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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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LA DERNIÈRE NUIT DE LISE BROHOLM

Écrit et réalisé par Tea LINDEBURG - Danemark 2021 1h26 VOSTF - avec Flora Ofelia Hofmann Lindahl, Ida Cæcilie Rasmussen, Palma Lindeburg Leth, Kirsten Olsesen...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LA DERNIÈRE NUIT DE LISE BROHOLMAdaptée d’un court roman écrit en 1912 (En dødsnat de Marie Bregendahl, autrice danoise de littérature régionale, jusqu’ici jamais traduite en français), cette chronique s’étalant sur vingt-quatre heures est un très beau récit d’apprentissage, aussi riche que condensé, sur le passage à l’âge adulte et la condition féminine dont nos sociétés héritent. À 14 ans, la toute jeune Lise est ce qu’on appellerait aujourd’hui une adolescente mais elle est déjà, dans le Danemark agricole et luthérien du xixe siècle, considérée comme une jeune femme. À cette époque, la sortie de l’enfance coïncide avec l’entrée de plain-pied dans l’âge adulte. La tradition semble attribuer les rôles de chacun par avance et le protestantisme très strict place le chemin de tous sous le regard omniprésent – et omniscient et omnipotent – de Dieu. Grâce à sa mère, aimante et progressiste, Lise a une chance de décider de son avenir et s’apprête à partir faire des études en pension. La veille de son départ, son destin va s’accélérer en une seule nuit, la poussant à quitter définitivement l’enfance bien plus tôt qu’elle ne l’imaginait.



Dans un monde de croyances, l’emprise n’est jamais aussi grande que lorsqu’elle est invisible. La foi, bien sûr, y tient une place essentielle. Mais plus encore, c’est l’absence paradoxalement surplombante des hommes qui surprend ici. Ce sont les femmes qui assurent entièrement le quotidien de la ferme, les hommes en partent le matin et n’y reviennent que le soir. Si bien que Lise ne fait que croiser son père ce matin-là. Et c’est déjà bien assez pour qu’on ressente toute la rigueur de cette figure austère, pasteur du village, qui ne voit pas d’un bon œil que sa fille aille perdre son temps à l’école comme l’a choisi sa mère. Lise est l’aînée d’une grande fratrie, son père aurait préféré qu’elle assume son rôle, qu’elle aide sa mère au terme d’une nouvelle grossesse et qu’elle s’occupe de ses cadets. C’est ce à quoi Lise s’adonne encore une fois. Mais toute pragmatique qu’elle est, elle n’en est pas moins une fille qui rêve. Elle rêve de se construire un avenir, rêve de devenir une femme et de découvrir l’amour qui, déjà, l’effleure avec Jens Peter, un garçon orphelin de son âge que sa famille a recueilli.
Au cours de la journée, l’arrivée du nouveau-né se précise. Toutes les femmes de la ferme s’y consacrent. Lise doit s’occuper seule de tous ses frères et sœurs. Mais, le soir venu, elle peine à leur cacher l’agitation anormale qui règne dans la ferme. L’accouchement tourne mal. À la nuit tombée, les hommes sont de retour. Lise tente de suivre les événements en cachette dans les couloirs et par les entrebâillements de portes. Quel est le signe que Dieu lui envoie ? Et quelle est sa responsabilité dans les difficultés qu’éprouve sa mère ? Lise traverse cette nuit entre la peur de perdre sa mère, ses devoirs d’aînée envers sa famille et son espoir de pouvoir partir.
À mesure que la journée avance, la caméra de Tea Lindeburg délaisse le registre naturaliste pour se charger de visions déformantes. Impuissante et tenue en position de spectatrice, les perceptions de Lise se brouillent entre son observation de la réalité et les superstitions de chacun. Dans ce cadre puritain et paternaliste, la méprise est totale quant à la science et aux lois de la nature. Elle l’est autant des rêves des jeunes femmes qu’une culture toute entière charge de culpabilité pour mieux les vider de leurs profonds désirs.