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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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CHAINED + BELOVED

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CHAINED

Écrit et réalisé par Yaron SHANI - Israel 2019 1h52 VOSTF - avec Eran Naim, Stav Almagor, Stav Patai...

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CHAINEDTrop de rôles pour un seul homme ? Être bon flic, bon mari, bon beau-père, bon mâle reproducteur… : voilà ce à quoi aspire Rashi… Mais parfois le regard des autres nous renvoie à une autre réalité : on ne naît pas homme, on le devient…
Première scène choc, dérangeante, plus par sa véracité que par son originalité. On frappe à la porte d’un appartement cosy mais sans charme. Des coups insistants, impérieux, sévères tout comme les regards de ces deux flics qui opèrent une semi-perquisition improvisée. Ils ne ménageront pas celui qui se proclame ancien combattant de l’armée, feront fi pour une fois de toute forme de solidarité masculine, de caste virile… et pour cause ! Nous voilà rentrés dans la banalité du mal ordinaire, le pain quotidien de Rashi qu’il n’en finit plus d’imaginer partout : maltraitances, petits deals minables… En policier et patriote consciencieux qui prend à cœur son boulot, il navigue à vue, sous pression constante, souvent à la limite de déraper. Mais dans son univers masculin, ce serait faiblesse de l’admettre, les sentiments ne se conjuguent qu’au féminin. Autant dire que lorsqu’il rentre exténué au bercail, dans son propre appartement cosy et sans charme, la psychologie de Yasmin, l’adolescente qui vit sous son toit, la fille de sa femme Abigail, lui échappe dramatiquement. D’ailleurs que comprend-il également de sa jeune épouse aux longs cheveux bruns, jamais libérés ?



Les caresses gauches qu’il lui destine paraissent comme autant de gestes de possession. Sans qu’il y ait besoin de le formuler, on ressent dans nos chairs que les protagonistes sont tributaires de rôles qui les dépassent, pris dans une nasse d’injonctions paradoxales. Ils aiment l’idée de l’amour, l’idée d’une forme d’émancipation moderne, mais toujours le devoir reprend le dessus, tuant dans l’œuf toute forme de véritable individualité. À ce jeu-là, nul ne connaît à côté de qui il chemine. Rashi n’étant pas plus armé pour comprendre les ressentis des autres que pour exprimer les siens, il parait condamné à passer à côté de l’essentiel, s’enferrant dans des schémas qui lui procurent bonne conscience. Un archétype d’homme, peu habitué dans le fond à ne pas être l’unique centre du motif, dressé à tout contrôler, à ne pas accorder sa confiance et qui ne saura pas faire face à l’incommunicabilité qui progressivement s’immiscera dans sa maisonnée, l’isolera. Bientôt les moments de tendresse, inféodés à l’obligation de procréer, de reproduire sa lignée, ne suffiront plus à atténuer l’ambiance pesante, presque suffocante qui suinte de ce quotidien raté.

Contrairement à ses protagonistes, Chained n’est nullement enchaîné aux codes traditionnels. Il oscille perpétuellement entre fiction et réalité jusqu’à ce que nos certitudes vacillent et que s’opère une forme de fascination hypnotique, troublante, nourrie par la personnalité des acteurs qui se dévoilent à l’état brut, plus justes que nature. De cette étrange façon de filmer ressort une véracité grinçante et crue qui nous fait nous sentir un brin voyeurs, alors même que les détails trop intimes nous apparaissent floutés. Comme si le tact pris pour respecter la pudeur des corps ne faisait qu’exaspérer l’indécence des âmes.