Chiche, on achète… Tous ensemble, pour que Rosmerta continue !
L’association Rosmerta est un centre social autogéré pour jeunes réfugiés, qui occupe depuis décembre 2018 un bâtiment du diocèse, au centre d’Avignon. Rosmerta lance une SCI (Société Civile Immobilière) citoyenne pour acheter sa propre maison. Rejoignez l’aventure !L’objectif est de recueillir ...
La LDH, attaquée, appelle au combat pour les libertés et la démocratie
Le ministre de l’intérieur menace de lui supprimer ses subventions, la première ministre lui reproche ses « ambiguïtés », d’autres polémistes de droites extrêmes leur faisant écho.Si on peut reprocher quelque chose à la LDH, c’est la constance de ses positions et de ses combats. Créée en 1...
UTOPIA PALMER LANCEMENT D’UN FINANCEMENT PARTICIPATIF
Pour un cinéma alternatif et vivant, sur les hauteurs du parc Palmer à Cenon, petite ville de 30 000 habitants faisant partie de Bordeaux Métropole.À l’heure où les professionnels cherchent désespérément la recette miracle du « retour du public en salles », entre prestations...
Augmentation en vue…
Voilà, c’est maintenant, on ne peut plus reculer. Tout augmente, Utopia doit s’y résoudre aussi. Plus de cinq ans (octobre 2017, la fois d’avant c’était mai 2013) que nos tarifs sont inchangés. Malgré l’inflation, la crise des subprimes, les sécheresses, les inondations, le mildiou, la dispari...
Riley KEOUGH et Gina GAMMELL - USA 2022 1h54 VOSTF - avec Jojo Bapteise Whiting, Ladainian Crazy Thunder, Jesse Schmockel, Wilma Colhoff, Iona Red Bear... Scénario de Franklin Sioux Bob, Bill Reddy, Riley Keough et Gina Gammell. Caméra d’or du Festival de Cannes 2022. (meilleur premier film, toutes sélections confondues).
Du 10/05/23 au 06/06/23
L’un est à peine sorti de l’adolescence pour commencer maladroitement sa vie d’adulte, il s’appelle Bill, et à 23 ans il est déjà deux fois papa mais vit séparé des deux mamans. L’autre a dans les 12 ans et s’appelle Matho, vit seul chez un père aussi peu présent que possible – et quitte l’enfance un peu trop vite, un peu trop tôt, partagé entre la nécessité (qui fait loi) de survivre en milieu hostile, le désir de grandir et l’appel persistant de restes d’insouciance enfantine, réduite ici à son strict minimum. Ici, c’est-à-dire à Pine Ridge, la réserve indienne des Oglala Lakota, dans le Dakota du Sud. Un territoire désolé, quart-mondisé, économiquement sinistré, socialement abandonné, profondément abîmé par le combo gagnant de la misère (chômage – pauvreté – drogue – délinquance), dans lequel il est bien compliqué de se construire et de bâtir des projets d’avenir. Chiot perdu sans collier, Matho se partage entre l’école, qui le structure encore un peu, et l’errance, le désœuvrement, la débrouille, avec lesquels lui et sa petite bande d’amis ont appris à composer. On s’invente des familles, on deale (mal) la drogue planquée du paternel pour se faire trois sous, on s’alcoolise, on rêve sous les étoiles, bref : on s’arrange avec l’existence en regardant s’éloigner l’enfance.
Bill, lui, cherche désespérément la martingale qui lui permettra de vivre enfin de plein droit le sacro-saint « rêve américain » – il pourrait être livreur, se spécialiser dans le commerce d’essence siphonnée sur les parkings, ou se contenter de monnayer benoitement des trajets en voiture. Mais à son idée, germée alors qu’il rapportait un chien errant à sa propriétaire et confirmée par la consultation des internets, oracles des temps modernes, le secret pour faire fortune sans trop d’effort serait de s’improviser éleveur de caniches de luxe. Quitte pour cela à s’endetter (mais qui lui prêterait de quoi démarrer ?) ou, pire, à travailler pour un propriétaire terrien – blanc – du voisinage.
Fascinant autant que délicat mélange de rudesse sociale et de douceur aux lisières de la poésie, le film de Riley Keough et Gina Gammell, constamment sur le fil, tient la gageure de décrire la réalité crue de la vie moderne des jeunes « native american », déclassés, coupés de leurs traditions, contrariés dans leurs aspirations, sans sombrer dans le misérabilisme ni le sermon condescendant. Le projet même du film, longuement mûri et travaillé, est né de la rencontre de Riley Keough avec Bill Reddy et Franklin Sioux Bob, tous deux natifs de Pine Ridge. Devenus coscénaristes de War Pony, ils apportent tout leur vécu, leurs anecdotes, leurs expériences personnelles et familiales, à l’évocation de la réserve montrée à l’écran. Ils sont également à l’origine des échappées oniriques, des figures totémiques fugacement réprésentées, qui disent bien mieux que de longs discours le déracinement culturel et le désarroi de ces populations. La quête parallèle de Matho et Bill, vulnérables et déterminés, qui tentent chacun par ses moyens de trouver leur place d’hommes, d’Indiens, d’Américains et d’adultes dans une société qui rechigne à les intégrer, est magnifiée par une mise en scène et une photographie de toute beauté, qui font mieux que leur rendre hommage. Et pour compenser un déterminisme qui pourrait les accabler, les réalisatrices ont l’élégance et la générosité de leur apporter quelques rayons de soleil au milieu de la grisaille. Drôle, percutant, tout autant que dur et émouvant, War Pony est un premier film tout à fait emballant, qui nous invite avec vigueur à prendre fait et cause pour ses personnages. Ce dont on ne saurait se défendre.