La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...
LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...
Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...
Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ?
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...
Écrit et réalisé par Rabah AMEUR-ZAÏMECHE - France 2022 1h53 - avec Régis Laroche, Philippe Petit, Marie Loustalot, Salim Ameur-Zaïmeche, Kamel Mezdour... Musique live de Annkrist et Sofiane Saïdi.
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Attendez-vous à être pris, surpris, retournés, malmenés – quoiqu’avec douceur – dans vos paisibles certitudes. Avec un titre pareil, Le Gang des Bois du Temple sonne aux oreilles comme un polar pur jus, poisseux, radicalement noir, relevé sans doute, comme dans les Séries Noires des années 90, d’un zeste de réalisme social assez cru. Ce n’est pas faux : Rabah Ameur-Zaïmeche maîtrise parfaitement la grammaire du genre, avec son braquage, sa galerie de voyous unis pour le meilleur et le pire, l’inexorable vengeance de ceux qui ont été spoliés et, comme dans une tragédie antique, un destin auquel les protagonistes dans leur majorité ne pourront pas échapper… Mais si Rabah Ameur-Zaïmeche connaît les codes, il les détourne, ne les applique pas comme on les attend, impose des ruptures, de rythme et de sens. Et l’invocation de ces « Bois du Temple » évoque aussi la figure de Mandrin, voleur mythique auquel le cinéaste consacra l’un de ses plus beaux films.
L’ouverture du Gang… n’est d’ailleurs pas celle d’un film noir classique.
On y découvre Monsieur Pons, au dernier étage d’un immeuble, qui, tel une vigie, observe l’horizon de la cité autour de lui et plus largement de la grande ville au-delà. Il attend seul dans un appartement vide. On comprend qu’il guette les ambulanciers qui vont emmener le corps de sa défunte mère. Orphelin éploré, ravagé de tristesse, cadenassé à double tour, Monsieur Pons n’en est pas moins un ancien militaire des forces spéciales, démobilisé – comme en jachère. Avec un groupe d’hommes de la cité, unis semble-t-il depuis l’enfance, il se laisse convaincre de participer à ce qu’ils croient être le coup de leur vie : le braquage d’un mini van de luxe qui doit transporter vers l’aéroport un émir et ses mallettes pleines de billets et de diamants. Comme de juste, si le braquage lui-même se déroule sans accroc, la suite va sévèrement déraper.
Plus d’un an après sa présentation à Berlin, déboule enfin sur nos écrans le nouveau film de Rabah Ameur-Zaïmeche, cinéaste trop rare, singulier, inclassable – et qu’on adore : Wesh wesh qu’est-ce qui se passe ?, Dernier maquis, Les Chants de Mandrin, Histoire de Judas… autant de pierres précieuses apportées au fil des ans à l’édification d’une filmographie impressionnante, impeccable, intransigeante. Cette étonnante histoire de gangsters inspirée par deux faits divers réels (le meurtre horrible du journaliste saoudien Kashoogi par les autorités de son pays et un réel braquage perpétré entre l’aéroport de Roissy et Paris) doit se laisser infuser, à l’image du thé subsaharien que l’on boit en trois fois – le goût du thé est tour à tour amer comme la vie, mousseux comme l’amour et suave comme la mort. À l’enchaînement de l’intrigue policière, le réalisateur impose ici encore son rythme atypique, qui brosse en les télescopant le tableau saisissant de deux mondes, si loin, si proches, celui de la cité, celui des dirigeants – leurs valeurs, les rapports de force qui les régissent. Polar certes, et excellent, mais aussi grand film politique.