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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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MICHEL-ANGE

(Il Peccato) Andreï KONCHALOVSKY - Italie 2019 2h14 VOSTF - avec Alberto Testone, Jakob Diehl, Francesco Gaudiello, Orso Maria Guerrini... Scénario d’Elena Kiseleva et Andreï Konchalovsky.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

MICHEL-ANGECe n’est pas un film sur fond de renaissance que nous offre Andreï Konchalovsky, c’est la Renaissance elle-même, avec sa texture, son univers sensoriel, sonore, sans apparats superflus. Il tord le cou à tous les clichés à grand renfort de recherches, de conseils pris auprès d’historiens, de spécialistes de la période. C’est un travail de clan, de troupe à l’unisson, de petites mains virtuoses et invisibles, que Konchalovsky orchestre pour aboutir à un résultat aussi vrai que nature. On nous dirait que chausses, pourpoints, perruques […] sont d’époque, on y croirait aveuglément ! On n’imagine pas une seconde que rues, galeries, tavernes… aient été recréées pour les besoins d’un seul film… jusqu’au port de Carrare et à la Chapelle Sixtine qui ont été reproduits par une trentaine de maîtres artisans sculpteurs, charpentiers, peintres et plâtriers. Il y a comme une forme d’humilité orgueilleuse qui se tapit à l’arrière-plan pour s’effacer derrière l’essentiel, le sujet. Tout comme la rugosité du marbre s’est estompée au fil du temps derrière David, La Pietà, L’Esclave mourant… sculptures criantes d’humanité. Qui, en les admirant, se représente les solides paluches du sculpteur, ses colères insensées, sa truculence, son anxiété fébrile ? Et c’est tout cela que le réalisateur nous restitue, la substance d’un homme, son charisme, sa folie magnifique qui transcende ses parts d’ombre. On sort de l’expérience avec l’impression d’avoir été brinquebalés sur les routes caillouteuses de l’Italie de l’époque, entre Rome et ses provinces, d’avoir goûté à la poussière d’une carrière, d’avoir croisé l’insondable Michel-Ange, au moins une fois dans notre vie, jusqu’à pouvoir décrire l’odeur de l’homme, raconter sa peau burinée, ses regards taiseux, ses terribles tempêtes…

Nous voilà rendus au début du xvie siècle. La Florence d’alors est belle et terrible, tendre et violente. Michelangelo Buonarroti est déjà ce maître incontesté, et donc jalousé, qui attire les convoitises des puissants. Mais les mécènes capables d’engager des sommes importantes pour produire des œuvres imposantes ne sont pas si nombreux. Les artistes d’alors se les disputent, prêts à quelques bassesses pour récupérer les faveurs d’un clan qui les entretiendra à l’année et couvrira leurs frais. Enjeu d’autant plus important pour ceux qui sculptent, et dont le matériau coûte cher à extraire, à transporter, à apprivoiser. Et c’est peut-être là le premier génie de Michel-Ange : comprendre la roche, ses veines, ses pulsations… Dévoiler ce que recèle la matière… Issu du milieu des artisans, il est du genre brut de décoffrage : il ne fait pas salon, inapte à se pomponner, à se parer de rubans, bien incapable d’une once de diplomatie. Pas plus capable de respecter les délais impartis, tant il est obnubilé par la poursuite d’un idéal divin inaccessible aux simples mortels. Rien n’est jamais assez parfait pour lui sembler achevé. Pourtant les puissants semblent prêts à tout lui pardonner, même sa crasse et ses ardeurs délirantes, son incapacité à gérer un budget. Étonnant de découvrir sans le rond, constamment au seuil de la mendicité, celui dont l’œuvre n’a pourtant pas de prix. Cela l’amènera à bafouer ses engagements avec ses protecteurs historiques, la famille Della Rovere, pour céder aux injonctions de la famille De Médicis… Voilà notre homme tiraillé entre deux commanditaires, torturé par sa conscience, sa force vitale indomptable, ses hallucinations mystiques, ses ambiguïtés jalouses, dans un monde où la compassion n’a guère sa place…

C’est beau, puissant, d’une modernité folle… Fruit d’une rencontre platonique entre deux êtres inclassables, un réalisateur ancré dans notre époque et un Michel-Ange anguleux, à la fois minéral et organique, tout aussi indomptable qu’indémodable.