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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

HABEMUS PAPAM

Nanni Moretti - Italie 2011 1h45mn VOSTF - avec Michel Piccoli, Nanni Moretti, Jerzy Stuhr, Renato Scarpa, Margherita Buy... Scénario de Nanni Moretti, Francesco Piccolo et Federica Pontremoli.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

HABEMUS PAPAMLes bouffeurs de curés en seront tout désorientés, et les grenouilles de bénitier en resteront perplexes. C'est qu'en plongeant dans les désarrois et les doutes d'un nouveau pape appelé par ses pairs à régner, Moretti interroge le pouvoir là où il est à son maximum incontestable : attribué « à vie » par un Conclave inspiré en direct par Dieu, ce qui lui confère un caractère d'infaillibilité pour les croyants de la planète entière. Partant de ce microcosme, il donne à ses questionnements un caractère universel et aborde, avec une subtilité formidable, notre rapport au pouvoir quel qu'il soit et par conséquent à la société toute entière. Et quoi de mieux, pour ces questionnements profonds et immenses, que de se placer au ras d'un individu prédisposé par son humilité naturelle à ne pas rejeter le doute, tout en étant peu disposé à se laisser manipuler ?

Le monde va mal et il faut être fou, cynique ou inconscient pour vouloir le pouvoir. Le pape est mort. Réunis dans un huis-clos coupé totalement du monde extérieur, les cardinaux sont supposés chercher en eux-mêmes l'inspiration divine qui les guidera vers le choix de son successeur. Certains aimeraient bien prendre la main, placer leur pion, d'autres prient (mon dieu faites que ce ne soit pas moi), tétanisés par l'écrasant de la charge. Le suspense traîne. Il semble impossible de se décider jusqu'à ce que tout le monde s'accorde sur un outsider sidéré. Le cardinal Melville (Piccoli), propulsé chef de la chrétienté, est à quelque mètres du balcon où la foule attend son apparition, et le voilà tout à coup qui pousse un cri de détresse, refuse d'avancer, à la grande stupeur de son entourage : le sentiment de son incapacité, de sa faiblesse, un doute fulgurant le tétanisent et il se réfugie dans son bureau. Malgré la méfiance de l'Église envers la psychanalyse, les prélats désemparés vont chercher dans le plus grand secret un thérapeute (Nanni Moretti) pour aider notre apprenti pape à franchir la barrière invisible qui l'empêche d'épouser le pouvoir. Mais de fait, c'est avec le conclave tout entier que notre malheureux psychanalyste doit en découdre (ce qui nous vaut de savoureux moments), tandis que le pape lui-même s'est échappé du palais pontifical et se promène, incognito, dans les rues de Rome, traînant dans les bistrots, s'offrant une glace à la vanille, regardant vivre les humains, tous dans l'attente de son apparition… La fuite est-elle forcément l'expression de la lâcheté ou, tout au contraire, le signe d'un grand courage : face à une situation extraordinaire, n'est-elle pas le signe d'une saine lucidité et donc une forme de victoire ?

Pour magnifique qu'il soit, avec ses pourpres, ses rites et ses ors, le film n'est jamais pompeux et on n'y trouve pas trace de la moindre arrogance, du moindre mépris. L'Église est vieille, mais les croyants sont bien vivants et le ton de Moretti n'est pas à la moquerie iconoclaste et superficielle. Il garde de bout en bout un ton d'une ironie subtile et élégante, voire poétique : point n'est besoin de se prendre au sérieux pour aborder de grands thèmes, les travailler en profondeur. Le regard est humain, voire bienveillant, ce qui rend impossible de rejeter le film, y compris pour ceux qui, en apparence, devraient être les plus concernés… C'est que le film n'y va pas non plus de main morte. Michel Piccoli est formidable et l'âge lui donne la bonne distance pour questionner le sens de l'existence, en harmonie avec le ton général, mélancolique, lucide et désabusé.

Dimanche 15 Septembre 2019 à 16h