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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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ÉTÉ 85

Écrit et réalisé par François OZON - France 2020 1h40 - avec Félix Lefebvre, Benjamin Voisin, Philippine Velge, Valeria Bruni-Tedeshi, Melvil Poupaud, Isabelle Nanty... D’après le roman d’Aidan Chambers, Dance on my grave (en France La Danse du coucou, Editions Points). Sélection Festival de Cannes 2020.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

ÉTÉ 85Il y a du Rimbaud dans la bouille d’Alexis, pardon, Alex, il préfère. Il n’aime pas son prénom. Le cheveu blond en bataille, le tee-shirt sans manches, accro à la musique de The Cure, Rod Stewart… qu’il écoute sur son baladeur à cassettes… Nous sommes en 1985 et les vacances commencent à peine tandis que rien de très clair ne s’annonce pour l’année qui suit. Doit-il continuer ses études comme le lui conseille son perspicace prof de lettres, qui lui devine un brin de talent pour l’écriture ? Ou bien plonger dans la vie active comme son père docker le pousse à faire ? Quant à sa mère – « pourvu que tu sois heureux ! » – elle le couve de sa bienveillance…

Cet après-midi-là, son copain Chris n’est pas dispo pour une balade en mer, mais il lui prête son petit voilier. À peine au large, Alex, tout à sa musique et au plaisir de se laisser aller à la caresse du soleil, entend trop tard l’orage qui approche, panique et, maladroit, se retrouve à la flotte, quille en l’air… Heureusement pour lui un voilier guère plus gros rapplique… David a deux ans de plus, mais il assure et, en le moquant un peu, ramène Alex à terre, puis l’entraîne chez lui, remplace ses fringues mouillées tandis qu’il barbote dans un bain chaud…
Si Alex est novice côté cœur, David a visiblement plus d’expérience, et il trouve bien à son goût ce jeune éphèbe un peu incertain qui se laisse subjuguer par une assurance qui lui en impose et qui le trouble, sans qu’il cherche à résister à l’exultation des sens qui l’emporte… Ils vont faire les fous en boîte, des virées en moto, ils vont s’aimer… La très charmeuse et envahissante mère de David, trop contente que son fils ait trouvé un ami, manifeste sa satisfaction avec un poil d’ambiguïté, facilement familière… Orphelin depuis peu, David a laissé sans regret ses études et travaille avec elle dans la boutique de matériel marin léguée par le père disparu… Dans la fulgurance de cet été tout neuf, Alex, fasciné, s’abandonne totalement à ce qui devient vite un amour possessif et jaloux. David est plus joueur, plus volage sans doute, nullement prêt à se laisser enfermer dans une relation exclusive… C’est donc l’été 85 et dès le début du film on est frappé par le grain des images, qui semblent nous arriver du passé, elles ont le chaud parfum du souvenir, d’une histoire embellie par le
temps, d’un retour sur les premières émotions amoureuses qui s’imposent comme une évidence et personne ne semble s’interroger une seconde sur les interdits d’une époque pourtant pas toujours lumineuse…

À l’origine du film, il y a un roman anglais, lu par François Ozon alors qu’il avait l’âge d’Alex et commençait à réaliser des courts métrages : « Trente-cinq ans plus tard, après Grâce à Dieu, j’ai relu le livre par curiosité et j’ai eu un choc, car j’ai réalisé que beaucoup de scènes ou de thèmes du livre, je les avais déjà filmés… Ce livre que j’avais lu adolescent avait nourri mon imaginaire, mais je n’avais jamais fait le lien… Dans ce film, il y a à la fois la réalité du livre et mon souvenir de ce que j’ai ressenti en le lisant ». Sans doute fallait-il que le temps passe pour que cette histoire d’amour s’inscrive dans un contexte où chaque personnage, même secondaire, existe, pour que le regard de l’adolescent d’alors s’enrichisse du recul d’un auteur talentueux qui a mûri et pose un regard bienveillant sur ses émotions adolescentes. François Ozon réalise ainsi un de ses plus beaux films, maîtrisé de bout en bout, profondément sincère et émouvant, porté par deux jeunes acteurs formidables.