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La Paix, éternelle Utopie ?
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LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
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Justine Triet parle d’or
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Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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LA NUIT DES ROIS

Philippe LACÔTE - Côte d’Ivoire/Sénégal/France 2020 1h33 - avec Bakary Koné, Steve Tientcheu, Abdoul Karim Konaté, Denis Lavant... Scénario de Philippe Lacôte et Delphine Jaquet.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LA NUIT DES ROIS« Le monde entier est une scène, hommes et femmes, tous, n’y sont que des acteurs, chacun fait ses entrées, chacun fait ses sorties, et notre vie durant, nous jouons plusieurs rôles. » (Shakespeare)

Un jeune Ivoirien est condamné à être enfermé dans la sinistre prison de la Maca. Niché au milieu d’une forêt dense et obscure non loin d’Abidjan en Côte d’Ivoire, l’établissement pénitentiaire surpeuplé et dangereux est un monde parallèle, hors du temps, avec son organisation sociale, ses rites et ses codes immuables…
Entre fable politique naturaliste, conte surnaturel, performances musicales, danses épidermiques et drame shakespearien, La Nuit des rois est une expérience de cinéma rare et fascinante. D’ailleurs, mettons tout de suite les choses au point : malgré son titre, si même il s’inspire ponctuellement des caractère de certains personnages (notamment le jeu autour du travestissement et son érotisme ambigu), le film n’est pas, du tout, une adaptation de la pièce de Shakespeare. Si Philippe Lacôte en appelle bien aux mannes du dramaturge anglais, c’est probablement plus du côté de Macbeth qu’il faudrait chercher des sources d’inspiration – et c’est surtout l’idée du théâtre de la vie et la mise en scène des jeux de pouvoir qui sont ici convoqués.

Tous les protagonistes du film naviguent en eaux troubles. Le personnel pénitentiaire, épuisé, semble avoir abandonné toute velléité d’imposer un semblant d’ordre et de discipline une fois les portes refermées sur les prisonniers. Élu détenu-roi de la Maca, parmi tous les taulards, Barbe-Noire est malade et vit les dernières heures de son règne. Dans l’ombre, les prétendants à sa succession aiguisent leurs crocs, mais prudemment, car le vieux lion a encore de l’autorité et de la ressource. S’il a droit de vie ou de mort sur ses sujets, une règle de la Maca veut qu’il meure dès lors qu’il est trop affaibli pour exercer son pouvoir. Barbe-Noire tente par tous les moyens de reculer cette échéance et, pour gagner du temps, nomme « Roman » le nouvel arrivant : Roman, le raconteur d’histoire, qui doit donc tenir en haleine, tout au long de la nuit de la lune rouge, le peuple des prisonniers. Sa vie en dépend, à moins que sa mort n’en soit l’épilogue inéluctable. La nuit de Roman, fils et petit-fils de griots, sera longue, peuplée des personnages dont il doit conter l’histoire dansée par ses co-détenus.
Des personnages singuliers hantent les lieux. Denis Lavant, avec une poule sur l’épaule, ou Steve Tientcheu (aperçu dans Les Misérables) dans le rôle massif de Barbe-Noire. Bakary Koné interprète un Roman tout en émotion contenue, d’abord terrifié par sa découverte des lieux et, à mesure qu’il déroule son histoire, de plus en plus sûr de lui, tandis que la nuit avance et qu’il captive la foule des détenus. Étouffant et hypnotique, magnifiquement théâtralisé dans les ténèbres de la prison, le huis-clos tranche avec les images tantôt naturalistes, tantôt fantastiques du récit de Roman : l’histoire véridique, mais reconstruite par fragments au long de la nuit, de Zama King, un orphelin devenu chef de gang cruel, lynché par la population en représailles de tous ses crimes. Le « réalisme magique » relativement intemporel qui illustre le destin de Zama King, inspiré de faits réels, rejoint les très contemporains bouleversements politiques de l’histoire de la Côte d’Ivoire.

Le film de Philippe Lacôte étreint, passionne, fascine tout à la fois et lorsque, au terme d’une nuit qui aura vu advenir des bouleversements irréversibles, pointent enfin les premières lueurs de l’aube, il vous laisse éberlué, pantelant, mais ravi. (Avec la complicité involontaire mais précieuse de Stanislas Claude, publikart.net)