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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

MANTA RAY

Écrit et réalisé par Phuttiphong AROONPHENG - Thaïlande 2018 1h45mn VOSTF - avec Wanlop Rungkumjad, Aphisit Hama, Rasmee Wayrana...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

MANTA RAYManta ray impressionne et captive d'abord par sa splendeur visuelle et par sa richesse sonore. Et c'est grâce et à travers cette beauté renversante que le film évoque, de manière puissante et poétique, sans lourdeur démonstrative, un des cas de persécution ethnique les plus terribles de ce début du xxie siècle. Phuttiphong Arronpheng est thaïlandais et donc voisin de la Birmanie. Depuis toujours, la minorité musulmane des Rohingyas est persécutée en Birmanie, mais cette discrimination a frisé le génocide ces dernières années avec une montée terrible du racisme et des exactions de la part des ultranationalistes bouddhistes envers les Musulmans. Ces persécutions ont entraîné un exode massif, d'abord au Bangladesh puis en Thaïlande, seulement séparée de la Birmanie par un petit cours d'eau. Phuttiphong Aroonpheng a observé cet étrange endroit, qui résonne de la souffrance des familles (le réalisateur a même enregistré les voix et les plaintes des réfugiés dans la jungle) qui ont tenté de s'introduire en Thaïlande ; il a aussi constaté avec effroi la montée de la xénophobie envers les nouveaux arrivants, y compris chez ses amis ; il a entendu cette terrible histoire d'un charnier découvert au sud du pays, à la frontière de la Malaisie, rassemblant probablement des réfugiés rohingyas séquestrés en pleine jungle par des trafiquants puis assassinés sommairement.

À partir de ces faits terribles, Phuttiphong Aroonpheng a construit une fable sublime, souvent elliptique et fantomatique, plutôt qu'un film scrupuleusement réaliste. Les premières images nous montrent ainsi un soldat décoré d'une guirlande clignotante qui patrouille, fusil d'assaut à la main, dans la nuit de la jungle luxuriante. Plus tard, on devine des gémissements, des bruits, on aperçoit un cadavre ligoté, enterré à la va vite. On n'en saura pas plus dans les cinq premières minutes, même si la dédicace au peuple rohingya à la fin du générique nous donne une indication. On voit ensuite les hommes qui patrouillaient la nuit reprendre leurs activités diurnes sur les bateaux de pêche et les marchés aux poissons de cette petite ville portuaire. Puis on retrouve un des pêcheurs, reconnaissable à sa coiffure peroxydée, cherchant de mystérieuses pierres brillantes dans l'humus équatorial : il tombe par hasard sur un homme gravement blessé et semble t-il muet. Sans se poser de questions, il le conduit chez lui, d'autant que sa femme l'a récemment quitté. Et malgré les difficultés de communication, il va patiemment le ramener à la vie : un bel exemple de solidarité désintéressée, de fraternité qui transcende les différences de culture et de langue. La situation va néanmoins se compliquer quand le pêcheur disparaît mystérieusement et que son épouse revient finalement au bercail…

Manta ray – dont le titre évoque les raies géantes qui se réfugient près des côtes lors des épisodes de mousson – subjugue le spectateur par ses séquences fascinantes et mystérieuses qui mélangent les scènes irréelles, aux frontières du fantastique, et les allusions directes à la triste réalité, le tout porté par la bande son envoûtante composée par les Strasbourgeois de Snowdrops. On se laisse porter par cette scène où, dans leur cabane dénudée illuminée par des guirlandes, les deux hommes dansent pour fêter le retour à la vie, ou envahir par l'empathie quand l'homme muet découvre à demi enterré le corps d'un nourrisson qui est peut-être le sien… Manta ray est le premier long métrage d'un quarantenaire qui a réalisé plusieurs courts et travaillé comme directeur de la photographie sur trois longs métrages thaïlandais : c'est ce qu'on appelle une révélation.