Soutenez Utopia Palmer LA GAZETTE
(à télécharger au format PDF)

NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 8€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limitées dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Séance sur fond gris : 5€
Moins de 18 ans : 5€

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

Jeudi 29 SEPTEMBRE 2020 à 20h30

SCREEN TEST #9


Un cycle de projections proposé par l’association Monoquini

QUELQUE PART QUELQU’UN

Écrit et réalisé par Yannick BELLON - France 1972 1h38mn - avec Loleh Bellon, Roland Dubillard, Christine Tsingos, Hugues Quester, Hélène Dieudonné... Copie numérique – Version restaurée.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

QUELQUE PART QUELQU’UNParis en 1972, ville impersonnelle où les destins se croisent, sans toujours se reconnaître. Vincent est courtier le jour, et la nuit il tente désespérément d’écrire un livre que son penchant pour l’alcool l’empêche d’achever. Raphaëlle est architecte et contribue à la rénovation et à la construction de nouveaux immeubles dans la ville, en pleine frénésie immobilière au début de ces années 70. Ces deux êtres essaient de construire quelque chose ensemble sur fond de paysage urbain et social chamboulé, une femme sans relations ni formation débarque dans la grande ville, des jeunes gens se rencontrent et se séparent, un vieux couple est chassé du quartier où il habite depuis toujours, nous croisons des regards anonymes, une rumeur s’élève, les voix habituellement silencieuses se font entendre…

Disparue en juin dernier à l’âge vénérable de 95 ans, la réalisatrice, scénariste, monteuse et productrice Yannick Bellon est l’auteure d’une œuvre aux éclats discrets et divers. Depuis son premier court métrage autoproduit, Goémons (Grand prix du documentaire à la biennale de Venise 1949) jusqu’à Souvenir d'un avenir, co-réalisé avec Chris Marker (2001), portrait de sa mère, Denise Bellon, photographe voyageuse proche des surréalistes et du milieu artistique des années 30, en passant par Jamais plus toujours, avec sa sœur, la comédienne et dramaturge Loleh Bellon et Bulle Ogier (1976) et La Triche, tourné à Bordeaux en 1984 avec Victor Lanoux interprétant un inspecteur de police homosexuel, Yannick Bellon s’est affirmée comme une cinéaste humaniste et audacieuse, toujours attentive aux enjeux de son temps.
Son premier long métrage, Quelque part quelqu'un, dont le titre est emprunté à un poème d’Henri Michaux, est peut-être son plus beau film. Tourné en grande partie en Super 16mm avec les moyens modestes d’une société créée pour l’occasion, les Films de l’Equinoxe, Quelque part quelqu'un est né d’une accumulation de sensations au contact de la ville et du désir de fouiller cet immense cœur. De cette masse en mouvement surgissent ou disparaissent des personnages, qui sont autant de traces, d’empreintes, d’existences qui pour certaines se fondent dans la foule et l’indifférence, pour d’autres expriment l’impatience de vivre. Parfois apparaît furtivement un visage connu : celui de Claude Lévi-Strauss, du cinéaste Joris Ivens, de l’écrivain Claude Roy, du poète Jacques Roubaud… La fiction se fait documentaire, mais jamais voyeuriste, pour saisir cette impression de palpitation, pour surprendre ces visages, ces expressions, ces gestes, qui s’inscrivent dans une composition d’une grande rigueur, en une sorte de concerto urbain tumultueux que ponctuent de brefs solos, des voix et des chuchotements. La ville, ses façades comme une peau, ses artères, ses plis sinueux, y est un personnage à part entière, un puzzle aux pièces éparpillées mais vivantes.

D’une tonalité proche d’un autre grand film de la période – Un homme qui dort de Bernard Queysanne et Georges Perec –, il s’y joue la lente usure de la vie telle qu’elle s’organise dans les grandes métropoles industrielles, la division mortifère des êtres par la solitude.
Quelque part quelqu'un est une œuvre grave, certes, mais ample par son lyrisme et sa musicalité, poignante par son attention portée à l’homme du commun et à sa quête de tendresse, à ces morceaux de nous-mêmes brassés dans le tourbillon de l’existence. La partition inquiète de Georges Delerue donne son rythme à ce poème urbain de la mémoire et du temps, entre méditation et incantation, où s’affirme une vision intimiste d’une grande singularité.