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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

LA BELLE PERSONNE

Christophe HONORÉ - France 2008 1h35mn - avec Louis Garrel, Léa Seydoux, Grégoire Leprince-Ringuet, Esteban Carjaval Alegria, Simon Truxillo, Agathe Bonitzer, Anaïs Demoustier, Clotilde Hesme, et Chiara Mastroianni, divine apparition... Scénario de Christophe Honoré et Gille Taurand, librement inspiré de La Princesse de Clèves de Madame De.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LA BELLE PERSONNETrès librement inspiré donc du célèbre roman de Madame de La Fayette, mais nul besoin d'avoir lu in extenso La Princesse de Clèves pour apprécier La Belle personne, la belle surprise, le nouveau et très personnel film de Christophe Honoré : magnifiquement habité, élégant, âpre, sombre et lumineux à la fois, comme un matin d'hiver ensoleillé. Car, bien que soient semblables les sentiments explorés – Jean Cocteau disait du roman : « Sade et Freud s'ébauchent dans ces âmes qui se croyaient simples » – le cadre, le contexte et les personnages sont ici très actuels : un grand lycée parisien, des adolescents et leurs profs à peine plus âgés, autant d'éléments qui nous rendent très proches l'intrigue et ses prolongements. On ne sait ce que la postérité gardera de ce film gracieux et émouvant, mais ce que l'on sait c'est qu'il a déjà sa place dans notre mémoire. Voilà qui donnera une belle justification au salutaire courroux (coucou) de Christophe Honoré, qui ne s'est pas lancé dans l'adaptation de ce roman par hasard. Le point de départ : un discours de Nicolas Sarkozy, l'une de ses sorties populistes dont il a le secret. Alors qu'il est encore président de l'UMP et futur candidat à la présidentielle, il se moque du « sadique ou de l'imbécile » qui a mis La Princesse de Clèves au concours d'attaché d'administration, ironisant sur l'intérêt que ce roman, vieux de trois siècles, pourrait bien avoir pour la guichetière de la poste… Adapter ce roman était donc pour le réalisateur l'occasion de souffleter cette satisfaction de l'inculture, d'apporter un démenti cinglant à cette négation imbécile de l'importance et de l'utilité des œuvres artistiques, même les plus anciennes.

S'inspirant d'un vieux roman, Christophe Honoré poursuit ainsi son portrait des jeunes gens, et de Paris. Attentif à leur beauté, il les filme avec une rare intensité, il tente – et réussit – de saisir leur mystère, leurs désirs, leur gravité, leur intelligence, leur parcours vers la lucidité, leur quête d'amitié sincère, d'amour absolu, et, comme Madame de La Fayette, il veut savoir à quel degré d'égarement la passion peut les conduire. Dès le début du film, on plonge dans l'univers du lycée, on ne sait pas qui est qui, qui sort avec qui, les personnages principaux et les figurants (des vrais lycéens) ont droit aux mêmes gros plans… Ils s'agitent ensemble dans la cour de récré, se retrouvent seuls une fois en classe.
Nemours (Louis Garrel, exceptionnel de grâce et de séduction en même temps que de sincérité, de fragilité), on ne peut pas ne pas le voir, il est prof d'italien, il est beau comme un dieu grec – elles sont toutes belles, ils sont tous beaux d'ailleurs, on n'est pas vraiment dans du cinéma réaliste. Une de ses principales activités : céder, discrètement, aux avances de ses collègues féminines et, secrètement, à quelques-unes de ses élèves. Quand Junie,16 ans, arrive au lycée, les cours ont déjà commencé. Elle vient de perdre sa mère, ne connaît personne et Mathias, son cousin, qui est dans la même classe, va la prendre sous son aile, lui présenter ses amis. Junie est si joliment triste que tous lui tournent autour. Sans trop savoir pourquoi, elle va choisir comme amoureux le plus calme d'entre eux, le plus effacé, Otto (Grégoire Leprince-Ringuet, scène inattendue, très belle avec lui et Alex Beaupain qu'il fredonne). Nemours l'a remarquée, elle l'a remarqué aussi, leurs regards se sont croisés. Et puis les choses vont s'accélérer : Junie et Nemours ont un tête-à-tête, furtif mais vertigineux. Assise à côté de lui dans la classe, elle pleure en écoutant la Lucia de Lamermoor de Donizetti (on aime le cinéma rien que pour ces moments-là). Clef de voûte du film, cette scène, soudain, la désigne comme l'héroïne : c'est elle, La Princesse de Clèves.

Samedi 28 JANVIER 2023 à 11h30