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LE BLEU DU CAFTAN

Maryam TOUZANI - Maroc 2022 2h04 VOSTF - avec Lubna Azabal, Saleh Bakri, Ayoub Missioui... Un Certain Regard, Festival de Cannes 2022 : Prix de la critique internationale Festival d’Angoulême 2022 : Valois d’Or de la mise en scène et du meilleur acteur.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LE BLEU DU CAFTANVoilà un film d’une subtilité et d’une délicatesse rarement égalées sur un sujet qui aurait pu prêter à tous les clichés, à toutes les outrances, à tous les préjugés faciles… Un sujet qui ne se dévoile d’ailleurs pas dans les premières séquences, qui s’imposera doucement, au fil du récit.
Les premières images nous font découvrir, dans la médina de Salé, modeste ville portuaire contiguë à Rabat, l’échoppe de caftans que tiennent Halim et son épouse Mina. Une activité artisanale qui relève d’un art ancestral en voie de disparition, alors que le prêt-à-porter industriel venu des pays asiatiques, accessible à bas prix sur tous les marchés, est une rude concurrence face à une clientèle qui veut tout, tout de suite et toujours moins cher.

Les personnages existent d’emblée, dotés d’une personnalité immédiatement sensible et attachante : Halim est un homme discret voire taiseux, dont l’attention est concentrée sur la confection de ces précieux vêtements qui nécessitent des heures et des heures de travail ; Mina, plus volubile et affairée, gère la boutique en veillant bien à préserver son homme de l’impatience des clientes : « mon mari est un maalem (un maître artisan), pas une machine ! ».
La vie du couple va être bouleversée par l’arrivée d’un jeune apprenti, Youssef, qui se révèle une aide précieuse à l’atelier. On ressent rapidement l’attirance de Halim pour le jeune homme et on découvre les secrets enfouis : l’homosexualité refoulée de Halim, qui entretient des relations fugaces lors de ses visites au hammam, ainsi que la maladie de Mina qui la ronge peu à peu.
Maryam Touzani – dont on avait déjà beaucoup aimé le premier long métrage, Adam, en 2019 – explore avec une finesse de chaque plan, de chaque ligne de dialogue, les zones incertaines des sentiments. Bien que Halim préfère la sexualité des hammams (très subtilement et érotiquement évoquée par un plan sur des chevilles emmêlées que l’on devine sous la porte d’une cabine) et délaisse charnellement son épouse, il l’aime profondément, il déborde d’attentions pour elle, il satisfait ses envies improbables, comme dans cette très jolie scène où il l’emmène passer une soirée dans un café en principe réservé aux hommes, indifférent aux regards réprobateurs. Étrangement l’amour de Halim pour son apprenti et la maladie qui gagne du terrain chez Mina vont rapprocher le couple, qui va peu à peu s’unir dans la vérité et l’acceptation de l’avenir.
On retrouve, dans la manière dont le très beau film de Maryam Touzani aborde l’homosexualité dans une société de culture musulmane, la même délicatesse, la même intelligence, la même liberté de ton que dans Joyland, le film pakistanais de Saim Sadiq, tout récemment plébiscité dans nos salles.
Mais Le Bleu du caftan séduit aussi par sa mise en scène, qui joue merveilleusement des espaces et des couleurs, couleurs éclatantes des tissus, ocres estompés des espaces étroits de l’intimité. Et le parallèle entre la proximité des corps et le travail des tissus, magnifiques, doux comme une caresse, crée une ambiance d’une belle et sereine sensualité.

Pas question de terminer sans souligner la performance du trio de comédiens, essentiels dans la totale réussite du film : Lubna Azabal (déjà présente dans Adam), Saleh Bakri, grand acteur palestinien, et le débutant Ayoub Missioui sont absolument remarquables.