La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...
LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...
Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ?
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...
La Ménardière : un habitat partagé en construction…
À Bérat, à mi-chemin entre l’Ariège et Toulouse, la Ménardière est un beau domaine aux multiples possibilités. Acquis en 2019 par une douzaine de personnes au bord de la retraite qui refusaient le destin peu folichon, que nos sociétés réservent à leurs vieux : ni solution privée au coût e...
Écrit et réalisé par Michel GONDRY - France 2023 1h42 - avec Pierre Niney, Blanche Gardin, Camille Rutherford, Françoise Lebrun, Frankie Wallach...
(ATTENTION ! Cette page est une archive !)
Ça fait quand même huit bonnes années qu’on n’avait pas vu au cinéma un film de l’inclassable et fantasque Michel Gondry, auteur des inoubliables et poétiques Eternal sunshine of the spotless mind et La Science des rêves. Son dernier, c’était en 2015 le très attachant Microbe et Gasoil, road movie qui embarquait deux préados à travers la France dans une caisse à savon maison. Autant dire que les facéties imprévisibles de ce cinéaste résolument hors des clous ne doivent pas être toujours faciles à suivre pour des producteurs !
Et ce sont probablement de ces difficultés que Gondry s’est inspiré pour construire le personnage de Marc (Pierre Niney), réalisateur aussi talentueux qu’énervant, qui est confronté lors du visionnement de sa nouvelle œuvre à l’incompréhension totale de ses producteurs et financeurs, et même d’un de ses meilleurs amis qui cette fois renonce à le suivre : pour eux rien ne va, jeu des acteurs lamentable, narration incompréhensible… Marc doit totalement revoir sa copie et la production demande à prendre le contrôle du montage final du film. Mais loin de se soumettre, Marc va, avec la complicité de sa monteuse Charlotte (Blanche Gardin) et de son assistante, se lancer dans une fuite rocambolesque : il récupère en loucedé tous les ordinateurs de la station de montage et embarque le tout, direction les Cévennes, chez sa tante Denise (géniale Françoise Lebrun, qui incarne en fait ici la bien réelle tata Suzette que Gondry a immortalisée en 2010 dans son épatant documentaire L’Épine dans le cœur et à laquelle il dédie ce nouveau film). Il a bien l’intention de se remettre à l’ouvrage sans la pression de ces margoulins de Parisiens qui n’y comprennent rien.
Mais dans la petite maison de la forêt cévenole, tout ne se passe pas forcément comme prévu. Le perpétuellement agité Marc – qui reconnaît lui-même être apathique le matin et paranoïaque l’après-midi quand il ne prend pas ses cachets – fait vivre l’enfer à la petite équipe. Il a une idée à la minute (dont aucune n’a une durée de vie de plus d’une heure) mais de préférence la nuit, ce pourquoi il n’hésite pas à réveiller son assistante à deux heures du matin au cas où il l’aurait oubliée le lendemain… Et dans la foulée il lui demande de trouver dans les plus brefs délais un studio d’enregistrement et un orchestre symphonique, dans un coin de campagne où c’est déjà un exploit de dégoter une boulangerie dans un rayon de 10 kilomètres…
On peut le dire, le bipolaire Marc est insupportable, quand il fait ses crises et se fout du ressenti des autres, ou pire quand il s’excuse sans en penser un traître mot, comme un enfant qui ne le fait que pour obtenir encore quelque chose de plus. Et pourtant ce satané Marc est sacrément attachant, autant pour ses proches et ses collaborateurs que pour le spectateur : difficile de ne pas l’aimer quand, pour faire plaisir à sa monteuse préférée – et un peu aussi pour se faire pardonner de tout ce qu’il lui fait subir –, il aménage dans une vieille Estafette un « camiontage », autrement dit une unité de montage qu’on peut contrôler au volant ! On aura compris qu’à travers cette comédie loufoque sur la création, Michel Gondry se livre à un exercice salutaire – et très drôle ! – d’autodérision, lui qui a toujours bricolé ses films à sa manière… et probablement bien emmerdé ses équipes avec ses idées improbables ! Porté par des comédiens impeccables d’énergie et de complicité, notamment un Pierre Niney qui révèle une vraie nature comique, Le Livre des solutions est une ode jubilatoire au « do it yourself », qui déborde d’énergie et d’invention.