aussi, elle court, saute d'un bus à l'autre, fait tout pour prendre soin, coûte que coûte, des personnes qui dépendent d'elle, comme si elles étaient toutes sa grand-mère dit-elle.
Sorry we missed you, c'est l'histoire d'une famille qui doit survivre à la loi du plus fort de l'économie de marché, et qui tente vaille que vaille de maintenir un semblant d'unité. C'est l'histoire d'une famille qui pourrait partir en vrille si elle cessait de porter sur l'autre un regard bienveillant. Un père sur son fils qui se cherche, une mère sur ses enfants qu'elle voit trop peu. Une gamine qui fait de son mieux pour faire le lien entre tous. « Sorry we missed you », c'est aussi le petit mot que Ricky dépose dans la boîte aux lettres lorsque le client de la com- mande n'est pas chez lui pour réceptionner son colis : « Désolé, vous n'étiez pas là quand nous sommes