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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

Dimanche 23 FÉVRIER 2020 à 20h45

LUNE NOIRE


Cinéma de genre, Exploitation, OFNI, auteurs borderline... Séance mensuelle du troisième type proposée par l’association Monoquini.
LUNE NOIRE

IN FABRIC

Écrit et réalisé par Peter STRICKLAND - GB 2019 1h53mn VOSTF - avec Marianne Jean-Baptiste, Léo Bill, Hayley Squires, Gwendoline Christie, Steve Oram, Julian Barratt... Nombreux prix (réalisation, scénario, jury et public…) dans des festivals du film fantastique (Strasbourg, Calgary, Austin, Lyon, Les Arcs…).

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

IN FABRICLa boutique de prêt-à-porter Dentley & Soper’s, son petit personnel versé dans les cérémonies occultes, ses commerciaux aux sourires carnassiers. Sa robe rouge, superbe, et aussi maudite qu’une maison bâtie sur un cimetière indien. De corps en corps, le morceau de tissu torture ses différent(e)s propriétaires avec un certain raffinement dans la cruauté.
En trois longs-métrages – Katalina Varga, Berberian sound studio, The Duke of Burgundi –, Peter Strickland a forgé une œuvre hybride, dont le mélange de fantastique et d’abstraction permet de risquer un rapprochement hâtif avec un certain David Lynch. Les motifs découlant du cinéma d’exploitation, de la série B d’antan ou du cinéma Bis, constituent pour Strickland, comme pour un certain nombre de réalisateurs contemporains, un réservoir d’images à décanter pour en extraire une vision toute personnelle, laissant libre cours à l’expérimentation narrative. In fabric, premier film réalisé en Angleterre par ce cinéaste britannique installé en Hongrie, poursuit cette orientation en y insufflant ici une dimension sociale critique.

La figure centrale du film est une drobe rouge vénéneuse et indestructible, qui portera malheur à ceux qui l’acquièrent : Sheila, une employée de banque divorcée, guettant les petites annonces de rencontre à la recherche de l’âme sœur, puis Reg, un réparateur de machines à laver humilié par ses collègues, en passe de se marier avec la fille de l’un d’eux.
Le motif balzacien, d’inspiration surnaturelle, de l’objet maléfique qui circule de main en main est récurrent dans le cinéma d’épouvante, et le vêtement ensorcelé d’In fabric, sorte de variation de La Robe du réalisateur néerlandais Alex van Warmerdam couplée à La Robe de sang de Tobe Hooper qui brodaient sur le même thème, tire le fil cinématographique de la robe rouge comme symbole du désir — et du danger.
Il suffit d’imaginer la vie d’un vêtement de seconde main au travers de ses divers propriétaires, des morts aux vivants, pour lui conférer une aura particulière, ce qui incline Peter Strickland à définir In fabric plutôt comme un film de fantômes.

Le décor flamboyant de la sinistre boutique de prêt-à-(re)porter souligne l’ironie d’un film qui est à la fois une satire du consumérisme et la célébration fétichiste de la marchandise par le rituel de la vente et du shopping, comme un écho pas si lointain aux zombies errant dans le centre commercial de Dawn of the dead de George Romero.
Le récit gravite donc autour d’un grand magasin aux mystérieuses coulisses, dont les vendeuses, mi-Parques mi-sorcières régnant sur le destin des humains, s’adressent aux clientes à coups d’aphorismes emphatiques et de formules ésotériques. Les pathétiques héros du film, pris dans les filets d’une vie décevante et sans qualité, sont ainsi le jouet d’un ordre secret symbolisé par le magasin et les promesses d’un assouvissement de leur désir profond.
En s’amusant à mêler divers registres, passant du comique à l’effroi, In fabric confronte la banalité de certains personnages à la bizarrerie des comportements d’autres, inquiétants par leur étrangeté, silhouettes venant contrarier la trivialité des situations mises en place. Le film est un voyage intérieur, une hallucination qui ne perd pourtant jamais complètement de vue l’existence concrète et le monde social de ses protagonistes, victimes sacrificielles d’une malédiction sans but ni raison.

Fantaisie conceptuelle, plongée cauchemardesque, le film de Peter Strickland vient rappeler à quel point l’imaginaire cinématographique le plus débridé n’a de prix que lorsqu’il ne perd jamais de vue l’expérience humaine.

(Merci à Jean-François Rauger).