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NOTTURNO

Gianfranco ROSI - Italie 2021 1h40 VOSTF -

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

NOTTURNONotturno a été tourné au cours des trois dernières années le long des frontières de l’Irak, du Kurdistan, de la Syrie et du Liban – autant de pays parmi les « plus chauds » de la planète. Tout autour, des signes de violence et de destruction, et au premier plan l’humanité qui se réveille chaque jour d’une nuit qui paraît infinie.
Notre Marcel Proust national le disait, « le seul véritable voyage n’est pas d’aller vers d’autres paysages, mais d’avoir d’autres yeux… » C’est le tour de force de ce documentaire magistral que de réussir à nous donner à voir l’univers avec les yeux d’un autre, de cent autres, à voir les cent univers que chacun d’eux voit. À l’heure où l’Afghanistan se révèle être le tombeau des Empires où, au nom d’une « guerre globale contre le terrorisme », Britanniques, Soviétiques et Américains se sont cassé les dents, le nouveau documentaire de Gianfranco Rosi ressuscite toute l’humanité sacrifiée du Moyen-Orient, montre ceux qui vivent au bord de frontières marquant la séparation entre le jour et la nuit, la vie et l’enfer… Comme nul autre que lui ne saurait le faire.



Gianfranco Rosi, c’est le réalisateur – entre autres films notables – du magnifique Fuocoammare sur la situation des immigrés débarquant sur les rives de Lampedusa. Il fait partie de ceux qui rappellent que le cinéma a le pouvoir, sinon de changer le monde, en tout cas notre regard sur ce qu’il s’y passe. Un grand cinéaste, qui nourrit notre esprit d’images fortes et inoubliables, sans effets superflus, sans musique, sans commentaires, interviews ou voix narratives pour baliser le récit.

Notturno remet en question tout ou presque ce que nous pensions savoir sur le Moyen Orient. Car la région est plus complexe et plus nuancée que n’importe quel profane pourrait l’imaginer. Déjà, des siècles d’histoire sont passés par là. Ensuite, les pratiques culturelles varient selon les religions et les pays. Des priorités contrastées apparaissent le long des failles entre les groupes ethniques. Pour autant, le film ne cherche pas à déterminer les causes des conflits ni à démêler les innombrables questions religieuses et territoriales en jeu, comme l’explique Gianfranco Rosi. « Je n’ai pas essayé de raconter la guerre intestine entre les sunnites et les chiites, ni le rôle de l’Occident, ni le renversement constant des alliances. Je me suis tenu à distance des discriminations qu’appliquent entre eux les Kurdes, Irakiens, sunnites, chiites ou yézidis. Ils se sentent tous victimes les uns des autres. Ils ont tous leurs raisons. Au-delà du conflit, je voulais que remontent à la surface les histoires et les personnages. Je me suis tenu à l’écart des zones de front et je n’ai pas suivi l’exode des réfugiés. J’ai plutôt cherché à les rencontrer là où ils tentent de refaire leur vie […], eux dont la lutte métaphorise ce qui m’émeut absolument le plus : la vie des êtres humains. »

S’il est ardu de résumer le film, nous dirons simplement que Notturno est une sombre œuvre de lumière, qui montre l’extraordinaire force de vie des habitants des régions filmées. La virtuosité esthétique, limpide et empathique, que le cinéaste manie face à la complexité de la grande Histoire nous renvoie au motif universel de la douleur humaine, et de toute la force titanesque qu’il nous faut déployer pour apprendre à cohabiter.
La puissance, la densité du film sont propres à nous guérir de toute tentation de pérorer sur la situation dans ces pays fracassés. On sent bien que la parole – si on peut employer le terme devant un film aussi peu bavard – de Notturno est plus essentielle que la nôtre, parce qu’elle ne cherche pas à faire croire qu’elle a tout compris, parce que jamais elle ne supplante les mots précieux de celles et ceux qui sont filmés dans toute leur vérité, saisis dans toute leur humanité. (O.J. in V.O.)