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Stop Bolloré ! L'appel du collectif
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MARDI 13 OCTOBRE 2020 à 20h30

SCREEN TEST #10


Un cycle de projections proposé par l’association Monoquini

LES FUNÉRAILLES DES ROSES

(薔薇の葬列/Bara no sôretsu) Écrit et réalisé par Toshio MATSUMOTO - Japon 1969 1h43mn VOSTF - avec Pita (Peter), Osamu Ogasawara, Yoshio Tsuchiya... Musique : Joji Yuasa - Un film manifeste de la nouvelle vague japonaise inédit en France, en version restaurée 4k d’après le négatif original 35 mm.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LES FUNÉRAILLES DES ROSESSophocle et Jean Genet se rencontrent dans un bar gay de Tokyo. Que se racontent-ils ? L’histoire d’Eddie, jeune travesti aux yeux de velours et reine de la nuit qui arpente le quartier chaud de Shinjuku et attise les convoitises. Il/elle est l’amant-e de Guevara, étudiant activiste et cinéaste expérimental, et le/la favori-te du trafiquant et proxénète Gonda, propriétaire du Bar Genet, où il/elle travaille. Leda, maîtresse de Gonda, drag-queen vieillissante qui affectionne les roses, en est jalouse. Eddie et Gonda vont chercher à se débarrasser d’elle.

Premier long-métrage de Toshio Matsumoto (1932-2017), documentariste reconnu et pionnier influent du cinéma expérimental au Japon, Les Funérailles des roses est une fascinante immersion au sein de la communauté des drag-queens tokyoïtes à la fin des années 1960. Cette réécriture camp et transgenre du mythe d’Œdipe se réfère ouvertement au monde criminel dépeint par Genet dans Notre-Dame-des-Fleurs, partageant avec le roman une galerie baroque de personnages travestis et l’attrait théâtral des couteaux, des fleurs et du sang. Elle emprunte également aux influences premières de Matsumoto, nourri à la fois par l’humanisme révolutionnaire du néoréalisme italien et par la liberté désinhibée du cinéma underground nord-américain dont Andy Warhol était alors l’icône. En actualisant ces sources d’inspiration par le prisme d’une culture pop spécifiquement nippone, le film secoue la narration classique pour inventer une forme radicale de docu-fiction expérimentale et militante.
C’est en offrant les rôles principaux à des acteurs non-professionnels recrutés dans les clubs (hormis Yoshio Tsuchiya, un des sept samouraïs de Kurosawa), en se faisant le témoin du milieu homosexuel japonais de l’époque et des discriminations subies au quotidien que le récit affirme son recours à la source documentaire.
Les roses du titre, c’est le nom donné aux gay boys (homosexuels et travestis confondus) dont la simple présence dans une société corsetée, par leur énergie transgenre et leur passion de la métamorphose, dérègle les pâles évidences et fait le lit de la contre-culture.
Matsumoto, en parlant du « labyrinthe de l’androgynie », définissait le caractère composite du film qui explose en mille inventions visuelles et narratives, par le travail graphique de l’image, l’insertion de phylactères, les effets de solarisation de la pellicule, le passage du positif au négatif, du jour à la nuit comme expression d’une identité double : l’univers des travestis devient le reflet des troubles sociaux et d’une réalité ambigüe. Car Les Funérailles des roses n’est pas qu’un panorama de l’angura (« underground » en japonais) et le tableau d’une Factory extrême-orientale.

Réalisé au cours de l’année 1968 dans un contexte d’agitation politique, de grèves et d’occupation des universités, le film se fait également l’écho de la mobilisation étudiante pour la révision du traité de sécurité nippo-américain et la rétrocession d’Okinawa, contre la construction de l’aéroport international de Narita qui expropriait les paysans, et globalement pour un changement radical de société… La contestation s’exprime jusque dans une « cérémonie situationniste » réalisée dans la rue par les performers du groupe Zero Jingen, en une marche contre la guerre du Vietnam. Témoignage précieux d’un renouveau culturel, porte-voix du courant libertaire et des minorités, Les Funérailles des roses est un chant d’amour désespéré et flamboyant, festif et tragique.