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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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LES 2 ALFRED

Bruno PODALYDÈS - France 2020 1h32 - avec Denis Podalydès, Sandrine Kiberlain, Bruno Podalydès, Yann Frisch, Luana Bajrami, Leslie Menu... Scénario de Bruno Podalydès avec la collaboration de Denis Podalydès.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LES 2 ALFREDChômeur quinquagénaire, interdit bancaire, père isolé de deux charmants bambins, Alexandre est un cumulard des temps modernes. Pas précisément de la race des winners, mais il est fermement décidé à se sortir d’affaire. C’est que l’enjeu est de taille. À la suite d’un malheureux coup de canif dans son contrat de mariage, Alexandre s’est vu imposer par Albane, sa femme, un ultimatum très simple : soit il fait la preuve, le temps d’une séparation temporaire, qu’il peut gagner sa vie, gérer ses enfants et tenir son ménage, soit ladite séparation devient ferme et définitive. Non négociable. Sitôt dit, la belle a bouclé son bagage, boutonné sa vareuse galonnée et coiffé sa casquette d’officier, et s’en est allée tête droite, en mission dans les grands fonds marins aux commandes d’un sous-marin nucléaire. Eh oui !



Voilà donc notre Alexandre bien obligé de sortir ses deux pieds de l’unique sabot dans lequel il les maintenait confortablement confinés. Alexandre qui jongle avec les réveils, les petits déjeuners, les horaires d’école et de crèche – sans oublier, bon sang ! les deux Alfred (deux singes en peluche, un seul doudou, indispensable au petit dernier). Alexandre qui enchaîne stoïquement les rendez-vous démoralisants, à la banque pour tenter en vain d’émouvoir un conseiller lunaire, à Pôle Emploi pour se mettre en quête d’un boulot. N’importe lequel au demeurant, il n’est pas regardant, juste un boulot rémunéré qui lui permettra de redorer son blason aux yeux d’Albane. Son premier entretien d’embauche dans une start-up « innovante » (innovante dans quoi ? Dans l’art de mener une réunion de travail autour d’une table de ping-pong ?) donne une idée de l’ampleur du gouffre qui sépare Alexandre du monde merveilleux de l’entreprise 3.0. Contre toute attente, le papa-poule old-school et déphasé est illico embauché par « The box », la boîte >friendly en total open-space où, comme le précise Aymeric, le gérant cool, on « dispatche en conf'call des opés mesurables par simple reacting process ». Embauché sur un mot, une intuition, parce qu’il a indiqué vouloir faire un « reset » sur sa vie professionnelle. Précisément, ce sera ça, son job : le reacting process. Ce qui complique singulièrement la situation, c’est que son petit tyranneau de patron-copain a été ferme, très ferme : à « The box », on est résolument « no child » – ou on s’en va. Pour conserver le boulot, notre aventurier des temps ultra-modernes va donc devoir déployer des trésors d’inventivité pour mener à bien, sous la houlette de Séverine (sa N+1 à la réputation de killeuse), une mission dont il n’a pas compris la moitié du quart du début de la signification, tout en cachant l’existence de ses bambins. Le hasard met sur sa route Arcimboldo – un ange-gardien espiègle et serviable qui use à merveille des paradoxes de l’ubérisation de la société, ses applis, ses bidouilles et ses failles, et qui va faire office de guide de haute montagne dans les méandres de la vie connectée…

Comme toujours chez Bruno Podalydès, la comédie douce-amère et un brin nostalgique est relevée d’une pointe de satire acérée du monde moderne. À l’instar de la novlangue glacée de la start-up que chacun emploie sans vraiment la comprendre, la technologie connectée y a des allures vaguement inquiétantes mais la poésie ne tarde jamais à affleurer derrière l’incongru et le ridicule des situations. Les écrans, omniprésents, isolent plus qu’ils ne les rapprochent des individus totalement dépassés par l’accumulation de montres connectées, voitures autonomes, galets-enregistreurs et autres bidules vocaux qui ont réponse à tout. L’autonomie qu’acquièrent insensiblement les objets, l’inertie têtue qu’ils opposent à leurs utilisateurs donnent à la fable son rythme décalé et poétique. Dans cet univers mécanique instable, Sandrine Kiberlain est irrésistible en wonder woman au bord de l’explosion, tandis que les deux frères Podalydès se délectent visiblement de jouer (au sens propre) ensemble, l’un son avatar de M. Hulot égaré au xxie siècle, l’autre de ses talents de magicien de kermesse.