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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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AFTER YANG

Écrit et réalisé par KOGONADA - USA 2021 1h36VOSTF - avec Colin Farrell, Jodie Turner-Smith, Malea Emma Tjandrawidjaja... D’après After Yang et autres histoires d’Alexander Weinstein.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

AFTER YANG« Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? »
À quoi ça tient l’humanité ? À quoi tient notre humanité ? C’est en filigrane le questionnement de ce tendre opus de science fiction poético-philosophique qui n’hésite pas à citer Lao Tseu à l’ère de la cybernétique : « Ce que la chenille appelle la mort, le papillon l’appelle renaissance. »
Dans ce monde du futur si loin, si proche, tout nous semble familier et pourtant étrange, comme un dépaysement délicieusement décalé. Des décors hors du temps. Des rues et des enseignes entraperçues. Des familles patchwork bigarrées que l’on voit s’affronter par écrans interposés lors d’étranges et frénétiques joutes chorégraphiques. Peu d’enfants semblent avoir les mêmes gènes que leurs parents, comme s’ils étaient des bébés éprouvettes, issus d’une génération spontanée parfaite mais drôlement assortie. Ici une mère noire, un père blanc, deux enfants asiatiques. Ailleurs un quatuor de femmes typées ou de blondinets à l’allure lessivée. La photographie magnifique impose sa marque, une patine particulière. L’univers du réalisateur américain d’origine Sud Coréenne Kogonada est à l’image de ses origines métissées, hybrides, sans frontières.



On fait connaissance avec la jeune Mika et avec celui qui semble être son grand frère : Yang, qu’elle surnomme du joli diminutif, chinois comme son minois, de « Ge Ge ». Il y a de la complicité entre ces deux-là, presque inséparables, sauf aux heures d’école. Un attachement rendu d’autant plus intense que les parents, trop occupés, ont du mal à être suffisamment présents. Et c’est une panne qui va ramener la petite fille de neuf ans à une réalité difficile à appréhender : Yang n’est pas plus qu’un androïde domestique acheté d’occasion, un techno sapiens bien incapable d’éprouver les mêmes sentiments qu’un humain. Quand tout soudain les circuits de l’humanoïde se grippent, qu’il reste figé, il faut bien se faire une raison et se rappeler qu’il n’est pas irremplaçable. Un raisonnement cartésien, implacable, facile pour les adultes… mais l’est-il tant que cela ?
De flashbacks bucoliques en souvenirs joyeux, on se laisse prendre à ce jeu de piste qui nous entraîne vers une quête existentielle, celle de notre essence, puis vers l’acceptation de l’absence. La caméra reste discrète, subtile, pour accompagner ses protagonistes. Cette mère digne (magnifique Jodie Turner-Smith) qui s’efforce de garder la tête haute et de tout rationaliser. Ce père dépassé mais qui cherche à le cacher (Colin Farrell tout en retenue), prêt à perdre tout recul et qui agit bientôt comme si le robot était de sa propre chair. Et surtout la malicieuse Mika, la fraîcheur incarnée, qui émaille chaque scène d’une innocence enfantine à laquelle on ne peut rien cacher. C’est brillant et ténu, comme une étoile éphémère dans la nuit.

Que Yang soit humain ou pas, on l’oubliera bientôt. Et son absence brouillera bientôt de ses ondes la surface de ce futur trop lisse comme le font les ricochets des galets sur un lac trop calme. Elle sera la révélatrice du jardin intérieur tenu secret, inaccessible, d’un robot donc, qui, à l’instar du Schylock de Shakespeare, pourrait déclamer « Si vous nous piquez, ne saignons-nous pas ? Si vous nous chatouillez, ne rions-nous pas ? »
After Yang, « après Yang », c’est la simple magie de la vie, de ses mystères qui l’emporte finalement sur toutes les inventions clinquantes et modernes. Des sentiments qui poussent là où on ne les attend pas telles de frêles plantes adventices qui combattent l’uniformisation de l’asphalte. C’est beau comme un hymne à la tendresse, à l’amour.