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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
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Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

L'ÂME SOEUR

(HOHENFEUER) Écrit et réalisé par Fredi M. MURER - Suisse allemanique 1985 1h58mn VOSTF - avec Thomas Nock, Johanna Lier, Dorothea Moritz, Rolf Illig...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

L'ÂME SOEURRéalisé en 1985 par le cinéaste suisse – mais avant tout montagnard – Fredi M. Murer, L’Âme sœur n’a jamais trouvé son public en France – sorti pourtant deux fois, au printemps 1986 et au début de l’été 2000 –, malgré un Léopard d’Or au Festival de Locarno 1985, malgré un accueil critique enthousiaste (une seule citation, des Cahiers du cinéma : « Il est des films dont l’incandescence nous tourmente bien au-delà de la première vision. L’Âme sœur est de ceux-là. »). Cet insuccès, cette indifférence sont rageants, parce que c’est un film magnifique et bouleversant, qui nous captive, nous transporte, nous éblouit.

La montagne, foutrement plus belle que dans une chanson de Jean Ferrat. Les Alpes suisses, pluvieuses, venteuses, brumeuses, mystérieuses. Une ferme, primitive, toute de recoins et de trappes, accrochée à flanc de vallée. Quatre personnes y vivent, une famille. Le père, la mère et deux enfants : Belli, une fille d’une vingtaine d’années, et son frère sourd et muet que tout le monde appelle le Bouèbe. Il a quinze ou seize ans.
L’ordre des choses semble immuable, accepté par tous depuis la nuit des temps. Mais le Bouèbe a des accès de révolte, violents, furieux, exacerbés par son handicap. Mais Belli, le plus souvent plongée dans ses livres, rêve d’un ailleurs, inaccessible.
Sur le versant d’en face, dans une ferme semblable, vivent les grands-parents, les plus proches voisins. On s’observe à la jumelle, on communique par signes : un drapeau ou, quand la mort a frappé, un drap noir tendu sur une corde à linge. On se rend visite en empruntant un téléphérique rudimentaire. Plus bas, dans la plaine, d’autres gens sans doute, mais on ne les verra jamais. La vie « moderne », nous n’en saurons rien, sinon à travers quelques symptômes : appareils ménagers, clôture électrique…

Voilà planté le décor sauvage et insolite de ce film superbe, qui commence dans le réalisme le plus scrupuleux, quasiment ethnographique, pour se terminer dans la tragédie, le mythe, aux confins du fantastique. Fort de son expérience de cinéaste documentaire, Fredi Murer nous fait d’abord partager la vie de ses personnages dans ce qu’elle a de plus quotidien : le lever à l’aube frissonnante, les gestes du travail, les relations avec les animaux, les repas, les leçons d’écriture de Belli à son frère – elle aurait voulu être institutrice –, le temps qui passe, immobile, inéluctable. La complicité qui unit le frère et la sœur devient amour, un amour qui a la force de l’évidence. De là naîtra la tragédie qui embrase la fin du film.
Autant vous prévenir avant de terminer : on n’entre pas dans L’Âme sœur comme dans un moulin. Fredi Murer filme à son rythme, il préserve des zones d’ombre qui ne s’éclairent qu’au fil du récit, taiseux. Le film n’est absolument pas « intello », ni abstrait, encore moins abstrus, mais il faut faire preuve d’un minimum de curiosité et de patience. Et soyez-en sûrs, elles seront récompensées : l’émerveillement et l’émotion sont là, intenses et exaltants.