LA GAZETTE
(à télécharger au format PDF)

NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 7,50€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limités dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Séance avant 13h : 5€
Moins de 18 ans : 5€

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

Soutenez Utopia Palmer

CHRONIQUE D'UNE LIAISON PASSAGÈRE

Écrit et réalisé par Emmanuel Mouret - France 2022 1h40 - Avec Sandrine Kiberlain, Vincent Macaigne, Georgia Scalliet... Festival de Cannes 2022, Sélection officielle Hors-Compétition.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

CHRONIQUE D'UNE LIAISON PASSAGÈRE« Bis repetita placent ». On pourrait même dire que plus elles sont travaillées et affinées, plus les choses répétées plaisent. De film en film, comme ferait un musicien avec son instrument, Emmanuel Mouret poursuit son étude littéraire, cinématographique, musicale du sentiment amoureux. Monte et descend ses gammes, teste les frontières du désir et de la passion, s’ingénie à reprendre et réécrire ad libitum les motifs du marivaudage, qu’il explore, en parfait moraliste humaniste, avec tout le sérieux et toute la légèreté qui s’imposent. Il avait atteint avec Mademoiselle de Jonquières une virtuosité d’écriture et de mise en scène qui avait emballé tout à la fois le public, les professionnels et la critique – virtuosité plus que confirmée dans une magnifique déclinaison chorale, Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait.



Si, pour son (déjà !) onzième film, Emmanuel Mouret remet donc sur le métier son ouvrage, il en épure, simplement, précisément, le motif : un homme, une femme, soit le strict minimum pour raconter une histoire d’amour. On ne le souligne pas assez, l’écriture ciselée d’Emmanuel Mouret est drôle, très drôle. Alors que ses premières amours cinéphiliques lui faisaient lorgner vers la comédie américaine classique (Lubitsch, Wilder…), il convoque pour sa Chronique la manière du Woody Allen le mieux inspiré, celui des années 80 : mise en scène élégante et tonalité joyeusement mélancolique, il cite volontiers Bergman et truffe de blagues plus ou moins subtiles de formidables tunnels de dialogues dans lesquels Sandrine Kiberlain (impériale) et Vincent Macaigne (à son meilleur) prennent un plaisir communicatif à s’ébattre et se répondre du tac au tac.

Tombé tout autant que nous sous le charme du film, Mathieu Macheret a trouvé des les mots parfaitement justes pour partager son enthousiasme avec les lecteurs du Monde :
« Simon et Charlotte se rencontrent lors d’une soirée, se plaisent, boivent un dernier verre, rentrent ensemble (chez elle). Tout se passe si bien qu’arrive, inévitable, la question de se revoir. Lui, homme marié manquant quelque peu de confiance en soi, s’estime heureux qu’une telle liaison advienne, mais se range à son caractère provisoire, sans oser quitter son foyer. Elle, mère célibataire et pragmatique, le devance, se déclarant favorable à une aventure sans la moindre attache. Fatuité des modernes, rit sous cape Mouret en observant depuis sa position de classique ses personnages s’enfoncer, scène après scène, escapade après rendez-vous, dans le déni d’une relation beaucoup plus durable qu’ils ne veulent bien l’admettre.
Chronique d’une liaison passagère ne retient de ses personnages que leurs rendez-vous dérobés, rejetant à ses marges tout ce qui n’appartient pas directement à leur relation. Le cinéaste s’amuse à inverser les rôles traditionnels au sein du couple : l’homme, pudique et réservé, versant volontiers dans l’autodépréciation, cède l’initiative à une femme beaucoup plus hardie que lui. Mais le complexe ici décrit est encore plus amusant. Parce qu’ils s’acharnent à ne pas se gêner, à ne pas se faire de scène, à devancer le désir de l’autre, quitte à le prendre de vitesse, Charlotte et Simon inventent une relation si fluide et pour tout dire si parfaite qu’elle leur coule entre les doigts.
Pourquoi Charlotte et Simon s’expriment-ils à rebours de ce qu’ils semblent chacun désirer profondément ? Pourquoi s’entretiennent-ils dans une fiction de pratique et de rationalité, alors qu’ils s’aiment de toute évidence, et que cet amour les oblige ? Tout le film est délicieusement tissé d’écarts de langage, de trébuchements dans la parole, d’ironie ciselée, comme autant de brèches laissant deviner toute la part inconsciente qui travaille les personnages. Orfèvre de la maladresse sentimentale, soucieux d’expurger la romance de sa part la plus dramatique, Mouret confie à ses deux comédiens une partition funambule : celle d’incarner ce charmant travers de l’être amoureux qui consiste, sous le regard de l’autre, à se mentir à soi-même. » (Mathieu Macheret, Le Monde)