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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

COMME SI DE RIEN N’ÉTAIT

Écrit et réalisé par Eva TROBISCH - Allemagne 2018 1h34mn VOSTF - avec Aenne Schwarz, Andreas Döhler, Hans Löw, Lisa Hagmeister...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

COMME SI DE RIEN N’ÉTAITLes festivals de Locarno, Stockholm, Angers, Marrakech, Munich, Thessalonique, Macao… ont tous largement récompensé la jeune réalisatrice Eva Trobisch et son actrice principale Aenne Schwarz. Tant et si bien que citer tous les prix qui leur ont été attribués prendrait trop de place ! Une reconnaissance internationale amplement méritée pour un premier film – et même un film de fin d'études ! – d'une force et d'une maturité franchement impressionnantes.
L’interprétation magistrale d’Aenne Schwarz, on n’est pas près de l’oublier ! Pourtant celle qu'elle incarne, Janne, est une discrète. Discrète ne veut pas dire réservée ni soumise, loin de là ! Janne est avant tout une femme libre, qui sait et fait ce qu'elle veut. Ce que l’on met sur le compte de la discrétion est la calme assurance de celle qui va au bout de ses envies, de ses projets, maîtrise chacun de ses pas. Difficile de résister face à sa détermination farouche et si les sentiments affleurent à la surface, cérébrale, elle n’est pas du style à les laisser dominer.

Quoi de plus normal ce soir-là, pour cette femme libre, de partir seule, sans son amoureux, à cette rencontre d’anciens étudiants. Tous un peu guindés dans un premier temps, étalant leurs vies, leurs succès, le nombre de mômes pondus, évoquant le conjoint ou la conjointe absents, parce qu’il ou elle ne faisait pas partie de leur promotion. Rien de bien intime, que du banal, chacun joue sa partition officielle, conventionnelle. Janne observe un peu en retrait cette fête pas désagréable mais qui semble un passage obligé. Seule surprise de la soirée, le plaisir de redécouvrir Martin. Toujours aussi respectueux, attentif, plein d’humour. Le courant passe entre les deux, pas plus qu’il ne faut, tous deux sont en couple.
Un verre, deux verres, puis trois… Sensiblement on se lâche, on se trémousse sur des airs endiablés, ceux de nos jeunes années. L'alcool débride les corps, désinhibe les pulsions. Entre Martin et Janne, on sent une attirance physique réciproque mais amenée à en rester délicieusement là. Chacun frétille, sourit, lance des œillades émoustillées. À l’air libre les confidences continuent, on rit de tout, pas encore dégrisés, on sait que cela prendra des heures.
Que Martin la raccompagne, Janne n’y voit pas de mal. D’ailleurs, il n’y en a pas.

C’est en un clin d’œil que tout dérive. Il n’y aura aucun cri, aucune violence. Face à Martin, elle ne fait simplement pas le poids. À la supériorité physique écrasante, elle ne peut qu’opposer sa suprématie morale. Sa seule protection sera de rester impavide, comme vidée d’elle même, sa seule arme sera son mépris, son ironie face à cet acte minable, pathétique, qui brise une belle connivence et toute estime de soi. Elle ne consent qu’un lapidaire « Alors c’est cela, ce n’est rien que cela ? », à ce rapport non consenti qui ne prendra que quelques secondes. Le temps pour l’homme de prendre son pauvre plaisir.
La vie reprendra son cours, comme si de rien n’était. Le mot de viol ne sera jamais prononcé, surtout face à l’adorable compagnon compréhensif de Janne, qu’elle ne veut pas plus risquer de briser que leur relation. Une fois de plus notre battante pensera garder le dessus, refusant d’accorder de l’importance à un si court épisode de sa vie, de se considérer comme une victime. Mais le fait de se taire, la sidération résonnent parfois plus fort qu'un cri puissant…