Soutenez Utopia Palmer LA GAZETTE
(à télécharger au format PDF)

NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 8€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limitées dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Séance sur fond gris : 5€
Moins de 18 ans : 5€

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

LITTLE PALESTINE, JOURNAL D’UN SIÈGE

Abdallah AL-KHATIB - documentaire Liban / France / Qatar 2021 1h29mn VOSTF -

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LITTLE PALESTINE, JOURNAL D’UN SIÈGES’il y a une plaie qui gangrène les luttes internationalistes, c’est le campisme. Kesako ? demanderont probablement certains. Le campisme, c’est cette conviction, portée notamment par les marxistes les plus orthodoxes, que pour parvenir à abattre l’oppresseur, il faut conclure des alliances avec tous ses ennemis, y compris parmi les dirigeants les moins recommandables. A ce compte-là, certains ont pu cautionner non seulement Staline mais aussi le pacte germano soviétique, et pour en venir à des périodes plus actuelles, certains trouvent désormais des excuses à Bachar el Assad, boucher de son propre peuple, sous le prétexte qu’il serait le plus efficace ennemi d’Israël.

Little Palestine, qui raconte le siège terrible de Yarmouk, immense camp palestinien des faubourgs de Damas, devenu dans la paranoia de Bachar source de danger, montre la cruauté absolue du régime alaouite et pourrait constituer un remède définitif au campisme. En 2015, le formidable Les Chebabs de Yarmouk, du regretté Alex Salvatori-Sinz (qui était venu présenter son film chez nous), avait renseigné le drame. On y trouvait notamment, parmi les protagonistes, Hassan, arrêté puis torturé à mort. Hassan était un des amis de Abdallah Al-Khatib, le réalisateur de Little Palestine, à qui il confia sa caméra quand il tenta de quitter le camp en état de siège. Abdallah était coordinateur pour l’ONU, il devint entre 2013 et 2015, durant les deux ans de siège, résistant et cinéaste témoin de la mort de son peuple.

Ce que filme Abdallah est à la fois terrible et lumineux. Ce ne sont pas tant les bombes qui, dans un premier temps, tuèrent les réfugiés de Yarmouk mais bien le blocus total qui priva les quelques 100 000 Palestiniens du camp d’eau, de nourriture, d’électricité et de médicaments, rendant la situation encore plus cruelle. Abdallah Al-Khatib témoigne jour après jour de la lente dégradation des conditions de vie de ses compatriotes, contraints à ne penser à rien d’autre qu’à la quête souvent infructueuse de quelque pitance ou d’un jerrycan d’eau. Jusqu’à être réduits à aller ramasser des herbes qu’ils espèrent comestibles en s’avançant jusqu’à la ligne de front, au péril de leur vie. C’est ainsi qu’on assiste à cette scène surnaturelle où le réalisateur converse comme si de rien n’était avec une petite glaneuse alors que les bombes éventrent en arrière plan des immeubles, sans que la gamine en soit plus que ça traumatisée.
Cette lente progression à travers le camp de la faim et du manque de tout est filmée avec une dignité saisissante mais le plus stupéfiant, c’est la capacité de résistance, de recul et même d’humour au second degré que manifestent ces compagnons d’infortune, et notamment ces enfants à qui le réalisateur demande leur projet d’avenir dans une scène tragi-comique. Ou quand il filme sa propre mère qui quitte son rôle domestique pour retrouver un rôle de résistante en venant au secours des plus démunis. Aux limites de la survie, les réfugiés parviennent à préserver leur sens de la solidarité envers ceux qui sont plus faibles qu’eux.

En 2018, le camp, contrôlé depuis trois ans par l’État islamique, fut bombardé et presque totalement rasé, jamais ses occupants n’ont pu le réintégrer, et ils furent contraints à l’exil, comme Abdallah Al-Khatib qui témoigne désormais depuis l’Allemagne, sa terre d’accueil, de ce drame qui s’est déroulé dans l’indifférence internationale au nom de la raison d’Etat.